Mirco Canoci – Pouvez-vous raconter l’histoire de cette librairie ? Depuis quand existe-t-elle ?
Anne-Hortense Barrière – Cela fait maintenant trois ans que la librairie existe. Alexandre Python qui dirige l’agence de voyage ad gentes a dû réduire l’effectif de ses équipes suite à la crise du covid dans les locaux de la rue de Lausanne. Il s’est retrouvé avec de la place dans ses bureaux. Lors d’un déplacement pour se rendre à une retraite spirituelle, il a reçu l’appel « pourquoi pas une librairie catholique à Genève ? » Au début, il a fait appel à une librairie valaisanne qui n’a finalement pas donné suite. Finalement, nous avons ouvert sous le nom « Boutique du Pèlerin ». Les clients nous parlaient souvent de la Procure. Il s’est alors tourné vers ce groupe de librairies déjà présent dans divers pays et nous avons été franchisés début 2023. Cela nous permet aujourd’hui de bénéficier de son réseau et de sa popularité en contrepartie d’un pourcentage.

Quelle est la mission principale de votre librairie ?
Je dirais l’accueil, l’écoute, le conseil et la présence. On reste un commerce avec pignon sur rue. Il y a beaucoup de gens qui rentrent par curiosité ou bien pour chercher un cadeau, un bouquin ou juste parler de leur vie et avoir un échange avec nous. La mission est également de propager cette idée du beau : du beau de la littérature, du beau de la foi chrétienne, du beau de la relation humaine qui va se créer dans la librairie.
Nous avons également les objets religieux ! Nous avons à peu près 50% d’objets pour 50% de livres. Les personnes viennent pour acheter des médailles, des icônes, des chapelets, des bougies, de l’encens, etc…,

Quel type de lecteur cherchez-vous à attirer ?
Étant donné qu’il n’y a pas d’autre librairie catholique à Genève, et déjà un grand nombre de librairies généralistes et littéraires, notre librairie La Procure est spécialisée dans les œuvres religieuses.
Nous faisons les rentrées littéraires avec les romans phares de septembre et de janvier, mais restons pour le reste sur de la littérature chrétienne : protestante, catholique, et orthodoxe. Nous avons des ouvrages de théologie, des Bibles, des livres de témoignages et de prière. Il ne faut pas oublier que c’est aussi par la beauté de la littérature qu’on ouvre le regard de l’Homme vers l’autre et vers plus grand que soi, vers Dieu. C’est d’ailleurs dans cette idée que nous avons lancé avec toutes les librairies du réseau, notre catalogue « Ces livres qui rendent meilleurs », mettant en lumière des auteurs qui aident à grandir en humanité et en charité.

Pouvez-vous me décrire une rencontre qui vous a marqué avec un lecteur ?
Il y en a beaucoup, mais celles qui me touchent souvent sont celles avec certains grands-parents dont les enfants alors parents ont perdu la foi, pour diverses raisons. Les grands-parents que je rencontre se retrouvent face à leurs petits-enfants pleins de questions sur la foi chrétienne, sur l’au-delà, sur Jésus, etc. Ils viennent à la librairie leur acheter leur première Bible, une bougie, leur premier livre de prières etc. C’est très beau d’échanger avec eux et de voir ces grands-parents entretenir cette belle relation avec leurs petits-enfants de quatre ou seize ans, et qui cherchent à partager leur foi sans entrer en conflit avec les parents, de transmettre avec délicatesse ce qu’ils vivent avec ces jeunes générations. Nous échangeons alors fréquemment sur leur Foi, leur vie de famille, etc. Ce sont des beaux échanges qui se vivent.

Quelles sont les difficultés spécifiques d’une librairie catholique ?
Comme vous l’aurez compris, ce côté niche induit que, pour bien nous développer, nous ne pourrions pas être deux librairies comme celle-ci à Genève.
L’année est généralement marquée par deux grandes périodes : il y a un pic aux alentours de Noël, et un autre en avril-mai-juin avec cette belle période des grandes fêtes religieuses (baptême, première communion, Pâques, Ascension, Pentecôte) Il faut donc essayer de jongler entre ces deux grands moments de l’année et pouvoir renouveler nos livres, nos demandes, nos propositions.
C’est également pour cela que nous organisons des conférences tout au long de l’année.

J’ai pu voir sur votre site qu’il y aura prochainement une conférence. Vous organisez régulièrement des rencontres de ce type ? Quel est l’objectif de ces rencontres ?
Oui, nous avons reçu le père Jean-Christophe Thibaut, le 20 février dernier, un ancien luciférien repenti et qui aujourd’hui est prêtre. Il intervient beaucoup dans les écoles et les paroisses pour sensibiliser aux dangers des nouvelles spiritualités.
Toutes nos conférences sont gratuites et il y a la vente de livres de l’auteur pour ceux qui sont intéressés. C’est sans inscription et toujours très varié. Par exemple, la dernière que nous ayons faite était avec la représentante de la maison d’édition Chôra, venue faire une conférence autour de Takashi Paul Nagai, un médecin japonais chrétien de Nagasaki.
Nous organisons les conférences dans la librairie ou bien avec un partenaire lorsque la demande nous est faite. Nous travaillons par exemple avec la Basilique Notre-Dame, ou encore l’ECR (Église Catholique Romaine) qui a ouvert de nouveaux locaux au Sacré-cœur. L’objectif est de créer des moments de formations et d’échanges tout en continuant d’offrir nos services et faire connaître la librairie.
Quel livre catholique vous a particulièrement marqué ?
Récemment, c’est le dernier livre de Marie Balmary, psychanalyste passionnée de la Bible. Le livre s’intitule « Ce lieu en nous que nous ne connaissons pas ». Elle reprend chapitre par chapitre divers épisodes de la Bible. Grâce à sa compréhension du grec et de l’hébreu, elle nous fait vraiment redécouvrir la beauté des Écritures en débusquant les traductions biaisées qui nous ont entraînées au cours du temps vers certaines interprétations. C’est réellement une lecture qui ouvre l’intelligence et le cœur !

Avez-vous pu constater des conversions ou du moins un intérêt au christianisme auprès du public grâce à votre librairie ?
Oui clairement. Cela se fait par petites touches. Avec le temps, il y a une relation qui se crée avec les personnes de passage ou les clients réguliers, parfois même une relation d’amitié. On parle de leur histoire de vie, de leurs questionnements, qu’ils aient quinze ou quatre-vingts ans. La librairie est un lieu de grâce et c’est pour cela que je suis contente de travailler et de développer ce projet. Un projet qui n’est donc pas uniquement de librairie, mais qui va plus loin et cela se sent réellement.

Quels sont vos projets dans la librairie pour les années à venir ?
Pour moi, l’idée est de continuer à développer ce projet avec Alexandre Python, le directeur. Les Genevois savent que la librairie existe. Les clients se tournent de plus en plus vers nous pour les livres de catéchisme, les médailles de baptême, les cadeaux de communion etc….
Notre but est de faire mieux connaître nos livres et nos produits à travers le canton de Genève et la Suisse ! —

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Newsletter N° 253 – 19 mars 2025 | Source : Perspective catholique