Le «mariage pour tous» : un remède à l’angoisse progressiste ?

Abbé Thibault de Maillard – « On ne lutte pas contre le progrès. Laissez-les se marier. » Les opposants au mariage des personnes de même sexe sont disqualifiés comme étant des retardataires incapables de s’adapter et de s’arracher aux fétiches démodés et poussiéreux du passé chrétien. Mais le progrès est un argument de vente qui pourrait être lui-même périmé. Autopsie du progrès.

Décadence morale
Le progrès est une idée reçue qui devrait déjà être morte. Notre époque connaît certes d’importants progrès techniques. Mais une époque ne se résume pas aux électrons et aux flux financiers. L’homme est la principale valeur. Aussi le progrès moral devrait-il être au cœur de nos jugements politiques. Les médias ne parlent pourtant que de cela : violences sur les réseaux sociaux, stress au travail, montée de la criminalité, sans citer l’individualisme et les contenus les plus recherchés sur Internet : en 2020, il faut oser le mot et préférer parler de décadence. La douceur de vivre n’existe plus. Le progrès est mort.

Angoisse collective
C’est sans doute cette mort qui nourrit l’idéologie du progrès. Plus le présent est noir, et plus il est facile de faire chanter un futur de rêve. Cultiver l’idée d’un futur ensoleillé, c’est finalement avouer que le présent est sombre. Il faut être déprimé et angoissé pour affirmer que tout doit changer. La passion de l’avenir est le signe d’une immense dépression collective. Attention : le mariage n’est pas un anti-dépresseur !

Changer pour changer
Le changement comme valeur absolue, c’est malheureusement le fond sur lequel repose toute argumentation sociétale aujourd’hui. L’argument est bien pauvre. Il ressemble à une fuite de nos responsabilités collectives. Tout changement est déclaré bon parce qu’il est nécessairement progrès. C’est tout. Le débat philosophique a déserté les médias : et si la décadence était aussi intellectuelle et politique ? Le présent est un trésor fragile qu’il serait dommage de détruire pour un futur qui n’a pas encore fait ses preuves.

L’histoire est plus complexe
L’idéologie du progrès considère un peu l’histoire comme une personne qui grandit et progresse. L’histoire n’est pas un être organique qui pousse ses dents à 1 an et les perd à 90. Il y a des périodes d’amélioration et des phases de décadence. L’histoire est ce qu’en font les hommes. La présenter comme un long progrès est une simplification naïve qu’aucun historien ne se risque à faire : pour preuve l’âge d’or de la pensée grecque. Voilà un passé qui devrait nous laisser songeurs.

La crise de la finalité politique
Ce qui nous intéresse, c’est la finalité. Une loi n’est pas faite pour satisfaire un lobby. Pie XII dit bien que « trop longtemps, le sens juridique fût vicié par la pratique d’un utilitarisme partisan au service des intérêts particuliers d’individus, de classes, de groupes ou de mouvements. » (Lettre au président des semaines sociales de France, le 14 juillet 1954) Une bonne loi n’a pas pour but de conserver le passé par attachement morbide au passé, ni non plus de fuir vers un futur utopique construit par un lobby surfinancé. Une bonne loi doit favoriser le bien commun et l’épanouissement humain.

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Lettre d’information N° 39 – 23 janvier 2021 | Source : Perspective catholique

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2 Commentaires

  1. L’homosexualité est une tarre génétique et un vice. La bible et le cathéchisme catholique sont très clairs sur le sujet. Mais pour le clegé « moderniste » celà est dépassé, donc c’est le Ciel qui doit se modernisser!!

  2. Bien expliqué ! Et triste pour ces progressistes qui espèrent mais ne comprennent pas où cela va mener …. A quand vos prochaines conférences ?

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