Eric Bertinat – Dans sa réponse officielle à une interpellation du conseiller national Nicolas Kolly (N° 25.3652 du 18 juin 2025), le Conseil fédéral rappelle que Santé sexuelle Suisse bénéficie depuis de nombreuses années de subventions fédérales. Celles-ci sont octroyées sur la base de la loi sur les épidémies, afin de soutenir la lutte contre le VIH et les infections sexuellement transmissibles. Entre 2016 et 2025, l’association a ainsi touché plus de 7,2 millions de francs d’argent public. Le gouvernement précise que ces fonds sont strictement destinés à des mesures de prévention, sous contrôle de l’Office fédéral de la santé publique, et non à des activités de nature politique.
Sur le fond, le Conseil fédéral insiste sur le fait que l’éducation sexuelle relève de la compétence des cantons, et que les supports pédagogiques utilisés en classe dépendent donc des autorités cantonales et des établissements scolaires. Santé sexuelle Suisse ne fournirait qu’une «base» de travail, censée être validée par des «spécialistes confirmés».
Enfin, le Conseil fédéral tente de minimiser la polémique en soulignant que le matériel relayé dans les médias début 2025 ne constituait que des «extraits» d’une documentation plus large, et que « la responsabilité de l’association ne saurait être engagée » pour tous les contenus présentés en classe.
Une réponse qui élude les vrais problèmes
Cette prise de position soulève de nombreuses interrogations. En premier lieu, le Conseil fédéral admet noir sur blanc que l’association touche d’importantes subventions publiques, mais il refuse d’assumer la moindre responsabilité quant à la manière dont cette organisation influence l’éducation sexuelle dans les écoles. Or, comment peut-on financer massivement un acteur et, dans le même temps, prétendre que ses supports utilisés devant des adolescents n’engagent en rien l’État ?
Les documents incriminés posent des problèmes concrets :
Ils contiennent des informations juridiquement fausses, comme l’affirmation selon laquelle un mineur de moins de 16 ans aurait « le droit de se marier »;
Ils véhiculent des messages idéologiques et militants, par exemple en incitant les élèves à nier la réalité biologique du sexe au profit d’une identité «choisie», illustrée par une licorne violette;
Ils exposent des cas orientés et contestables, tel celui d’une personne trans prétendument discriminée par l’armée, présenté sans nuance ni vérification.
Ces éléments ne relèvent pas d’une démarche scientifique ou médicale. Ils traduisent au contraire une volonté de former les jeunes esprits à une vision idéologique de la sexualité, bien éloignée des missions de prévention sanitaire qui justifient officiellement les subventions.
La confusion entre prévention et propagande
Le Conseil fédéral affirme que les fonds publics sont destinés uniquement au travail de fond lié au programme national contre le VIH et les IST, et que «le travail politique est explicitement exclu». Mais dans les faits, la frontière entre information sanitaire et endoctrinement idéologique est devenue poreuse. Lorsqu’un document officiel présenté en cours affirme qu’un enfant peut «remettre en cause toute distinction biologique entre hommes et femmes», on ne parle plus de prévention médicale, mais bien d’une vision politique de la sexualité et de l’identité.
L’État finance donc, volontairement ou non, une propagande idéologique déguisée en éducation sexuelle. Et en se retranchant derrière la souveraineté cantonale, le Conseil fédéral se défausse de ses responsabilités.
Une confiance brisée entre parents, école et institutions
L’un des objectifs affichés du gouvernement est de «renforcer la confiance des parents» dans l’éducation sexuelle scolaire. Or, c’est précisément l’inverse qui se produit : des parents se retrouvent choqués, mis devant le fait accompli, et contraints de découvrir que leurs enfants ont été exposés à des messages biaisés ou inadaptés à leur âge.
Cette rupture de confiance est grave, car elle fragilise non seulement le lien entre familles et école, mais aussi l’efficacité des campagnes de prévention, qui reposent sur l’adhésion et la crédibilité des institutions publiques.
Une préoccupation récurrente au Parlement
L’affaire de Romont et l’interpellation de Nicolas Kolly s’inscrivent dans une série d’alertes parlementaires déjà formulées ces dernières années. Les conseillers nationaux Sebastian Frehner et Verena Herzog avaient déjà dénoncé des dérives similaires, qu’il s’agisse de la promotion d’une «sexualisation précoce des enfants» ou de campagnes douteuses financées par l’argent public. Le Conseil fédéral a toujours répondu en bottant en touche, sans jamais remettre en question l’usage des subventions.
Conclusion : une remise en question nécessaire
Le cas du cycle d’orientation de Romont illustre les dérives d’un système où une association largement financée par l’argent public peut diffuser dans les écoles des documents orientés, approximatifs et infantilisants.
Si l’éducation sexuelle doit effectivement contribuer à la santé publique, en demeurant prudente et délicate, elle ne peut se transformer en instrument de militantisme. Le Conseil fédéral ne peut pas continuer à financer sans contrôle réel une organisation dont les supports suscitent autant de controverses et qui n’est en fait qu’une courroie de transmission de l’OMS et de son programme mondialiste particulièrement perverse d’enseignement de la sexualité.
À l’heure où la confiance entre parents, enseignants et institutions est mise à rude épreuve, il est urgent d’exiger une transparence totale sur l’usage des subventions, une évaluation indépendante des contenus pédagogiques et la décision finale rendue aux parents, une décision libre et sans contrainte des enseignants. Sans cela, l’éducation sexuelle en Suisse restera un champ miné, au détriment des enfants et de la société tout entière.