Eric Bertinat – Ces dernières années, et plus qu’avant, je ne peux que constater le consensus émotionnel qu’exprime les politiciens à chaque débat, et quelque soit le débat : en vrac, migrants, clandestins, gays et mariage pour tous, vélos, avortement, féminisme, racisme, etc. la liste s’allonge au fil d’une actualité finement choisie. Et pas question de sortir des clous ! Sitôt, une «grande machine à indignation» s’enclenche. Dernière victime en date, le philosophe français Alain Finkielkraut. Elle écrase tous ceux qui s’en écartent, elle oblige un discours convenu, tenu aussi bien par la gauche, évidemment, que par la droite. Les parlements ne parlementent plus, ils valident ou refusent les projets qui leurs sont soumis dans un consensus impérieux, leurs opinions toutes faites et parfaitement prévisibles étant passées depuis longtemps à la grande lessiveuse d’opinion.
Cette semaine, le Grand Conseil vaudois a validé une motion (déposée en 2019) qui obligera la police à préciser, lors du dépôt d’une plainte, le caractère homo, bi ou transphobe d’une agression. L’objectif consiste à alimenter des statistiques pour mieux évaluer l’homophobie des Suisses et prendre des mesures qui s’imposent. C’est exactement la raison qui a poussé (pas bien fortement !) le conseiller national Mathias Reynard, en 2013, à compléter l’article 261bis du code pénal en incluant la discrimination basée sur l’orientation sexuelle. «Il n’existe actuellement pas de statistiques sur les violences homophobes en Suisse. Cette absence de données conduit trop souvent le monde politique à nier l’existence de l’homophobie (et de la transphobie), ou du moins à en minimiser l’étendue et la gravité» (Le Temps du 30 mars 2017). Pour mémoire, son initiative parlementaire, acceptée par les deux Chambres du parlement fédéral en 2018, a passé devant le peuple en 2020, suite à un référendum.
La proposition vaudoise s’inscrit en temps et en intention dans la volonté des lobbies LGBT de trouver – prouver – que de nombreux actes homophobes sont commis en Suisse, justifiant aujourd’hui la lourdeur de la nouvelle loi pénale. La motion a finalement passé la rampe du parlement cantonal : au vote final, ils ont été 81 à décider du renvoi de la motion au Conseil d’Etat, contre 50 non et 8 abstentions. Or, la droite vaudoise (UDC, PLR et Vert’Libéral) est largement majoritaire. Elle avait proposé dans un premier temps un postulat, moins contraignant mais guère courageux puisque dirigé vers le même but. Refusé de justesse, une partie de la droite a fini par soutenir le texte socialiste. En pouvait-il être autrement ? La grande lessiveuse d’opinion a fait son boulot.
Au siècle passé, il était de bon ton de choquer le bourgeois. Aujourd’hui, c’est toute la bien-pensance qu’il convient de choquer en rappelant les grandes vérités chrétiennes, celles qui nous ont été révélées par l’Incarnation, celles que nos grands prédécesseurs ont si bien défendues. Le combat est devenu dangereux et inéquitable ? N’est-ce pas une bonne raison pour ne pas baisser les bras !
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Lettre d’information N° 39 – 23 janvier 2021 | Source : Perspective catholique