Eric Bertinat, président de Perspective Catholique et conseiller municipal UDC, a publié dans La Tribune de Genève l’article suivant sur l’interdiction de la discrimination en raison de l’orientation sexuelle.
Depuis longtemps, il y a un mélange d’indifférence et de soumission de la population face aux multiples revendications des milieux homosexuels. Il existe, dans de nombreux pays, un lobby LGBT très agressif qui lance régulièrement ses excommunications contre tous ceux qui ne plient pas devant leurs exigences. C’est un sujet qui subit depuis des années un environnement médiatique surveillé où des milices idéologiques traquent non-seulement les «dérapages» mais aussi les arrières pensées. La liberté d’opinion est l’enjeu principal de la votation sur l’interdiction de la discrimination en raison de l’orientation sexuelle.
Jusqu’à présent, le droit pénal ne favorisait pas plus ce milieu que d’autres, leur offrant suffisamment d’articles, y compris l’article 261bis, pour se défendre : diffamation (art. 173) ; calomnie (art.174) ; injure (art. 177). D’autres infractions contre la liberté : menaces (art. 180) ; contrainte (art. 181). D’autres infractions contre l’intégrité corporelles telles les voies de fait, lésions corporelles (art. 122-126). Il faut donc encourager les homosexuels victimes de violence à recourir à la législation existante plutôt qu’ajouter ce concept (l’orientation sexuelle) dans la loi pénale au risque de criminaliser dans certaines circonstances le simple refus de prestations pour des raisons morales et limiter ainsi encore plus le champ du dicible. Les conséquences d’une norme pénale révisée ajouteront plus de confusion et d’insécurité juridique, deux poisons pour une démocratie fondée sur la diversité d’opinion. La discrimination (faculté de choisir et de dire ce que je veux) est une connaissance de l’égalité des droits. Refuser la discrimination – ce qu’exige le lobby LGBT – c’est refuser l’égalité des droits.
L’article 261 est déjà lui-même problématique. Le terme «incitation» est trop vague. Doit-on mettre sur le même pied la race, l’ethnie, la religion et l’orientation sexuelle ? Depuis la promulgation de la loi, il y a environ 25 ans, la haine raciale et l’antisémitisme se sont développés. Cette loi n’a donc pas été efficace. Dans ces conditions, que penser de l’efficacité de l’ajout de l’orientation sexuelle dans le droit pénal pour lutter sérieusement contre l’homophobie ?
Le Conseil fédéral, dans un premier temps, a adopté une attitude hésitante face à ce durcissement de loi. Il a estimé que ce durcissement n’était pas urgent (voir son rapport sur l’initiative parlementaire Reynard) et a souligné que le droit pénal ne devrait être utilisé qu’en dernier recours (ultima ratio) contre des préjudices sociétaux. Ces hésitations, pourtant fondées et prudentes, ont été balayée sous la pression des milieux LGBT, puissamment relayée par la plupart des partis politiques.
Quiconque se voit obligé, par insécurité ou sentiment d’impuissance, de se retirer des débats démocratiques et de s’isoler court bien davantage le risque de se radicaliser que si la liberté d’opinion, telle que nous la pratiquons aujourd’hui, n’est pas étouffée par la bien-pensance. Voilà pourquoi il faut voter non à cet objet soumis à votation le 9 février prochain.
Newsletter N° 3 – 1er février 2020 ¦ Source : La Tribune de Genève