Se confesser ou se confiner ? C’est la question que se sont posées de nombreux catholiques, en Suisse comme ailleurs avant les célébrations pascales. L’expression « faire ses Pâques », devenue obsolète depuis l’introduction des absolutions collectives suite au Concile de Vatican II, semble être revenue d’actualité en cette période de pandémie. En effet, le coronavirus frappe fort et vite : suis-je prêt, demain, à comparaître devant Dieu ? La confession des fautes est un moyen prescrit par Dieu d’exprimer la contrition du cœur et demander l’intercession de l’Eglise. La Conférence des évêques suisses relativise ce précepte alors que d’autres rappellent la nécessité de se confesser et de communier physiquement…
Cette année, le coronavirus effraie la Conférence des évêques suisses (CES). Dans ses recommandations du 27 mars dernier, elle précise que « l’obligation de recevoir chaque année le sacrement du pardon n’est pas liée à la fête de Pâques, raison pour laquelle les évêques libèrent (les fidèles) de la recommandation de la confession pascale ». Tout comme lors de la publication récente de la statistique sur le baptême, plutôt que de profiter de l’occasion pour rappeler l’importance des sacrements, la CES préfère la confusion des esprits et laisse les catholiques toujours plus perplexes et… de moins en moins pratiquants.
Pourtant la doctrine catholique en la matière est claire : le Concile de Trente a solennellement défini qu’il est nécessaire d’avouer en détail les péchés mortels commis après le baptême pour pouvoir recevoir l’absolution, et que cette obligation vient de Dieu lui-même. Les premiers chrétiens se confessaient : « Beaucoup de ceux qui étaient devenus croyants venaient confesser et avouer leurs pratiques », lit-on dans les Actes des Apôtres.
L’Église formule une pratique minimum, dont le Catéchisme atteste : « Tout fidèle est tenu par l’obligation de recevoir la Sainte Communion au moins chaque année à Pâques » ce qui « garantit un minimum dans la réception du Corps et du Sang du Seigneur en liaison avec les fêtes Pascales, origine et centre de la liturgie chrétienne » (CEC n°2042). « Ce précepte – précise le Code du Droit Canonique – doit être rempli durant le temps pascal, à moins que pour une juste cause, il ne le soit à une autre époque de l’année. » (n°920, §2).
Si toute la communication de la CES fait preuve de tiédeur (pourquoi rappeler les raisons qui ont poussé les réformateurs à remettre en cause la pratique de la confession), on trouve dans le clergé des religieux beaucoup moins timide. Ainsi en est-il du Père Nicolas Buttet. Sur sa page Facebook, le fondateur de la communauté Eucharistein, basée à Epinassey (VS), débat avec hardiesse sur la possibilité et la nécessité de se confesser et de communier physiquement à l’occasion de Semaine sainte. Il relaie en particulier l’avis d’un professeur de microbiologie, le docteur Gerard M. Nadal, de New York: «D’un point de vue strictement scientifique, il ne semble pas y avoir de bonne raison liée à la pandémie pour refuser aux fidèles le sacrement de la confession. Les gens prennent des risques infiniment plus grands en allant dans les magasins pour acheter de la nourriture et d’autres services ‘essentiels’, et font la queue avec d’autres personnes dans des endroits proches. […] Mais c’est aussi l’heure du courage, et lorsqu’il s’agit de fermer complètement la porte à la possibilité de la confession sacramentelle et de l’onction des malades, en tant que professeur de microbiologie, j’invite respectueusement les évêques à reconsidérer leur position.» (cath.ch/mp)
Nicolas Buttet souhaite une «authentique réflexion sur l’administration des sacrements en ce temps de crise, avant «de passer trop vite au ‘spirituel’ et au ‘virtuel’ et la responsabilité de la hiérarchie pour permettre de ‘toucher’ la chair blessée de nos frères et sœurs.» Il se fait en outre le relais de la pétition lancée le 4 avril par le site l’incorrect pour communier à Pâques.
Lettre d’information N° 11 – 10 avril 2020 | Source : Perspective catholique