Deuil périnatal : la réalité de l’enfant à naître

Eric Bertinat – Les autorités communales de Genève, majoritairement de gauche, rendent hommage aux enfants «décédés avant leur naissance ou peu après» en organisant chaque année une cérémonie dédiée au deuil périnatal. Elle s’est tenue le 6 mai dernier. On l’en félicite.

Mais qu’est-ce que ce deuil périnatal ? Un petit saut sur le site des Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) nous apprend ce qu’est un deuil périnatal: il s’agit d’enfants «morts en cours de grossesse (fausse couche, interruption de grossesse suite à la découverte d’une anomalie fœatale grave, décès in utero), à la naissance ou durant les sept premiers jours de vie» (1). De son côté, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) situe cette période de deuil pour des enfants à partir de la vingt-deuxième semaine de grossesse (ou un fœtus sans vie d’au moins 500 g). 

Un diagnostic ne doit pas être l’équivalent d’une sentence de mort
Pour notre part, nous nous rangeons aux côtés du professeur Lejeune, médecin co-découvreur de la trisomie 21, pour qui «la constitution génétique de l’homme est achevée dès la fécondation». Ce que dit également le catéchisme de l’Église catholique : « Puisqu’il doit être traité comme une personne, dès la conception, l’embryon devra être défendu dans son intégrité, soigné et guéri, dans la mesure du possible comme tout autre être humain» (§2274).

Dans sa définition, les HUG citent l’«interruption de grossesse suite à la découverte d’une anomalie fœtale grave». Les autorités médicales évoquent clairement l’existence d’un enfant au moment d’un avortement mais n’en sont pas moins en totale contradiction avec notre catéchisme puisque le diagnostic prénatal est moralement licite, «s’il respecte la vie et l’intégrité de l’embryon et du fœtus humain, et s’il est orienté à sa sauvegarde ou à sa guérison individuelle … Il est gravement en opposition avec la loi morale, quand il prévoit, en fonction des résultats, l’éventualité de provoquer un avortement. Un diagnostic ne doit pas être l’équivalent d’une sentence de mort» (CDF, instr. Donum vitæ 1, 2).

Des enfants avortés en bonne santé
Comment ne pas relever qu’à la suite de cette définition autoritaire, l’on constate que ces notables rejettent les enfants avortés en bonne santé durant ce temps de grossesse. Et que penser de la justification de ce délai fixé à la 22e semaine qui permet aux parents de pouvoir engager un certain nombre de démarches, notamment la déclaration de l’enfant à l’état civil ?

D’un côté, des parents en deuil à qui l’on reconnaît la notion d’être humain à leur enfant suite à un avortement à partir d’un délai. D’un autre côté, ces mêmes autorités n’envisagent pas que l’embryon soit un individu ou personne depuis la fécondation pour légaliser l’avortement. En Suisse, 5% des avortements pratiqués sont au-delà des 12 premières semaines admises par la loi.

Pour Marie-José Soubieux, psychiatre, psychanalyste et spécialiste du deuil périnatal, «le deuil périnatal va au-delà de cette simple définition » (2). Le deuil périnatal concerne donc également les morts foetales in utero, les interruptions médicales de grossesses décidées en raison de grave malformations, les IVG, les fausses couches, les réductions embryonnaires, les interruptions sélectives de grossesse, les grossesses extra utérine ou encore la découverte de stérilité».

Il donc périlleux – et bien orgueilleux – de définir quand commence un deuil prénatal sans remettre en question la qualité même d’embryon d’être humain en devenir, en bonne santé ou pas. La superposition des délais entre deuil pénatal et avortement concerne donc bel et bien un être humain, selon la définition médicale même.

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(1) Voir https://www.hug.ch/obstetrique/deuil-perinatal#:~:text=La%20mort%20p%C3%A9rinatale%20est%20la,sept%20premiers%20jours%20de%20vie.
(2) Voir https://www.happyend.life/deuil-perinatal-particularites/

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Newsletter N° 130 – 30 mai 2023 | Source : Perspective catholique

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