Abbé Alain René Arbez – Tel un fleuve en furie, les événements qui ont brusquement bouleversé la planète en faisant surgir la mort au premier plan ont fait sauter les digues de la pensée convenue, et les assurances tranquilles se sont évaporées sous cette épée de Damoclès.
Révélant les incuries des pouvoirs, les faits sont têtus car ils renvoient à d’indicibles impasses les illusions disqualifiées du prêt-à-penser. L’insouciance vole en éclats et une onde de choc vient saborder les rhétoriques usées des prévaricateurs réfugiés dans leurs tours d’ivoire.
Peut-être que cet inattendu tragique d’un virus ravageur aura le mérite de redistribuer les cartes et l’opportunité de rendre une crédibilité au vrai sens de la vie ! Le spirituel lié à la pointe de l’âme humaine va-t-il enfin retrouver sa place au cœur des débats ?
L’habituelle fuite en avant vers un futur planifié sera-t-elle remplacée par la soif d’un avenir réellement humanisé?
Obsolètes ces programmations insensées qui réduisaient nos vies à des postures répétitives et consommatrices. En étaient rétrécis nos espaces intérieurs conditionnés aux ordres stériles des grands communicants mondialistes…
A l’aune d’un nouveau paradigme, redeviendrons-nous des êtres enracinés et inspirés ?
Ainsi est apparu sans masques le règne impitoyable d’un terrorisme intellectuel et mercantile. En vertu de quoi le retour à l’humain sera la voie étroite à laquelle devront consentir les décideurs, sous la pression des attentes populaires excédées par les stratégies politiciennes.
La fiction d’un vivre ensemble anonyme et sans âme s’écroule sous les assauts de ces innombrables drames quotidiens et de leur réalité consternante. L’actualité révèle la violence multiforme qui s’est peu à peu imposée dans la vie quotidienne de tout un chacun.
Le temps des renouveaux est-il arrivé ? Une autre distribution des cartes s’impose au nom du respect de l’être humain…La suffisance des uns ne pourra plus ignorer la détresse des autres, car les décors factices d’une société à la dérive s’évanouissent à chaque dernier soupir.
Dans ce raz de marée sidérant, seul demeure le don de soi insurpassable de ceux et celles qui soignent et qui assistent des êtres en souffrance, ainsi, dans le terrain social est semé le germe de cette dignité retrouvée qui résiste à toute mort.
Lettre d’information N° 15 – 11 mai 2020 | Source : Perspective catholique