Quand les traditions se transforment : du Père Noël à Halloween

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Eric Bertinat – En Suisse, la figure du Père Noël moderne, avec sa barbe blanche et son manteau rouge, s’est imposée dans les années 1950–1960, sous l’influence de la culture américaine et des publicités Coca-Cola. Il a peu à peu remplacé Saint Nicolas (Samichlaus), autrefois porteur d’un message moral et religieux, Relevons que dans les cantons catholiques, Saint Nicolas reste une fête populaire, comme elle l’est, par exemple, à Fribourg. Cette transformation symbolise l’évolution d’une fête chrétienne vers un événement commercial et médiatique, où l’esprit de consommation l’emporte sur la spiritualité.

Aujourd’hui, le même phénomène se reproduit avec Halloween. Les médias et les marques, comme Coca-Cola Suisse, en font un spectacle à l’américaine, allant jusqu’à offrir un voyage « tout compris » à New York pour participer à la gigantesque Halloween Parade. La presse vante les « loisirs les plus horrifiques» — maisons hantées, trains fantômes, escape games — dans une ambiance de peur et de sorcellerie devenue synonyme de divertissement.

Pourtant, cette fête avait autrefois un sens profond : issue des traditions celtiques et irlandaises, elle marquait la fin de l’été et l’entrée dans la période sombre de l’année. En se transformant en carnaval de l’horreur, Halloween a peu à peu éclipsé la Toussaint et la commémoration des morts, qui nous invite à penser à l’Église souffrante, aux âmes qui ont besoin de nos prières et de nos sacrifices.

Faites, nous vous en prions, Seigneur, que les âmes de vos serviteurs et des vos servantes, purifiés par la vertu de ce sacrifice, reçoivent le pardon en même temps que le repos éternel (Postcommunion, Deuxième messe)

Face à cette dérive, l’Église catholique reste timide
Le Vatican rappelle que Halloween a des racines chrétiennes, mais déplore que ses pratiques actuelles glorifient la peur, la magie ou l’occultisme. Certains évêques demandent d’en revenir à l’esprit d’origine, mais ces voix se perdent dans le bruit de la fête marchande.

Pourquoi l’Église catholique ne se montre-t-elle pas plus ferme face à une mode qui célèbre la sorcellerie, la peur et la mort ? En tolérant qu’Halloween se développe sans réaction claire, elle semble oublier sa mission première : éclairer les consciences et rappeler la dimension spirituelle de nos traditions. Jadis, la Toussaint et la commémoration des défunts invitaient à la paix intérieure, à la prière et à l’espérance. Aujourd’hui, ces fêtes sont peu à peu reléguées dans l’ombre par un folklore bruyant, dominé par la consommation et le spectaculaire.

Il serait temps que l’Église retrouve la voix prophétique qui fut la sienne, non pour condamner les plaisirs innocents, mais pour redonner sens à ces célébrations. Face à une société fascinée par la peur et le macabre, elle devrait rappeler avec force que la vraie lumière n’est pas celle des citrouilles, mais celle de la foi, de la vie et de l’espérance chrétienne.

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Eric Bertinat
À la suite de la décision de Mgr Lefebvre de consacrer quatre évêques, Éric Bertinat cofonde, avec ses amis les abbés La Praz et Koller, la revue Controverses (1988-1995). En 2010, il fonde l’association Perspective catholique, engagée sur des questions sociétales en lien avec la doctrine chrétienne. Journaliste et collaborateur régulier de plusieurs publications (Le Vigilant, Présent, Una Voce Helvetica, etc.), il entame également une carrière politique dès 1984. Élu député au Grand Conseil de Genève en 1985 sous la bannière de Vigilance, il y revient en 2005 avec l’UDC et occupe plusieurs postes clés jusqu’en 2013. Il est aussi membre du Conseil municipal de Genève à partir de 2011, où il exerce diverses présidences de commissions jusqu’en 2021. Le 5 juin 2018, il est élu président de ce Conseil pour la période 2018-2019.

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