Eric Bertinat – Cet été, le Traité des Nations Unies sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) a publié un rapport sur dix pays signataires. Parmi eux, deux nations autrefois dotées de lois pro-vie solides — l’Irlande et le Mexique — les ont abrogées ces dernières années.
Le CEDAW exerce depuis longtemps des pressions sur ces deux pays pour qu’ils libéralisent leurs lois sur l’avortement. En 1999 et 2005, il a demandé à l’Irlande d’assouplir ses restrictions. En 2017, il est allé plus loin, exigeant la modification du huitième amendement de la Constitution afin d’autoriser l’avortement, sa légalisation large et généreuse, et sa dépénalisation dans tous les cas.
En 2018, l’Irlande a supprimé de sa Constitution les protections accordées aux enfants à naître. Depuis, le CEDAW continue à exercer des pressions, se félicitant de la légalisation de l’avortement mais critiquant le manque de services disponibles, l’objection de conscience des professionnels de santé et la stigmatisation persistante. Il demande désormais à l’Irlande «d’envisager de dépénaliser complètement l’avortement et d’abolir le délai d’attente obligatoire de trois jours».
Au Mexique, la Cour suprême a dépénalisé l’avortement au niveau fédéral en 2021, une mesure réclamée par le CEDAW depuis 1998. Dans son rapport, le comité salue cette décision mais déplore que neuf États criminalisent encore l’avortement. Il réitère donc son appel à «harmoniser les dispositions du droit pénal avec les avancées législatives», à abandonner les poursuites contre les femmes accusées d’avortement illégal et à «lutter contre la stigmatisation et la résistance des prestataires de soins par le biais d’une formation obligatoire».
Comment la légalisation de l’avortement transforme d’anciens opposants en militants actifs sur la scène mondiale ?
Avant ces changements législatifs, l’Irlande et le Mexique résistaient aux pressions des experts onusiens, invoquant leur souveraineté nationale et rappelant l’accord de la Conférence internationale sur la population et le développement de 1994, selon lequel l’avortement n’est pas un droit humain international et relève des décisions souveraines de chaque État.
Une fois leurs lois modifiées, ces deux pays ont rapidement changé de position, promouvant l’avortement comme un droit humain sur la scène internationale et exerçant à leur tour des pressions sur d’autres États. L’Irlande, par exemple, a utilisé le mécanisme de l’Examen périodique universel (EPU) pour demander au Costa Rica et à la République dominicaine de dépénaliser l’avortement, et pour exhorter El Salvador et Malte à modifier leurs lois.
Le Mexique a également mobilisé l’EPU pour promouvoir l’avortement comme un droit, ciblant dix-sept pays, dont les Bahamas, l’Équateur, le Nigeria et Tuvalu. Il a exhorté la Roumanie à garantir un accès à un avortement « sûr » et à une éducation sexuelle complète, et a demandé au Japon de supprimer l’exigence du consentement conjugal, garantissant ainsi l’accès à l’avortement indépendamment du statut migratoire des femmes.
La base de données des droits humains de C-Fam démontre que les pressions exercées sur les pays pro-vie ne cessent pas une fois l’avortement légalisé. Au contraire, elles s’intensifient jusqu’à ce que ces pays adoptent l’avortement sur demande et deviennent eux-mêmes des promoteurs actifs de cette politique.
Conclusion
L’expérience de l’Irlande et du Mexique montre qu’en cédant aux pressions internationales sur l’avortement, un pays ne met pas fin au débat : il change simplement de camp. Ce basculement transforme souvent d’anciens défenseurs de la vie en promoteurs de l’avortement au niveau mondial, amplifiant la pression sur les nations qui cherchent encore à protéger l’enfant à naître. (Source : Rebecca Oas, 11 juillet – C-Fam)
1) Le Centre pour la famille et les droits de l’homme (C-Fam) est une organisation caritative américaine. Elle œuvre pour la défense de la vie et de la famille auprès des institutions internationales. Elle veille au respect du droit international en s’opposant aux politiques sociales antichrétiennes promues au sein des Nations Unies et d’autres organisations mondiales. Elle est fidèle aux enseignements de l’Église.