François Schaller – Maintenant que l’on peut de nouveau dire quelque chose de positif sur les Brits sans passer pour un provocateur ou un malade (grâce au président Zelenski), c’est peut-être l’occasion de revenir sur l’économie britannique après le Brexit et depuis l’Accord de commerce et de coopération EU-UK de 2020 (TCA).
Contrairement aux perceptions apocalyptiques (surtout continentales), l’économie britannique n’est pas à plaindre en comparaison européenne.
Bien que ne faisant plus partie du marché européen (« ne participant » plus au marché européen selon la terminologie de Bruxelles), ses taux de croissance sont même très supérieurs à ceux de l’Allemagne. Légèrement supérieurs à la zone euro.
Croissance PIB (Banque mondiale/Statista)
2021 : UK 8.6% ; D 3.7% ; F 6.9% ; eurozone 5.2%
2022 : UK 4.8% ; D 1.4% ; F 2.6% ; eurozone 3,5%
2023 : UK 0.3% ; D -0.3% ; F 0.9% ; eurozone 0.1%
2024 : UK 0.9% ; D -0.2% ; F 1% ; eurozone 0.7%
2025 (prévisions OCDE) : UK 1.7% ; D 0.7% ; F 0.9% ; eurozone 1.3%
A noter que les écarts de croissance n’étaient guère différents dans les périodes précédentes. A l’intérieur ou à l’extérieur de l’UE, le Royaume-Uni a un taux de croissance tendanciellement supérieur à celui de l’Allemagne, et à peu près au niveau de la zone euro. Le Brexit n’a rien changé à cela.
Le TCA est un robuste traité bilatéral de plus de mille pages négocié en neuf mois (2020). En plus du libre-échange classique, il inclut des accords approfondis de voisinage et de coopération (comme les accords Suisse-UE).
Le TCA prévoit aussi des reprises obligatoires de droit européen dans quelques domaines précis. Sur une base de droit international, avec des comités mixtes classiques pour le suivi et les mises à jour. Et une instance de dialogue politique «de haut niveau». Le Royaume-Uni a également un statut de plein associé au programme de recherche européen Horizon.
Mais sans libre-circulation des personnes, sans accord d’alignement juridique dynamique, sans Cour de justice européenne, sans versement annuel de 350 millions d’euros, etc.
C’est précisément ce qu’il aurait fallu à la Suisse pour pérenniser et assurer le suivi des Accords sectoriels bilatéraux I, II et III. Avec Schengen/Dublin, mais sans libre accès réciproque aux marchés du travail (libre circulation).
C’est encore possible d’obtenir tout cela aux mêmes conditions, ou à peu près (après quelques années de rétorsions et de mauvaise humeur européenne). Il suffit de dire non à l’Accord institutionnel 2:0.
Un TCA EU-CH serait a priori bien plus facile à conclure que le TCA EU-UK, puisque les secteurs clés de l’économie sont déjà « accordés » dans les Bilatérales.
La période intermédiaire serait bien moins difficile qu’au Royaume-Uni, qui est sorti de l’UE et doit « reconstruire » son système juridique. En Suisse, on partirait d’un statu quo provisoire.
Pourquoi l’UE n’accorderait pas ce qu’elle a accordé au Royaume-Uni? —
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Newsletter N° 252 – 7 mars 2025 | Source : Perspective catholique