Les divorces en Suisse

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Mirco Canoci – Un heureux divorce ? «Simplifiez votre séparation avec notre plateforme. Service rapide, abordable et clair. Votre convention de divorce en quelques clics.» Ce slogan ne vient pas d’un mauvais roman de science-fiction dystopique des années 60, mais bien de notre réalité contemporaine. Ce genre de message, on le retrouve désormais sur des sites spécialisés dans le divorce. Et les témoignages de clients abondent : « Tout s’est bien déroulé. Le jugement a eu lieu. Je suis satisfait du service de convention de divorce fourni. » Ou encore, « Tout s’est déroulé à merveille, du début à la fin. Je suis vraiment enchantée. » Après le fameux « vive les mariés », nous avons dorénavant droit à « vive les divorcés ».

Nombre de divorces en Suisse
Les divorces en Suisse ne cessent d’augmenter.
En 1980, on comptait 10’910 divorces prononcés (1,7 ‰ par habitant, soit 1 divorce pour 3,2 mariages).
– Trente ans plus tard, en 2010, le chiffre atteint 22’081 divorces, soit 1 divorce pour 1,95 mariages, ce qui nous fait plus d’un mariage sur deux.
– Aujourd’hui, le taux de divorce est de 41,5 %.
La durée moyenne des mariages qui se terminent par un divorce est de 15 ans.
Le droit de la famille représente une part importante des affaires civiles :
– À Genève, 34 % des nouvelles procédures au Tribunal de première instance concernent le droit de la famille (divorce, séparation, etc.).
– 47 % des procédures ouvertes devant l’APEA (Autorité de Protection de l’Enfant et de l’Adulte) sont également liées à ce domaine.
Selon un rapport de l’Office Fédéral de la Justice (OFJ) datant de 2005, 29 % des divorces étaient prononcés sans avocat. Aujourd’hui, on estime ce chiffre à 40 %.

Nombre d’enfants de divorcés en Suisse
Chaque année, plus de 12’000 enfants sont touchés par le divorce de leurs parents.
Selon une étude de 2003 :
– L’autorité parentale a été confiée à la mère dans 68 % des cas.
– 6 % des cas ont attribué l’autorité au père.
– 26 % des couples ont obtenu une autorité parentale conjointe.
Depuis le 30 juin 2014, l’autorité parentale conjointe est devenue la norme après un divorce.

Cependant, les conséquences psychologiques persistent :
Six ans après le divorce, 20 % des enfants présentent encore des troubles psychiques liés à cette rupture.
On estime que 65 % des enfants âgés de 18 à 22 ans ont des relations difficiles avec leur père divorcé, contre 29 % chez les enfants de parents non divorcés.

Finances des familles suisses
En Suisse, 745’000 personnes vivent en situation de pauvreté (chiffres 2023).
– Une famille monoparentale sur six est en situation de précarité (chiffres 2018), ce qui représente 84’000 foyers.
Parmi elles :
– 20 % des familles avec un enfant dépendent de l’aide sociale.
– 34 % avec deux enfants.
– 61 % avec trois enfants ou plus.
On estime également que 20 % des mères monoparentales ne reçoivent aucune pension alimentaire de la part de l’ex-conjoint, ou seulement une partie.
Cinq ans après la naissance de leur premier enfant, les mères salariées suisses gagnent en moyenne 25 % de moins que les pères.

Le divorce, un business comme un autre ?
Aujourd’hui, le divorce semble être devenu un service comme un autre, un marché florissant, simplifié, digitalisé, dédramatisé. Entre certains avocats qui ont l’air d’en faire leur fonds de commerce, le secteur immobilier qui a une clientèle multipliée par deux et les cabinets de psychologues accueillant des couples en crises, il semblerait que l’adage disant « le malheur des uns fait le bonheur des autres » s’applique dans ce champ. Sans compter le business pharmaceutique (via des anxiolytiques et des antidépresseurs notamment) suite aux souffrances telles que la dépression suivant un divorce.

Le mariage : un engagement sacré à protéger
Face à cette réalité, il est essentiel de rappeler la vérité profonde du mariage selon la foi chrétienne. Jésus lui-même affirmait : « Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Matthieu 19:6). Le mariage n’est pas une simple convention sociale, ni un contrat jetable à la première difficulté, mais une union sacrée, indissoluble, fondement de la société et de son bon fonctionnement.
Ainsi, l’Apôtre Paul exhorte les époux à s’aimer « comme Christ a aimé l’Église » (Éphésiens 5:25), c’est-à-dire d’un amour fidèle et durable. Dans un monde où la destruction du noyau familial semble être devenue la norme, et où l’on utilise de nouveaux mots dignes du novlangue de l’œuvre 1984 de George Orwell tels que « famille recomposée », alors qu’un terme plus approprié serait « famille décomposée » il semble primordial, aujourd’hui plus que jamais, de valoriser à nouveau l’image de la famille et de lui redonner le sens religieux et sacré qui lui revient. –

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Mirco Canoci

Mirco Canoci s’est forgé un regard lucide et nuancé à la croisée de l’expérience de terrain et de la réflexion intellectuelle. Titulaire d’un CFC de bibliothécaire, il a exercé dans des domaines variés, de la sécurité à la vente, en passant par les bibliothèques publiques et universitaires, ainsi que l’archivage privé. Ce parcours éclectique nourrit une approche ancrée dans le réel, attentive aux enjeux sociaux et culturels de notre époque.

Collaborateur de Perspective catholique, il a auparavant rédigé des textes pour un parti politique et une fondation. Engagé durant plusieurs années dans diverses associations bénévoles, notamment la Croix-Rouge, il demeure attentif aux réalités concrètes de la vie sociale. Attaché à certaines valeurs morales et sociétales, il cultive une pensée indépendante, soucieuse de justice, de vérité et de cohérence humaine.

Polyglotte, passionné par le dessin, la lecture, le cinéma, le sport et les voyages, il voit dans ces activités autant de moyens d’élever l’âme, d’exercer le regard et de mieux comprendre la condition humaine. Fidèle à l’esprit des valeurs chrétiennes et profondément enraciné dans celles-ci, il croit que la profondeur d’une pensée naît de l’alliance entre l’expérience, la contemplation et la réflexion personnelle.

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