Devant des élus français, le pape Léon XIV dénonce la schizophrénie des politiciens catholiques

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Eric Bertinat – Dans un monde politique où le compromis est devenu la norme – et où la valeur d’un élu se mesure trop souvent à sa capacité à plier devant les lobbies et à répéter les slogans dominants –, la parole du pape Léon XIV, le 28 août 2025, résonne comme un rappel salutaire. En affirmant qu’« il n’y a pas, d’un côté, la personne politique et, de l’autre, le chrétien », le Saint-Père a mis le doigt sur la tentation qui menace tant de responsables publics : reléguer leur foi dans la sphère privée et agir en politique comme si Dieu n’existait pas.

Le courage véritable consiste précisément à refuser cette schizophrénie. Léon XIV et ses prédécesseurs rappellent que le catholique engagé en politique n’a pas le droit de mettre sa conscience en veilleuse pour s’aligner sur les idéologies dominantes. Celui qui aspire à servir la Cité n’a pas le droit de sacrifier la vérité sur l’autel de sa carrière. Quand la société promeut des dérives éducatives, relativise la vie humaine ou confond liberté et licence, le chrétien en politique doit avoir la force de dire : « Non, je ne peux pas. »

C’est ce « non » qui coûte le plus cher. Il isole, il marginalise, il attire la moquerie. Mais c’est ce « non » qui fait de la politique un acte chrétien, et non une simple gestion des rapports de force. La doctrine sociale de l’Église, que Léon XIV a rappelée avec force, n’est pas une utopie réservée aux cénacles théologiques. C’est une boussole pour orienter le réel : culture, travail, économie, éducation, lois. Tout est concerné. Tout est appelé à être renouvelé par le Christ.

On entend souvent qu’il faudrait « laisser sa foi à la porte » avant d’entrer dans l’hémicycle. C’est précisément l’inverse qui est demandé au catholique : assumer sa foi dans l’arène publique. Sinon, à quoi bon ?

On objectera que ce langage est « clivant », que la politique exige des consensus. Mais qu’est-ce qu’un consensus fondé sur le mensonge ? Qu’est-ce qu’un compromis qui sacrifie les plus faibles ? La société ne manque pas de technocrates ; ce dont elle manque, ce sont des hommes et des femmes capables de rester debout, au prix de leur popularité, au nom de la vérité.

Dans l’arène politique comme dans l’intimité de la conscience, ce courage est devenu rare. Léon XIV l’a rappelé dans un discours en français, devant une délégation d’élus et de personnalités civiles du Val-de-Marne, dans le diocèse de Créteil. La presse ne l’a guère relevé. Pourtant, ce courage-là est la condition d’une politique authentiquement chrétienne.

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Eric Bertinat
À la suite de la décision de Mgr Lefebvre de consacrer quatre évêques, Éric Bertinat cofonde, avec ses amis les abbés La Praz et Koller, la revue Controverses (1988-1995). En 2010, il fonde l’association Perspective catholique, engagée sur des questions sociétales en lien avec la doctrine chrétienne. Journaliste et collaborateur régulier de plusieurs publications (Le Vigilant, Présent, Una Voce Helvetica, etc.), il entame également une carrière politique dès 1984. Élu député au Grand Conseil de Genève en 1985 sous la bannière de Vigilance, il y revient en 2005 avec l’UDC et occupe plusieurs postes clés jusqu’en 2013. Il est aussi membre du Conseil municipal de Genève à partir de 2011, où il exerce diverses présidences de commissions jusqu’en 2021. Le 5 juin 2018, il est élu président de ce Conseil pour la période 2018-2019.

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