Ancien rite : quand la vérité de l’Église contredit la décision du pape

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Eric Bertinat – En 2020, le pape François avait lancé une consultation mondiale auprès des évêques sur la célébration de la messe selon l’ancien rite, instituée par le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI en 2007. Ce dernier visait à reconnaître l’égale dignité des deux formes du rite romain et à favoriser la paix liturgique. Deux ans plus tard, François publiait Traditionis custodes, restreignant fortement l’usage du rite tridentin, affirmant que les retours des évêques allaient dans ce sens. Mais ces résultats n’avaient jamais été rendus publics.
Début juillet 2025, deux vaticanistes, Diane Montagna et Saverio Gaeta, ont révélé le contenu du rapport de cette consultation, tenu secret jusqu’ici. Rédigé par la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le document de 224 pages contredit les affirmations du pape. Il montre que, dans les diocèses concernés, les évêques ont exprimé une appréciation majoritairement positive du Summorum Pontificum : apaisement des tensions, croissance des vocations, participation fervente, attirance des jeunes et des convertis. Plusieurs évoquent même une influence bénéfique sur la liturgie ordinaire.
Le rapport souligne que l’ancien rite a permis à de nombreux fidèles de sortir de la marginalisation, de retrouver un lien serein avec l’Église. Les évêques expriment cependant leur volonté d’un encadrement prudent, tout en mettant en garde contre toute suppression brutale, source potentielle de divisions, voire de schismes.
Beaucoup craignent en effet qu’un rejet frontal du rite ancien pousse certains fidèles vers la Fraternité Saint-Pie X (FSSPX)rendant vains les efforts de réconciliation engagés depuis Jean-Paul II. Or, Summorum Pontificum n’était aucunement destiné à la FSSPX, mais offrait un discutable droit de cité de la messe traditionnelle.
Ainsi donc, avant de réaffirmer que le missel réformé constitue désormais «l’unique expression de la lex orandi du rite romain», reléguant l’ancien rite à une existence exceptionnelle et marginale, François comptait sur un soutien clair à ce changement d’orientation de la part des évêques à travers une consultation mondiale. Et selon ses propres mots, rapportés dans la lettre aux évêques accompagnant le motu proprio, ce soutien lui aurait bien été confirmé. Ce qui n’est pas le cas, la parution de la consultation le confirmant. Un dossier, maintenant, sur la table de Léon XIV. Il lui sera difficile de l’ignorer et de s’aligner sans autre sur son successeur. La messe traditionnelle est plus que jamais d’actualité —

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Newsletter N° 262 – 16 juillet 2025 | Source : Perspective catholique

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