Réassignation sexuelle : des médecins suisses tirent la sonnette d’alarme

Nous publions de larges extraits (1) d’un article récemment paru sans la SonntagsZeitung du 10 décembre 2023 et signé par Michèle Binswanger sous le titre : «Opérations sexuelles chez les mineurs – les médecins tirent la sonnette d’alarme sur les mastectomies – et sont censurés» (2).

De plus en plus de jeunes filles veulent se faire amputer les seins – certaines n’ont pas encore 15 ans. D’éminents médecins critiquent cette pratique, mais les publications spécialisées ne veulent pas en entendre parler.

Les mots choisis par les médecins sont clairs. « Perturbé » par la lecture de deux articles sur le thème de la transidentité, parus dans le « Swiss Medical Forum » (SMF), l’une des principales revues médicales de Suisse. C’est ce qu’affirme le célèbre endocrinologue Urs Eiholzer, directeur du centre d’endocrinologie pédiatrique de Zurich (PEZZ). 

Dans un entretien, il décrit la raison de son malaise. « Je n’ai aucun problème avec la diversité des sexes. Je suis pédiatre. Ce qui m’intéresse, ce sont les enfants et les adolescents. Et dans les articles en question, ceux-ci sont mis sur un pied d’égalité avec les adultes. Je ne suis pas d’avis, par exemple, que l’on puisse accepter sans contestation le souhait d’une fillette de 12 ans de changer de sexe ». Du point de vue du Dr Eiholzer, les articles doivent plutôt être considérés comme des contributions d’opinion que comme des articles scientifiques spécialisés.

(…) Urs Eiholzer a également abordé ce dossier dans une lettre de trois pages adressée à la rédaction de la SMF. Une deuxième lettre de lecteur émanant d’une personne éminente y est également parvenue. Elle a été rédigée par le pédiatre genevois Daniel Halperin et Jacques de Haller, ancien président de la FMH.

(…) Les articles critiqués plaident pour ce que l’on appelle l’approche affirmative dans le traitement de la dysphorie de genre. En substance, cela signifie mettre l’accent sur la perception que les patients ont d’eux-mêmes et ne pas la remettre en question. Les personnes concernées doivent avoir accès le plus rapidement et le plus simplement possible à des méthodes de traitement médical, même sans examen psychologique. En font partie les bloqueurs de puberté, les hormones sexuelles croisées et les mastectomies et autres interventions chirurgicales de changement de sexe.

« L’incongruité de genre », écrit l’équipe d’auteurs autour de Nuñez, n’est pas une maladie, mais un « état de santé ». Il n’est pas nécessaire de disposer de compétences psychologiques pour établir un diagnostic. Tout professionnel de la santé peut le faire sans risque sur la base de la perception que le patient a de lui-même. « Qu’une personne capable de discernement se trompe sur son identité de genre est très rare – contrairement aux inquiétudes souvent formulées à ce sujet ».

(…) La raison pour laquelle ces déclarations suscitent une large critique apparaît clairement au vu des chiffres récemment publiés par l’Office fédéral de la statistique : la demande de mesures de réassignation sexuelle a littéralement explosé ces dernières années, surtout chez les jeunes femmes. Chez les 15-19 ans, par exemple, les interventions ont triplé, il y a même des patientes encore plus jeunes. « Entre 2018 et 2021, selon l’Office fédéral de la statistique, dix jeunes filles âgées de 10 à 14 ans ont subi une ablation chirurgicale des seins – il n’y a pas d’autre indication à cela que la dysphorie de genre », écrit Eiholzer. La question est de savoir si les filles trouvent encore cette décision juste dix ans plus tard – ou si elles regrettent cette étape irréparable à l’âge adulte. 

C’est cette évolution vers des patients de plus en plus jeunes qui inquiète les trois médecins. Car cette tranche d’âge est particulièrement vulnérable pour différentes raisons. La recherche d’identité est un thème important pour les adolescents, pour lequel ils s’inspirent fortement de leurs pairs. L’augmentation significative de la demande de mesures de réassignation sexuelle dans ce groupe d’âge est également liée à la « contagion sociale », affirment des experts critiques, un point de vue que les transactivistes rejettent. De plus, les filles souffrant de dysphorie de genre présentent souvent d’autres troubles psychiques, comme la dépression ou l’autisme. Tout cela devrait conduire à ce qu’elles soient examinées avec un soin particulier. Mais ce n’est pas toujours le cas.

La demande de mesures de réassignation sexuelle a littéralement explosé ces dernières années, surtout chez les jeunes femmes. Chez les 15-19 ans, par exemple, les interventions ont triplé, il y a même des patientes encore plus jeunes.

Office fédéral de la statistique

(…) Daniel Halperin insiste également sur ce point lors de l’entretien. Il décrit une dynamique néfaste qu’il observe depuis longtemps en tant que pédiatre. Il y a quelques années, on a parlé pour la première fois de ces phénomènes dans le cadre de formations continues. On y a appris aux médecins qu’il valait mieux ne pas perdre de temps avec les jeunes qui ne se sentaient pas bien dans leur peau. Ils devaient immédiatement consulter un spécialiste qui prendrait toutes les mesures nécessaires. Selon Halperin, cela comprend également des associations non médicales dirigées par des activistes qui les encouragent à effectuer les transformations nécessaires. 

« Il y a dans ce domaine beaucoup de zones d’ombre et de risques qu’il faut regarder de près », dit le Dr Halperin. Selon lui, c’est aussi l’espoir et la nécessité d’alimenter ce débat qui a motivé la lettre adressée à la rédaction de la SMF.

Mais cela n’a pas eu lieu. MM. Halperin et de Haller ont d’abord été informés que la lettre était trop longue pour être publiée. Après l’avoir soumise à nouveau, sous forme abrégée, fin août, ils n’ont eu aucune nouvelle pendant deux mois. Début octobre, ils ont été informés que la lettre ne serait pas publiée : « Même après avoir été remanié, l’article ne se concentre pas suffisamment sur les aspects purement scientifiques », peut-on lire dans la réponse. La rédaction en a décidé ainsi après une discussion commune. Cela mérite d’être souligné. Non seulement ces deux médecins renvoient dans de nombreuses notes de bas de page à des articles scientifiques sur ce sujet complexe qui couvrent l’état actuel de la discussion. Ils ont plutôt voulu, par leur contribution, contrer la partialité et le manque de sérieux scientifique des articles originaux. 

(…) « Notre société est confrontée à un défi sans précédent, y compris sur la question du genre », déclare le Dr Eiholzer. Après de longues tergiversations, le SMF lui avait assuré en août qu’une version abrégée de sa lettre serait publiée. Il attend toujours.

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(1) Traduit en français par deepl.
(2) https://www.tagesanzeiger.ch/geschlechtsoperationen-aerzte-schlagen-wegen-brustamputationen-alarm-und-werden-zensiert-857150278008

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Newsletter N° 168 – 11 décembre 2023 | Source : Perspective catholique

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