François Schaller – Analyse d’Aargauer Zeitung, 12 février 2015. En substance : si les Suisses ne veulent plus que l’UE se comporte avec eux comme les Etats-Unis de Trump avec le Canada, le Mexique ou le Danemark, mieux vaut qu’ils signent tout de suite le traité de subordination du droit suisse au droit européen.
En d’autres termes : l’ère du multilatéralisme et de l’égalité juridique des Etats est terminée. Même ceux qui ont défendu cela pendant des décennies sont déjà passés à autre chose.
Les grandes puissances se partagent le monde. Ne pas être leur ami, c’est être leur ennemi. Rien ne sert de résister. Leur déléguer notre législation est le meilleur moyen d’augmenter notre souveraineté.
« Ce qui a été négocié ici (entre l’UE et la Suisse) est une forme de résolution des conflits agréable, décente et civilisée, basée sur l’équilibre et le respect. Il s’agit d’une protection juridique contre l’arbitraire et la politique de puissance, dont le petit bénéficie plus que le grand. La souveraineté de la Suisse augmente par rapport au statu quo. La politique de coups bas que l’UE a parfois pratiquée à l’égard de la Suisse dans le passé sera abolie. »
Quelle candeur. Lorsque les dispositions institutionnelles européennes seront ratifiées par la Suisse, l’UE voudra évidemment davantage encore d’intégration.
La subordination du droit dont il est question aujourd’hui ne porterait que sur le marché du travail et sept autres accords sectoriels. Est-ce assez pour faire disparaître ce que Bruxelles considère comme une concurrence déloyale des entreprises suisses dans le monde (qui n’ont pas à souffrir des directives et règlements européens plombant les entreprises européennes)? Il n’y a aucune raison de le penser tant que Bruxelles ne l’aura pas déclaré et mis par écrit.
En d’autres termes : l’UE crée des conflits, menace et exerce des sanctions. Elle propose ensuite une voie irréversible pour la résolution de ces conflits, avec intervention de sa propre cour de justice. Quelle chance. On est prié de trouver cela « équilibré et respectueux ». (X, 14 février 2025)
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Newsletter N° 251 – 19 février 2025 | Source : Perspective catholique