Eric Bertinat – L’idée m’est venue au détour d’une balade avec mon chien, le chapelet à la main. Et si l’on faisait dialoguer la prière et l’intelligence artificielle ? J’ai tenté l’expérience avec ChatGPT-5, en choisissant pour point de départ le premier mystère joyeux : l’Annonciation. De question en question, l’échange s’est étoffé, jusqu’à ce que je lui propose de condenser ses réponses sous forme d’entretien. Quelques instants plus tard, il me suggérait même une table ronde imaginaire, où l’Évangile, la Tradition, l’Art, la Liturgie et les Mystiques prennent chacun la parole. Une conversation inattendue et instructive, que je vous livre ci-dessous.
Le Modérateur (Moi) : – Bienvenue à tous. Aujourd’hui, nous réunissons cinq invités inhabituels : l’Évangile, la Tradition, l’Art, la Liturgie et les Mystiques, pour parler de l’Annonciation.
L’Évangile : – Je vais commencer. Je suis simple. Je dis seulement : « L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une vierge fiancée à un homme nommé Joseph. L’ange entra auprès d’elle. » Voilà. Ni plus, ni moins. Mon rôle est d’annoncer la Bonne Nouvelle, pas de détailler la couleur des murs ou les gestes de Marie.
La Tradition : – Merci, cher Évangile. Moi, j’ai prolongé ton récit. Les chrétiens ont reconnu ta sobriété, mais ils ont voulu garder mémoire du lieu. Alors j’ai transmis : c’était la maison de Marie, à Nazareth. Au fil du temps, j’ai protégé ce souvenir : des sanctuaires s’y sont élevés, et la basilique de l’Annonciation en garde la trace aujourd’hui.
L’Art : – Et moi, j’ai traduit vos paroles en images. Mais avouez : votre sobriété m’a laissé une grande liberté ! Alors j’ai imaginé Marie en train de lire, de prier, de filer. J’ai donné à Gabriel un lys, parfois des ailes immenses. Mon pinceau et mon ciseau ont cherché à rendre visible l’invisible.
La Liturgie : – De mon côté, je ne montre pas, je fais vivre. Chaque 25 mars, j’invite les fidèles à entrer dans cette rencontre. Je proclame ton texte, cher Évangile, et j’y ajoute des hymnes : « Ave, comblée de grâce ». Je médite sur le « oui » de Marie, qui ouvre la porte de l’Incarnation. Pour moi, l’Annonciation n’est pas seulement un souvenir, c’est un événement qui se rend présent dans la prière.
Les Mystiques : – Et moi, j’ai reçu parfois des visions intérieures. J’ai décrit la chambre de Marie, sa prière, la lumière de l’ange. Chez moi, le récit devient plus sensible : on voit, on sent, on entend. Mes paroles nourrissent l’imagination et la dévotion, mais elles n’ont pas le poids de l’Évangile. Elles sont des reflets, des éclats de contemplation.
Le Modérateur (Moi) : – Merci à vous tous. Vous ne vous contredisez pas : vous vous complétez.
L’Évangile : – l’essentiel et la vérité de foi.
La Tradition : – la mémoire vivante du lieu.
L’Art : – l’incarnation visuelle et symbolique.
La Liturgie : – l’actualisation dans la prière.
Les Mystiques : – la profondeur spirituelle et imagée.
Ensemble : – Vous faites resplendir la richesse de ce moment unique : Dieu qui se fait homme dans le «fiat» de Marie.