Le colonel Jacques Hogard a grandi au sein d’une famille de militaires; son père, son grand-père, un oncle et même son frère étaient généraux de l’armée française. Officier parachutiste, le colonel a commandé le groupement de la Légion étrangère au Rwanda lors de l’opération Turquoise en 1994 et le groupement interarmées des forces spéciales en Macédoine et au Kosovo en 1999.
Aujourd’hui, à l’occasion de la publication de son dernier ouvrage La Guerre en Ukraine, regard critique sur les causes d’une tragédie, le colonel Hogard a accepté de nous offrir une longue interview et par la même l’occasion de revenir sur ses précédents livres-témoignages: L’Europe est morte à Pristina (2014) et Les Larmes de l’honneur, 60 jours dans la tourmente du Rwanda (2005).

Alexandra Klucznik-Schaller : En 1940, suite à son appel du 18 juin, le général de Gaulle était condamné à la prison par les autorités françaises.
En 1945, suite à l’action qui a suivi son appel, le général de Gaulle devenait président du gouvernement de la France.
Comment fait un militaire, dont la devise est « Honneur et Fidélité », pour concilier sa conscience avec le devoir d’obéissance s’il n’est pas d’accord avec les choix politiques ?

Colonel Jacques Hogard : Je ne crois pas qu’il soit bon et pertinent d’opposer l’Honneur à la Fidélité. En réalité, ces deux vertus procèdent de la même veine. La fidélité, c’est avant tout de rester fidèle à ses valeurs, à sa Patrie, à son serment, à sa famille. Ce n’est pas de faire de l’obéissance une valeur absolue. La discipline, qui a son importance bien sûr, en particulier dans l’Armée – un vieux règlement militaire disait qu’elle faisait « la force principale des armées » – s’efface nécessairement dès lors que les ordres reçus sont illégitimes et contraires à l’Honneur.
Un soldat qui n’est pas d’accord, en conscience, avec les ordres reçus ou avec la politique de son pays se démet. Dans les cas extrêmes, dont peut dépendre le salut de la Patrie, il a alors le devoir de s’y opposer.

AKS : Été 1994, opération Turquoise. La France intervient au Rwanda – sur mandat de l’ONU – pour faire cesser les massacres entre Hutus et Tutsis.
Dix ans plus tard, vous sortez de votre réserve pour témoigner de ce que vous y avez vu et vécu ; « pour rétablir la vérité » (p.26), car les attaques médiatiques se multiplient contre la politique française et l’armée française. Et l’on comprend, en vous lisant, qu’il y a eu un modus operandi organisé par les États-Unis, pour mettre fin à l’influence française dans la région.
En somme, la fin de l’URSS aurait eu pour conséquence la fin de l’intérêt des États- Unis pour l’amitié́ franco-américaine et de pays ami, la France serait devenue pays proie. Êtes-vous d’accord avec ce résumé ?

Colonel Hogard : Je ne dirai pas que cet épisode a mis « fin à l’intérêt des États-Unis pour l’amitié franco- américaine et que de pays ami, la France serait devenue pays proie ».
En réalité, je pense que l’amitié franco-américaine, si elle a pu exister à une époque déjà lointaine, est morte depuis longtemps.
Et que la France perdant progressivement de sa grandeur, est devenue aujourd’hui pour les États-Unis rien d’autre qu’un «proxy», utile dans la mesure où elle se soumet à la stratégie américaine, mais qu’il faut contrer impitoyablement dès lors que ses intérêts s’opposent à ceux de l’Amérique.
Cela ne date pas d’hier et il n’est que de lire le remarquable ouvrage «L’ami américain» d’Éric Branca pour le vérifier, confronté aux faits.
La France, une proie ? Bien sûr, quand on évoque par exemple l’AMGOT, autrement dit la tentative, heureusement avortée, d’installation de l’ordre américain en France à peine libérée du joug nazi…
Bien sûr, quand on évoque la prise de contrôle des sociétés françaises les plus en pointe par les Etats-Unis au cours des dernières années, quitte à nous les revendre – plus cher bien sûr – une fois passés sous leur contrôle pour mieux nous asservir. Telle ALSTOM POWER et bien d’autres…
Il est certain que la fin de l’URSS a provoqué une redistribution des cartes. L’Amérique, elle, n’a jamais dévié́ : tout est si bien résumé dans «le Grand Échiquier» de Zbigniew Brzezinski. N’a-t-elle pas vocation à gouverner le monde et son armée à faire régner la Pax Americana ? …

AKS : Début 1999, vous êtes envoyé́ en Yougoslavie dans le cadre de la mission de l’OTAN. Du 24 mars au 10 juin, l’OTAN bombarde la Serbie.
Qu’est ce qui déclenche le bombardement ? L’échec des négociations de Rambouillet, la découverte d’une fosse commune dans le village de Racak? Est-ce qu’il y avait, de bonne foi, la volonté́ d’éviter la guerre ? Quels étaient les objectifs de l’opération ?

Colonel Hogard : J’invite à lire mon livre dans lequel je raconte ce que j’ai vu sur place.
Néanmoins, il faut rappeler que si la campagne aérienne lancée par l’OTAN débute le 24 mars 1999, ce n’est pas du fait de l’échec des négociations de Rambouillet, ou du massacre de Racak, qui ne sont que des prétextes. En réalité, l’objectif américain, auquel se rallie l’Union européenne est d’en finir avec la Yougoslavie déjà moribonde, et donc avec la Serbie qui en constitue l’armature.
Je ne crois pas un seul instant à la bonne foi des dirigeants américains et otaniens qui pilotaient les négociations de Rambouillet. La secrétaire d’État Madeleine Albright y a ainsi mis en scène son protégé, le criminel de guerre Hasjhim Thaçi, un des chefs de l’UCK ; la rébellion armée albanaise du Kosovo, qui deux ans auparavant figurait sur la liste américaine des organisations terroristes dans le monde !  Le dit Hashim Thaçi, auquel l’UE et les gouvernements européens de l’Ouest se sont empressés de conférer un statut d’idole intouchable­ ­– Bernard Kouchner osera même une comparaison scandaleuse avec la Résistance française, qualifiant l’UCK d’ « héroïque Résistance kosovare » – est aujourd’hui détenu à La Haye pour y répondre des crimes de guerre et crimes contre l’humanité imputables à l’organisation clandestine dont il était le chef. Il a néanmoins été considéré comme le vainqueur des négociations de Rambouillet ; les représentants yougoslaves étant placés devant des conditions inacceptables pour leur pays.
L’objectif était bien de démanteler ce qui restait de la Yougoslavie, alors réduite à la Serbie et au Monténégro, et d’accroître de manière très significative l’influence américaine dans la région, alors que la Russie n’était à l’époque pas en mesure de s’opposer aux plans américains.

AKS : En 2005 vous publiez « L’Europe est morte à Pristina ». Le titre est choisi en écho à la phrase lancée par Bernard Kouchner au mois de juillet 1999 : « L’Europe est née à Pristina » ; Kouchner venait d’être nommé Haut-représentant de l’ONU au Kosovo. Il est clair que vous n’appréciez pas le personnage ; vous aviez déjà dénoncé son action au Rwanda, et vous l’accusez d’avoir été au courant du trafic d’organes réalisé au Kosovo sous son administration. Et pourtant Bernard Kouchner aura été nommé conséquemment ministre de la santé et même ministre des affaires étrangères. Alors est-ce que cette maison jaune a vraiment existé ?

Colonel Hogard : C’est un point de détail mais c’est vrai : je n’ai plus depuis très longtemps la moindre considération pour Bernard Kouchner, qui a déserté rapidement son idéal de jeune médecin fondateur de Médecins sans Frontière, irrésistiblement attiré par les feux de la rampe, la célébrité, les affaires juteuses et le pouvoir.
J’ai connu cet imposteur en Somalie, fin 92, lorsqu’il se mettait en scène portant sur son dos des sacs de riz destinés officiellement à la population somalienne, qui, quoique affamée, ne mangeait pas de riz. Je l’ai retrouvé sur ma route au Rwanda, où il s’est révélé un ami fidèle et appui constant du dictateur Paul Kagamé dans sa sanglante conquête du pouvoir. Puis je l’ai retrouvé au Kosovo, homme lige de Madeleine Albright, du général Wesley Clark et proche ami – pour ne pas dire complice – du terroriste Hashim Thaçi, aujourd’hui détenu à La Haye où il répond de ses crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Il n’est que d’écouter son éclat de rire forcé et indécent, je dirais même satanique, lorsqu’un journaliste lui pose la question de savoir s’il était au courant du trafic d’organes perpétré par l’UCK, pour réaliser le misérable qu’il est devenu.
Plus tard, je l’ai croisé au Novotel de Conakry, en Guinée, où il venait proposer ses lucratifs conseils au nouveau président élu Alpha Condé… Les affaires, toujours les affaires. Argent, quand tu nous tiens !
Mais la cerise sur le gâteau, si je puis dire, c’est d’apprendre qu’il était au courant des années durant du viol de son propre fils par Olivier Duhamel, 2ème mari de sa première épouse, sans qu’il ait eu ne serait-ce que l’idée de réagir et de protéger son fils de cet infâme prédateur sexuel.
Pour en terminer avec votre question, bien sûr, la «maison jaune» et ses annexes ont bien existé en Albanie. Il existe un long documentaire, réalisé sur ce sujet il y a un an ou deux par de Sladjana Zaric de la télévision serbe RTS ; le parlementaire suisse Dick Marty n’avait hélas pas rêvé…

AKS : Dans « la Guerre en Ukraine, regard critiques sur les causes d’une tragédie » vous développez plusieurs points intéressants.
Vous rapportez les propos de Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’OTAN, qui dit que l’Union Européenne constitue avec l’Alliance atlantique : « les deux faces d’une seule et même pièce »
Vous dites que tout s’est joué en 2013 car c’est en 2013 que le président du l’Ukraine s’est vu proposer, par la Russie, 20 milliards d’aide annuelle en lieu et place de 600 millions proposés par l’UE. Et que donc, à partir de là, « le coup de force devenait la seule option jouable pour les États-Unis et l’UE, pour éviter un deuxième échec dans la prise de contrôle de l’Ukraine, dix ans après l’échec de la révolution orange » Finalement, pour déclencher le conflit, ils auraient armé le mouvement Svoboda, lequel serait impliqué dans les tueries de la place Maïdan du 20 février 2014 et de la maison des syndicats à Odessa du 2 mai 2014.
En résumé, pour vous, l’UE et l’OTAN sont faiseurs de guerre, sont liés, et ne travaillent pas pour le bien être des Européens.
Quels sont vos pronostics, pour après la guerre en Ukraine ? Et, si je vous ai bien suivi, si l’OTAN perd la guerre avec risque de désagrègement, l’Union européenne risque de se désagréger également ?

Colonel Hogard : Je ne peux que souscrire au résumé que vous faites de mon livre.
Derrière l’OTAN, et l’UE, sa docile vassale, se profilent les États-Unis qui ne veulent pas d’un Continent européen uni de l’Atlantique à l’Oural, en paix et prospère, et qui ont pour obsession d’isoler la Russie du reste du Continent.
Tout a de fait commencé au lendemain de l’effondrement de l’URSS, les Américains considérant comme une fantastique aubaine l’indépendance de l’ex-république soviétique d’Ukraine. D’où la révolution orange ratée de 2004, puis le putsch de 2014, réussi cette fois, l’américanisation, l’otanisation du pays et la guerre civile qui s’ensuit alors; pour déboucher sur le déclenchement de la guerre le 24 février 2022.
Une fois les opérations militaires terminées ; quand l’Occident voudra bien arrêter de maintenir cette criminelle perfusion de l’Ukraine, exsangue jusqu’au dernier Ukrainien et que la victoire de la Russie sur le terrain s’imposera à tous, les négociations seront menées avec fatalement un autre dirigeant que Zelensky.
Il en résultera une Ukraine diminuée, amputée des territoires russophones conquis par les Russes. Il y aura évidemment un certain nombre de points de détails, et non des moindres : Odessa, Moldavie, Transnistrie ; à régler, mais j’ose espérer qu’ils le seront par la négociation et non dans le fracas des armes. Enfin, je pense que jamais la Russie n’acceptera que la nouvelle Ukraine n’adhère à l’UE et à l’OTAN, si ces 2 organisations existent encore.
S’agissant de votre question finale, l’Union européenne risque-t-elle de se désagréger également ? Je pense qu’effectivement les deux organisations sont très étroitement liées. Ce n’est pas moi qui le dit mais le Norvégien Jens Stoltenberg, actuel secrétaire général de l’OTAN ; quand il souligne qu’elles ne sont en définitive que les deux faces d’une seule et même pièce. Par ailleurs, on voit bien l’état de fragilité grandissante de l’UE, fondée au départ sur le pari de la solidité du socle du couple franco-allemand : or, celui-ci est désormais moribond. Les tensions sont extrêmes, du fait des divergences de fond croissantes, entre l’Allemagne et la France. Et cela ne devrait pas s’améliorer dans les mois et années à venir.

AKS : Vous insistez beaucoup sur la corruption et consacrez une page aux fameux «Biolabs». Alors désinformation ou vérité ? Pourquoi, est-ce que vous dites, que, sur la base de votre expérience passée au Rwanda et en ex-Yougoslavie, le sujet sera oublié? Devons-nous avoir peur des armes non conventionnelles ?

Colonel Hogard : La corruption est endémique en Ukraine : il n’y a pas de jours où l’on n’apprenne de nouveaux faits très graves de corruption impliquant le pouvoir et ses séides. Le dernier scandale en date: la colère des familles des soldats tués au combat découvrant que les dépouilles mortelles de leurs fils ont fait l’objet d’un trafic d’organes…
Les «biolabs» : je pense que le procès de Hunter Biden aux États-Unis devrait nous en apprendre davantage.
Pourquoi le sujet sera vite oublié ? En fait, ce n’est pas tant l’évènement lui-même qui, comme au Rwanda ou au Kosovo, laissera des traces profondes, mais les enseignements qui devraient en être tirés, qui seront oubliés. Comme à chaque fois que ces enseignements seraient utiles pour ne pas rééditer à l’avenir des erreurs et des fautes graves dont le poids est supporté toujours par des populations innocentes et non pas hélas par les «élites» qui en sont responsables.
Bien sûr que les armes «non-conventionnelles» en dépit des traités – et on voit ce qu’il en est lorsque Hollande et Merkel qualifient les traités de Minsk 1 et 2 de «stratagèmes» pour gagner du temps et monter en gamme à des fins offensives l’armée ukrainienne ! – restent une menace permanente.
Si les soi-disant armes de destruction massive de Saddam Hussein n’étaient en fait qu’un prétexte justifiant l’attaque américaine contre l’Irak, saura-t-on cependant un jour la véritable histoire du Covid ?
A-t-on oublié l’attaque au sarin dans le métro de Tokyo ou l’attaque au sarin de la Ghouta en Syrie ? Demain, malgré la retenue remarquable de Poutine face aux multiples provocations occidentales, si des armes fournies par les États-Unis ou l’UE devaient frapper des intérêts stratégiques sur le sol russe, imagine-ton sérieusement que la Russie, puissance nucléaire, restera l’arme au pied sans rien faire ?

AKS : Vous faites partie de nombreux cercles de réflexion ; cercles qui réunissent notamment des militaires. Êtes-vous optimiste ou pessimiste quant à l’avenir de la France dans le concert des Nations ?
Colonel Hogard : Depuis la mort du Président Pompidou, successeur du général de Gaulle, la France n’a cessé de décliner. Nous ne manquons pas de politiciens plus ou moins médiocres mais nous manquons cruellement d’Hommes d’État, dévoués au Bien commun !
La présidence Giscard d’Estaing s’est distinguée par l’affaiblissement de la société française : loi libéralisant l’avortement, immigration exponentiellement augmentée par le regroupement familial et l’adoption du droit du sol, déclin démographique, perte des repères moraux…
La présidence Mitterrand, 14 ans de 1981 à 1995, est une période de lent déclin pour la France, deux cohabitations avec un gouvernement d’opposition ne simplifiant pas les choses! Le discours de La Baule en 1990, est à l’origine du déclin de la France en Afrique.
Les deux mandats de Jacques Chirac, 7 ans et 5 ans, sont considérés comme n’ayant rien apporté de substantiel au pays si ce n’est un certain immobilisme, et ce poison qu’est le quinquennat, radicalement contraire à l’esprit et au bon fonctionnement de la Constitution de la 5ème République voulue par de Gaulle.
Tandis que s’aggravaient les problèmes graves liés à la démographie déclinante et à l’immigration triomphante. En même temps que les armées françaises étaient soumises à la pire érosion de leur histoire.
La présidence Sarkozy : c’est le retour dans le giron américain et dans le commandement intégré de l’OTAN. Ce sont les premières lourdes fautes en Afrique : Libye, Côte d’Ivoire.
La présidence Hollande : c’est le néant. Rien, sinon la mort programmée de la famille, par le «mariage pour tous»… La lente descente aux enfers se poursuit…
La présidence Macron, deux mandats de 5 ans ! C’est l’apothéose, la chute finale ! Tant sur le plan intérieur: gilets jaunes, Covid, insécurité et immigration-islamisation croissantes, économie déclinante, dette apocalyptique, finalisation de la destruction de la société avec l’avortement dans la Constitution, adoption de la GPA, montée du wokisme, dissolution du corps préfectoral, dissolution du corps diplomatique… Que à l ‘extérieur : déclassement et rejet de la France, en particulier en Afrique, alignement servile sur les États-Unis, l’OTAN, l’UE, l’abandon de toute diplomatie d’équilibre…
Dans ce contexte, aggravé bien sûr par la nullité et l’irresponsabilité des déclarations de ce président immature, notamment de ses provocations infantiles répétées à l’encontre de la Russie et de ses dirigeants, une étincelle mettant le feu au baril de poudre n’est malheureusement pas à exclure.
Il y a de quoi être inquiet pour la France et son avenir proche. Même si j’ai confiance dans ses ressources profondes, qui ne se révèlent jamais aussi bien que dans une situation extrême de crise ou de guerre.
A cet égard, la « dissolution surprise » de l’Assemblée nationale prononcée par Emmanuel Macron au soir de sa défaite électorale aux Élections européennes, peut naturellement conduire à une situation plus ou moins chaotique mais aussi à une nécessaire recomposition des forces vives de la France.
Ce qui pourrait en définitive constituer une chance inespérée pour le pays de se relever, pour la France de se reconstruire.
Le pire, Dieu merci, n’est jamais certain ! —

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Newsletter N° 226 – 20 juin 2024 | Source : Perspective catholique