Eric Bertinat – Ce siècle nous apporte son lot d’événements qui, observés sous un certain angle, semblent être reliés comme les maillons d’une même chaîne. Bien que certains d’entre eux aient émergé bien avant ces dernières années, on constate une accélération notable depuis la crise Covid. Ainsi en est-il de la propagande autour des questions LGBT+. La lutte contre l’homophobie, illustrée par la votation de février 2020 sur la modification du Code pénal (1), puis l’adoption du mariage pour tous, s’inscrit dans une tendance où le wokisme contribue à stigmatiser ceux qui ne partagent pas cette vision de la société. L’épidémie de Covid-19 s’inscrivait elle aussi dans cette logique, poussée à son paroxysme : États et entreprises ont imposé des restrictions drastiques, limitant nos libertés fondamentales – se soigner, se déplacer, se réunir, travailler.
Aujourd’hui, une nouvelle manipulation se dessine : celle de la guerre, présentée comme une nécessité face à la Russie. Nos gouvernants – issus des mêmes cercles politiques qui nous ont déjà menti effrontément – nous vendent ce conflit comme une fatalité.

Et l’on reparle de la PMA
Léonore Porchet (Les Vert-e-s) vient de déposer une initiative parlementaire intitulée «Procréation médicalement assistée pour les femmes célibataires». Dans son texte, l’élue écologiste explique :
Aujourd’hui déjà, des femmes célibataires et économiquement indépendantes font le choix réfléchi de concevoir en solo. La loi doit reconnaître cette réalité sociale croissante, car, conçus dans la clandestinité, ces enfants ne bénéficient pas des mêmes droits que ceux conçus par un don de sperme en Suisse, où l’accès aux origines est garanti.
Elle rappelle également que la Commission nationale d’éthique s’est prononcée en 2019 en faveur de cette évolution législative :
Les couples non mariés et de même sexe ainsi que les femmes seules devraient avoir accès au don de sperme.
Plus de 80 élus soutiennent cette initiative, menée par six conseillers nationaux issus de tous les partis, y compris l’UDC(la vice-présidente Céline Amaudruz parmi les six signataires). Et Léonore Porchet de préciser que le débat ne tourne absolument pas autour de la GPA (La Tribune de Genève, 27 mars 2025). Une précision que d’aucuns jugeront superflue, tant la méfiance demeure sur ce sujet.

Les Valaisans, dernier vertébrés sous la coupole ?
Quelques voix dissidentes ont osé exprimer leurs craintes quant aux dérives potentielles de l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA), notamment le risque, à terme, de légaliser la gestation pour autrui (GPA).
Toujours dans La Tribune de Genève, certains élus ont pris position avec fermeté. Benjamin Roduit (Le Centre/VS) s’oppose catégoriquement à l’initiative :
«Ouvrir la PMA aux célibataires, c’est non négociable. »
Même avis du côté de Jean-Luc Addor (UDC/VS), qui défend une approche fondée sur le cadre naturel de la filiation :
« Un enfant ne peut naître, naturellement, que de l’union d’un homme et d’une femme. C’est pourquoi la PMA devrait être réservée aux couples mariés hétérosexuels. Depuis quelques années, l’intérêt des individus prime sur celui des enfants. On assiste à une tactique du salami: étape après étape, les limites sont repoussées. On a déjà ouvert le don de sperme aux couples de femmes, mais il ne faut pas aller plus loin. Et surtout, il ne faut en aucun cas introduire la GPA. »
Benjamin Roduit partage cette inquiétude :
«C’est une tendance de fond. À chaque étape, on jure qu’on ne franchira pas la suivante… et pourtant, on le fait. Mais le droit absolu à avoir un enfant n’existe pas. Ce n’est pas parce qu’il est possible de devenir millionnaire qu’on peut revendiquer un million ! Et ce n’est pas parce que certains pays adoptent une politique qu’on doit forcément les suivre. Je refuse cette idée d’alignement systématique sur ceux qui vont le plus loin.»
Le député valaisan souligne enfin un autre point problématique : l’incitation aux naissances dans des foyers monoparentaux.
« Nous savons que les familles monoparentales sont les plus vulnérables économiquement. Plutôt que d’encourager cette situation, aidons celles qui sont déjà en difficulté. »

La Commission de bioéthique de la Conférence des évêques suisses (CES) a réagi à l’annonce du Conseil fédéral concernant la légalisation du don d’ovocytes, faite fin janvier 2025.
Dans le texte de Léonore Porchet, le débat porte principalement sur l’accès au don de sperme, mais le don d’ovocytes n’est pas exclu. Face à cette évolution, la Commission de bioéthique invite le Conseil fédéral à reconsidérer sa décision, en soulignant :
Le désir d’enfant exprimé par les couples devrait être pris en compte dans les deux cas. Or, seule l’adoption – à condition qu’elle soit encadrée par des moyens de contrôle adéquats – garantit pleinement le droit de l’enfant à avoir une famille, sans pour autant sacrifier de nombreux embryons, eux aussi dignes de protection ! (cath.ch/com/rz, 24 mars 2025).

Enfin, rappelons que l’Église catholique s’oppose fermement à toute forme d’assistance médicale à la procréation, comme en témoigne le document Donum Vitae, rédigé en 1987 par le cardinal Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI. —


(1) Un combat qui semble pourtant un échec si l’on en croit Léon Salin, transactiviste et influenceur romand, qui déclarait récemment que «la Suisse n’est pas un pays sûr pour les personnes trans».

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Newsletter N° 254 – 2 avril 2025 | Source : Perspective catholique