L’unité de la foi autour du Credo

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Nicolas Moulin – La sainte Trinité est le mystère d’un seul Dieu en trois personnes. «Toute la distinction que l’on peut concevoir entre Elles vient de leurs propriétés respectives» nous enseigne le Catéchisme du Concile de Trente. Ces propriétés sont les suivantes : le Père n’est point engendré, le Fils est engendré du Père et le Saint Esprit procède de l’un et de l’autre. Le Catéchisme continue en insistant qu’il n’est «pas permis de penser qu’il y ait entre ces Personnes la moindre différence, la moindre inégalité». L’unité est donc dans la substance et la distinction dans les Personnes. Le dogme est clair mais si difficile à comprendre pour nos pauvres intelligences humaines qu’il a été la source de bien des dissensions au cours de l’histoire de l’Église.
Avec l’édit de Milan, promulgué en 313, la paix pour les chrétiens était promise. Le catholicisme allait rayonner sur l’empire, lui apportant ordre et morale. Mais le démon, n’ayant pas dit son dernier mot, sèmerait le trouble dans cette Église autorisée en faisant se multiplier les hérésies car «diviser pour mieux régner» est son mot d’ordre. Dans une définition libre, une hérésie peut être qualifiée de compréhension univoque des mystères divins ou une explication humanisée donc réductrice de ces mêmes mystères.
Nous sommes à Alexandrie en 318. Le prêtre Arius, en réaction à un sermon de son évêque, explique que si le Père engendre le Fils, le Fils n’est pas coéternel au Père car avant qu’Il fût engendré, le Fils n’était pas. Le Fils a été créé par le Père et n’est, de facto, pas de même substance. Le conflit s’enflamme et les conciles régionaux tentent en vain de régler le différend. C’est finalement sous l’impulsion de l’empereur Constantin Ier que sera convoqué un concile œcuménique, c’est-à-dire universel, en 325.
De nombreux sujets sont traités, mais le Credo de Nicée sera la pièce maîtresse de ce concile. Il s’agit de réaffirmer la foi en la sainte Trinité et de condamner les ariens. Jusqu’ici, le symbole des apôtres est le Credo qui prédomine à Rome ; prière d’ailleurs toujours récitée en prélude du chapelet. Nous y récitons : «je crois […] en Jésus-Christ son Fils unique, notre Seigneur» avant d’affirmer notre foi en son incarnation. A ces mots, le Credo Nicéen ajoutera «né du Père, c’est-à-dire de la substance du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu ; engendré, et non fait, consubstantiel au Père, par qui tout a été fait, ce qui est au ciel et sur la terre». Le texte est autrement plus explicite au sujet de la coéternité, de la non-création du Verbe et de la consubstantialité. Cette affirmation de foi se limite à la sainte Trinité puisqu’après le «je crois au Saint-Esprit», la conclusion est un anathème adressé aux croyants qui admettent la création du Fils, qu’Il soit de substance différente de celle du Père et qu’Il soit sujet au changement.
Le texte fait débat et suscite une réelle division dans l’Église entre les «nicéens» et les «ariens». Arius est exilé puis réhabilité, de nombreux conciles régionaux tentent en vain de résoudre ce que Nicée n’a, semble-t-il, toujours pas résolu. De plus, une nouvelle hérésie rejetant la divinité du Saint-Esprit se développe ; il s’agit de ce que l’Église a appelé le macédonisme. Le premier concile de Constantinople est convoqué en 381. Entre autres, le macédonisme y est condamné et une nouvelle profession de foi est composée sur la base de celle de Nicée. L’affirmation de la consubstantialité du Christ est maintenue mais on ajoute que le Christ s’est incarné «par le Saint Esprit, de la Vierge Marie». De plus, la foi en la divinité du Saint Esprit devient explicite : «Nous croyons au Saint-Esprit, Seigneur et vivifiant, qui procède du Père, doit être adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les saints prophètes». L’anathème du concile de Nicée est retiré et remplacé par une profession de foi en l’Église, le baptême et la résurrection des morts. C’est, à peu de chose près, le Credo que l’on récite à la messe dominicale et il se nomme le «Credo de Nicée-Constantinople».
Le pape Léon XIV s’est récemment rendu en Turquie pour célébrer les 1’700 ans de ce concile de Nicée. C’est au côté du patriarche de Constantinople Bartholomée Ier que les festivités autour du thème de l’unité ont eu lieu. Le pape explique que la base de l’amitié entre les dirigeants catholiques et orthodoxes ne sont autres qu’une «foi partagée et une vision commune des défis auxquels sont confrontés l’Église et le monde». Les paroles du pape laissent entendre qu’il partage la même foi avec les orthodoxes hérétiques fragilisant ainsi le dépôt dogmatique dont il est le gardien. Si le concile de Nicée a fortement contribué à l’unité des chrétiens, c’est précisément parce que le dogme de la Trinité y a resplendi dans toute sa pureté doctrinale et que les hérésies ont été condamnées. Le sel ne peut pas s’affadir car sinon, avec quoi salera-t-on ?

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