Eric Bertinat – Ainsi que nous vous en parlions dans notre numéro 233 (21 août dernier), la Suisse expérimente la capsule Sarco, sans se préoccuper de la législation. Or, depuis l’annonce de son arrivée, une Américaine de 64 ans s’est suicidée dans cette fameuse capsule dans une forêt schaffhousoise. Le parquet de ce canton a aussitôt ouvert une procédure pénale contre plusieurs personnes pour incitation et aide au suicide et plusieurs personnes ont été placées en garde à vue a indiqué la police du canton dans un communiqué.
Coïncidence de l’agenda, le même jour, la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider répondait à une question de la conseillère nationale de l’Union démocratique du centre (UDC) Nina Fehr Düsel sur la capsule. Sa conclusion: «Sarco n’est pas conforme à la loi». Et le Blick de constater : « La Suisse semble devenir une destination de choix pour ceux qui veulent mourir».
La même semaine, coïncidence de l’agenda, La Porte Latine publie un excellent article de l’abbé François Castel intitulé «Peut-il exister un droit au suicide ?» que nous ne pouvons que vous recommander la lecture. Dans ce texte, outre la question religieuse du suicide, figure l’exemple de la Hollande, premier pays européen à avoir dépénalisé l’euthanasie et le suicide assisté par une loi du 12 avril de 2001. En 2017, une note rédigée par Alliance Vita constate que le nombre d’euthanasies pratiquées a plus que triplé, en raison d’une interprétation toujours plus large des conditions requises et d’une banalisation de cette pratique. Dans une tribune publié dans Le Monde (1er décembre 2022) Theo Boer, ancien contrôleur des cas d’euthanasie met en garde :
J’ai soutenu, écrit-il, la loi et travaillé, de 2005 à 2014, pour les autorités chargées de contrôler les cas d’euthanasie. J’étais convaincu que les Néerlandais avaient trouvé le bon équilibre entre la compassion, le respect de la vie humaine et la garantie des libertés individuelles. Cependant, au fil des années, certaines évolutions m’ont inquiété de plus en plus.
Après une période initiale de stabilisation, nous avons assisté à une augmentation spectaculaire du nombre d’euthanasies qui sont passées de 2000, en 2002, à 7800, en 2021, avec une augmentation continue en 2022. Dans certains endroits des Pays-Bas, jusqu’à 15% des décès résultent d’une mort administrée. Le directeur sortant du Centre d’expertise sur l’euthanasie – qui fournit une aide à mourir à plus de 1000 patients par an – s’attend à ce que le nombre d’euthanasies double, à brève échéance.
Nous avons également assisté à des évolutions dans la manière d’interpréter les critères juridiques. Au cours des premières années de l’euthanasie aux Pays-Bas, celle-là concernait presque exclusivement les adultes mentalement aptes et en phase terminale. Après quelques décennies, la pratique s’est étendue aux personnes souffrant de maladies chroniques, aux personnes handicapées, à celles souffrant de problèmes psychiatriques, aux adultes non autonomes ayant formulé des directives anticipées ainsi qu’aux jeunes enfants (sic !). Actuellement, nous discutons d’une extension aux personnes âgées sans pathologie.
Ainsi que conclut l’abbé Castel «Nous voilà prévenus. On ne pourra pas dire que l’on ne savait pas !». —

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Newsletter N° 238 – 30 septembre 2024 | Source : Perspective catholique