Une crèche ouverte sans répondre aux normes : le scandale de La Petite Maisonnée continue

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Lena Rey – La Petite Maisonnée, acte II. Après un déménagement forcé, décidé en violation du droit – l’effet suspensif de la procédure administrative en cours n’ayant pas été respecté, on aurait pu croire que la page serait tournée. Mais la vérité est plus sombre : ce n’était qu’un prologue. Depuis, chaque jour apporte son lot de révélations et de dysfonctionnements. La situation actuelle dépasse l’entendement.

Pour ceux qui auraient manqué le premier épisode, relisez notre enquête initiale qui a révélé les zones d’ombre entourant les prétendus travaux urgents invoqués pour justifier un déménagement étrangement précipité. Voici la suite de cette saga.

Des ouvriers au milieu des enfants
On nous avait promis que les travaux seraient terminés avant l’emménagement. Mensonge. Un mois plus tard, les ouvriers circulent encore quotidiennement dans les espaces où se trouvent les enfants, en pleine journée. Parfois, les éducatrices se retrouvent à devoir ouvrir à des inconnus, d’autre fois, la porte est carrément calée grande ouverte, laissant l’accès à n’importe quel malfrat. Les parents, eux, doivent se plier à des horaires stricts avec un code d’accès qui se bloque dès la première minute de retard et en dehors des heures autorisées.

Vous terminez le travail plus tôt et voulez faire la surprise de chercher votre enfant à 15h50 ? Interdit ! Résultat : les familles sont filtrées, mais n’importe qui peut entrer. Cherchez l’erreur !

Des espaces non conformes et un balcon dangereux
Depuis le déménagement, une autre réalité a éclaté au grand jour : les salles ne sont pas aux normes. Une pièce de 30 à 40 m² ne peut légalement accueillir que 6 enfants de moins de deux ans. Or, à La Petite Maisonnée, la salle des 12-18 mois fait 32 m²… et elle accueille 10 enfants. On a donc serré des tout-petits dans un espace trop exigu, en toute connaissance de cause.

Quant au balcon, censé offrir une respiration, il s’est transformé en véritable piège. Son grillage permet aux enfants de jouer à Spider-Man – et un enfant a déjà grimpé deux fois. De plus, la hauteur du garde-corps permet de lancer des objets par-dessus, ce qui s’est déjà produit, au risque de blesser quelqu’un en contrebas. Les éducatrices ont immédiatement réclamé la pose de plexiglas pour sécuriser l’endroit. Réponse ? En substance, tant qu’il n’y aura pas d’accident, rien ne sera fait.

Devant cette inertie, les adjointes de direction ont préféré interdire l’accès au balcon, pour éviter un drame. La mesure est proportionnelle mais la sentence lourde : les enfants sont désormais privés de tout extérieur, enfermés dans un bâtiment de béton brut moins accueillant qu’un abri de protection civile.

Des abords dangereux et impraticables
Comme si cela ne suffisait pas, les abords de la crèche sont tout aussi inquiétants. Camions stationnés sur les trottoirs, routes saturées de chantiers… Pour sortir, les éducatrices sont parfois contraintes de pousser les poussettes directement sur la route. Autant dire qu’à chaque sortie, c’est l’angoisse pour le personnel. Et pour atteindre un parc ? Le temps du trajet engloutit grandement la pause des enfants. À part une sortie occasionnelle et brève, les petits sont privés de verdure.

Le mépris du personnel
Même pour les éducatrices, la situation est indigne. Avant, elles pouvaient profiter d’un parc ou d’un café accessible. Aujourd’hui, il ne reste rien à proximité, pas même un banc – à moins de vouloir s’offrir une collation hors de prix à l’hôtel Intercontinental. Le local de pause dimensionné pour 10 personnes, ne permet pas d’accueillir la quarantaine de collaboratrices. Certaines doivent manger debout, comme si leur travail ne méritait pas la moindre reconnaissance.

Pendant ce temps…
Pendant ce temps, rappelons-le, une crèche parfaitement fonctionnelle reste vide. On a donc déplacé La Petite Maisonnée, sacrifié la sécurité des enfants, bafoué la dignité des éducatrices et piétiné le droit… pour laisser un bâtiment en bon état inutilisé.

Déni des autorités. Et la justice ?
Face à ces constats, nous avons interpellé la Ville. La réponse de Mme Kitsos illustre à merveille le décalage entre la réalité vécue et la langue de bois institutionnelle. Tout est minimisé, enjolivé, effacé sous un vernis administratif. Quant au Conseil Municipal, la pétition – première action lancée pour essayer de sauver l’ancienne Petite Maisonnée – était à l’ordre du jour de la séance plénière du 1er octobre. Mais une fois de plus, elle est passée à la trappe faute de temps. Il faut croire que le bien-être des enfants n’est pas un sujet si important…

Et la justice ? Elle n’est pas en reste. Le tribunal a rejeté le recours des familles en reprenant mot pour mot les arguments de la Ville, sans même examiner le fond. Ce n’est pas seulement un signe de désintérêt : c’est un déni du rôle même de la justice, qui devrait garantir un examen indépendant. De quoi se poser sérieusement des questions sur la séparation des pouvoirs dans ce canton.

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