Eric Bertinat – Dans Le Sermon d’Hippocrate, Caroline Eliacheff et Céline Masson alertent sur une médecine influencée par les idéologies identitaires. Selon elles, des enfants et adolescents en souffrance sont soumis à des traitements hormonaux et chirurgicaux aux conséquences lourdes : stérilité, perte de libido, effets secondaires graves. Ces pratiques seraient justifiées par une autodétermination précoce, encouragée par les réseaux sociaux, l’école et les politiques de santé.
Les auteures dénoncent une médecine qui, plutôt que de soulager une souffrance psychique, médicalise à outrance en ayant recours à des traitements expérimentaux. Elles évoquent le parallèle avec la lobotomie ou la stérilisation des hystériques autrefois : des pratiques validées par des professionnels convaincus d’agir pour le bien, mais devenues objets de scandale a posteriori.
Leurs critiques leur ont valu insultes et marginalisation. Pourtant, elles insistent : la majorité des jeunes diagnostiqués comme trans ne répondent pas aux critères cliniques de la dysphorie de genre. Elles plaident pour une attente prudente, une prise en charge psychothérapeutique et une reconnaissance de l’angoisse liée à la puberté (ASP), souvent liée à d’autres troubles (anxiété, TDAH, TSA).
Le professeur Didier Sicard, en postface, s’inquiète aussi de la transformation de la médecine en industrie du corps : la modification de l’humain est plus rentable que le soin. Il rappelle que les bloqueurs et hormones peuvent entraîner cancer, déminéralisation, stérilité, anorgasmie. Pour lui, ces enfants sont devenus « du matériel de laboratoire ».
Dans de nombreux pays (Suède, Royaume-Uni, États-Unis), les traitements pour mineurs ont été restreints. Mais en France et en Argentine, ils restent encouragés par les directives de la WPATH, malgré l’absence de preuves solides quant à leur efficacité sur le long terme. Le rapport Cass, au Royaume-Uni, conclut à leur caractère expérimental. En Argentine, un décret interdit ces traitements pour les moins de 18 ans, mais la Société de pédiatrie défend leur maintien au nom des droits de l’enfant.
Eliacheff et Masson dénoncent un militantisme qui impose sa vision, criminalise la prudence médicale, et impose une doctrine affirmative, excluant toute approche psychologique alternative. Elles appellent à restaurer le principe fondamental : d’abord, ne pas nuire. —

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Newsletter N° 257 – 14 mai 2025 | Source : Perspective catholique