Eric Bertinat – Nous publions ci-dessous le communiqué de nos amis de Renaissance catholique (24 novembre 2020). Il nous concerne par son thème (le lobbying LGBT), par la question de la cérémonie religieuse du mariage au sein de l’Eglise catholique et surtout par sa conclusion ou plus exactement par son jugement. L’Eglise catholique va-t-elle pouvoir continuer à proclamer sa doctrine? C’est la question qui a provoqué la mise en examen, le 24 février dernier, de Jean-Pierre Maugendre, directeur de Renaissance Catholique, pour «provocation à la discrimination à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle». Cette mise en examen fait suite à une plainte, avec constitution de partie civile, déposée par l’association Stop Homophobie le 30 juillet 2020.C’est également cette même question – qui conduit l’Eglise catholique a refuser le mariage sacramentel aux couples homosexuels – que s’est posée Astrid Kaptijn. Pour cette professeure de droit canonique à l’Université de Fribourg, il est clair que les églises qui ont un statut de droit privé auraient plus facilement la possibilité de faire respecter leur doctrine que celles qui ont un statut de droit public. Par exemple l’Eglise catholique romaine est régie par le droit privé à Genève mais par le droit public à Fribourg.«Les communautés religieuses organisées selon le droit privé ne peuvent en principe pas être obligées de marier ou de bénir des couples homosexuels», écrivent les juristes Felix Hafner, Martin Reimann et Nadine Zurkinder. Ils rejoignent le point de vue de Mme Kaptijn: «La situation est plus complexe en ce qui concerne les Églises et les communautés religieuses reconnues par le droit public.» Et de conclure (un peu vite) qu’il «n’est pas possible d’exclure totalement les conséquences pénales d’un refus» suite à l’acceptation de la modification de l’article 261bis du Code pénal par le peuple en février 2020. L’état de ce débat en Suisse et la récente décision du Tribunal correctionnel de Paris nous rassurent. Pour un temps.
Renaissance catholique relaxéPar jugement du 23 novembre 2021, la XVIIème chambre du Tribunal correctionnel de Paris a relaxé Jean-Pierre Maugendre, poursuivi par trois associations LGBT, au motif de « provocation à la discrimination à l’égard d’un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle ».Il était reproché à Renaissance catholique d’avoir publié sur son site, le 13 juin 2019, un article intitulé : L’Église du Dieu vivant : la colonne et l’appui de la vérité (1 Tim 3 ,15). Les propos incriminés étaient les suivants : « Les autorités civiles ne doivent pas établir d´unions civiles ou légales entre deux personnes du même sexe, qui clairement imitent l´union du mariage, même si de telles unions ne reçoivent pas le nom de mariage, puisque de telles unions encourageraient le péché grave pour les personnes concernées et seraient cause d´un grave scandale pour d’autres ».Ce texte était signé des cardinaux Burke, patron de l’Ordre de Malte, Pujats, archevêque émérite de Riga, et des évêques Peta, archevêque de Sainte-Marie en Astana, Lenga, archevêque émérite de Karaganda et Schneider évêque auxiliaire de Sainte-Marie en Astana.Le tribunal a retenu qu’il s’agissait d’un texte doctrinal et non «d’une exhortation claire faite aux fidèles catholiques susceptibles de constituer des autorités civiles de ne pas célébrer de mariages entre personnes homosexuelles». Il observe également que : «Il ressort de cette note que la déclaration publique se veut une réponse à la «faim spirituelle aiguë chez les fidèles catholiques du monde entier ( …) d ‘une réaffirmation de vérités obscurcies, sapées et niées par les erreurs les plus dangereuses de notre temps» et qu’elle a été pensée comme une« aide spirituelle concrète». Le champ lexical utilisé dans la note explicative, et qui irrigue également le texte litigieux, évoquant le «devoir moral» du fidèle «de témoigner de ces vérités», «aux yeux du divin juge et en sa propre conscience» renvoie à l’idée de conviction religieuse et n’induit pas, pour le lecteur, autre chose qu’un examen de conscience personnel. Ainsi le passage litigieux, écrit par des cardinaux, évêques et archevêques dont l’une des missions est de diffuser l’enseignement de l’Église, citant explicitement le texte doctrinal de référence sur la question des unions civiles homosexuelles, constitue, non une exhortation adressée à des fidèles à ne pas célébrer de mariages entre personnes de même sexe, mais un propos général et doctrinal, leur permettant de situer leur action au regard des principes de l’Église. Ce propos de 2019, rappelant les principes établis en 2003, vient, dans ce qui est explicitement présenté comme un guide pour les fidèles, rappeler la position de l’Église sur les unions entre personnes de même sexe et les considérations religieuses qui la motivent. La simple affirmation de ce que les autorités civiles ne devraient pas créer, voire souscrire à la présence, dans leur ordre juridique, d’unions civiles entre personnes de même sexe est, en l’absence de toute exhortation à commettre des actes positifs de discrimination, protégée par la liberté d’expression et d’opinion.» Nous avions analysé que ce procès serait celui de la liberté de l’Église à proclamer son enseignement moral bimillénaire dans une société sécularisée. Nous rendons, donc grâce à Dieu pour ce jugement. Nous remercions spécialement les évêques, les prêtres, les religieux, les religieuses, les laïcs qui ont prié pour l’heureuse issue de cette procédure judiciaire. Notre reconnaissance toute particulière, s’adresse aux trois évêques qui ont adressé leur témoignage écrit au tribunal : Mgr Léonard, archevêque émérite de Malines-Bruxelles, Mgr Rey, évêque de Fréjus-Toulon, Mgr Schneider, évêque auxiliaire de Sainte-Marie en Astana (Kazakhstan). Merci enfin à notre avocat, maître Jérôme Triomphe, courageux défenseur de la vie humaine innocente et de la liberté de l’Église.

___________________________________________________________________________________
Newsletter N° 62 – 25 novembre 2021 | Source : Perspective catholique