Que faut-il réformer ? André Charlier

0
51

Comme Dieu, Jésus aimait d’un égal amour tous les hommes qui étaient nés jusqu’alors et tous ceux qui devaient naître jusqu’à la consommation des siècles. Comme Homme, Jésus aimait d’abord ceux qui étaient à la portée de son regard et de sa voix, ceux à qui le liaient des liens naturels, et c’est à travers eux et par eux qu’Il a sauvé le monde. Il est très remarquable que lorsque les disciples dirent à Jésus qu’il devait se manifester au monde – et le monde, pour eux, c’était Jérusalem -, le Maître se déroba. Il ne faut pas vouloir penser le monde et aimer le monde avant d’avoir pensé et aimé les créatures qui nous sont immédiatement et étroitement liées : on courrait le risque  de ne rien penser et de ne rien aimer. Il est très difficile d’aimer une seule personne comme elle doit être aimée, il n’est pas besoin pour le comprendre d’avoir une grande expérience de la vie et de la précarité des amours humains. Les saints les plus dévorés de l’amour des hommes, les plus décidés au sacrifice de leur vie pour le salut du monde, ont simplement aimé d’un amour total ceux qu’ils trouvaient sur leur chemin : ils ont fait comme Jésus. Mais l’amour a des radiations si puissantes que d’une source invisible aux yeux charnels il est capable d’embrasser l’univers.

La réforme à faire est très simple, peut-être trop simple, puisqu’il paraît que les choses simples sont les plus difficiles. Pour la faire, il ne suffit pas d’avoir des idées justes, il faut encore les vivre ; or, si je vois bien quelques hommes qui professent des idées justes, je n’en vois guère qui ont le goût de les vivre, et de les vivre jusqu’au bout, quoi qu’il puisse arriver. J’aime les humbles et les silencieux, ceux qui essayent simplement d’être, c’est-à-dire de se conformer à cette volonté de Dieu qui est sur eux, et qui ne peut pas ne pas être révélée s’ils sont attentifs. Ceux-là atteignent la vraie connaissance, d’où peut découler, si Dieu le permet, la vraie action sur le monde. Jésus n’a pas demandé à ses Apôtres des choses extraordinaires : Il leur a demandé d’être des témoins. Aujourd’hui, comme aux premiers temps du Christianisme, les hommes seront sensibles à un témoignage, au témoignage de la vie et non du discours, et je crois qu’ils ne peuvent être sensibles qu’à cela. Il faut donc vivre, non pas d’une vie médiocre et chétive, mais de la vie du Christ, qui est le seul réformateur.

___________________________________________________________________________________
Lettre d’information N° 48 – 28 juin 2021 | Source : Perspective catholique

Article précédentDieu est amour, mais tout amour n’est pas de Dieu…
Article suivantUn seul et même combat
Eric Bertinat
Éric Bertinat est une figure active du catholicisme traditionaliste et de la politique genevoise. En 1988, il cofonde la revue Controverses, influente dans les milieux catholiques traditionalistes francophones. Il fonde également en 2010 l’association Perspective catholique, engagée sur des questions sociétales en lien avec la doctrine chrétienne. Journaliste et collaborateur régulier de plusieurs publications (Le Vigilant, Présent, Una Voce Helvetica, etc.), il entame aussi une longue carrière politique. Élu député au Grand Conseil de Genève en 1985 sous la bannière de Vigilance, il y revient en 2005 et occupe plusieurs postes clés jusqu'en 2013. Il est également membre du Conseil municipal de Genève dès 2011, y occupant diverses présidences de commissions jusqu'en 2021.Il en est élu président le 5 juin 2018 pour 2018-2019.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici