Eric Bertinat – Dans sa revue Le Peuple, Raphaël Pomey a publié un article très intéressant par son approche. Intitulé «Deux balcons, deux théologies ?», notre ami compare les premières apparitions de François et de Léon XIV, leurs discours, leur attitude corporel. Nous en tirons trois passages et ne pouvons que vous inviter à lire ce texte dans son entier. (cliquez ici!)

«François, en choisissant une salutation civile, un « bonsoir » dépouillé, presque profane, opérait un geste de désacralisation symbolique. Non pas un geste hostile, mais un geste révélateur : ce pontificat se voulait plus horizontal que vertical, plus pastoral que liturgique, plus fraternel que dogmatique».
«Léon XIV, quant à lui, adopte un ton plus élevé, plus habité bibliquement. Il invoque le Christ ressuscité, mentionne le bon pasteur, bénit au nom du Seigneur. Ce retour apparent à un langage plus traditionnel reste en deçà d’un basculement ecclésiologique.»
«Là où François avait étonné par sa rupture immédiate, Léon XIV déçoit certains par son apparente continuité. Le nom choisi laissait espérer un tournant, une reprise en main, un retour vers la tradition doctrinale et liturgique. Cependant ce premier discours, quoiqu’un peu plus élevé, prolonge la sensibilité pastorale précédente, sans en corriger les limites.»

Un profil pastoralement modéré
Son parcours ayant été largement exposé dans les médias, nous nous concentrerons ici sur le positionnement du nouveau pape — progressiste ou conservateur — une question qui a traversé les débats après cette élection rapide. Et nous nous en tiendrons aux faits.
Le cardinal Robert Francis Prévost, devenu Léon XIV, est souvent présenté comme proche de la vision du pape François. Il met l’accent sur l’attention aux pauvres, aux migrants et à l’environnement. Partisan d’une Église synodale et à l’écoute, il a joué un rôle actif dans le Synode sur la synodalité (2023-2024), promouvant la formation commune des évêques et une consultation élargie du peuple de Dieu. Il a également soutenu certaines réformes emblématiques de François, comme la participation de femmes au comité de sélection des évêques, et défend une approche pastorale envers les divorcés remariés, favorisant leur accès à la communion.
Sans être un progressiste radical, Robert Francis Prévost a exprimé des réserves sur l’ordination de femmes à des rôles cléricaux, estimant que cela pourrait engendrer de nouvelles tensions dans l’Église. Sur Fiducia supplicans — qui autorise la bénédiction non sacramentelle de couples dits «en situation irrégulière», y compris homosexuels — il adopte une position mesurée, laissant aux conférences épiscopales nationales la liberté d’interprétation selon les réalités culturelles.
Souvent décrit comme un modéré ou un homme de juste milieu, Léon XIV privilégie la mission évangélique et l’écoute, plutôt que la rigidité doctrinale, refusant les clivages idéologiques trop marqués.

Quelle relation avec les traditionalistes ?
En tant que préfet du Dicastère pour les évêques sous le pontificat de François, Robert Francis Prévost a soutenu les réformes liturgiques post-conciliaires, tout en reconnaissant l’importance de préserver la communion au sein de l’Église. Il n’a cependant pas pris position publiquement sur le motu proprio Traditionis custodes de 2021, qui a restreint l’usage du missel de 1962. Toutefois, son style pastoral et son souci de l’unité laissent entrevoir une ouverture au dialogue, dans le respect des principes du concile Vatican II. Dans son premier discours, il a insisté sur l’importance de la paix et de l’unité dans l’Église. Si rien n’indique une initiative immédiate envers les traditionalistes, son profil centré sur l’écoute et la réconciliation suggère qu’un rapprochement n’est pas totalement exclu, ou du moins une certaine bienveillance pour nos milieux. —

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Newsletter N° 257 – 9 mai 2025 | Source : Perspective catholique