Charlie Kirk, au-delà de la caricature

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VP – Ce 23 septembre, le site catholique cath.ch a publié un entretien avec M. Philippe Gonzalez, sociologue des religions à l’Université de Lausanne. Cet article, sous couvert d’analyse, présente Charlie Kirk comme un personnage d’extrême droite suprémaciste. Il est précisé que ce “nationaliste chrétien (…) qualifiait l’avortement de meurtre”. Il est à vrai dire fait état d’un homme dont les idées sont peu recommandables et “ultra conservatrices”.

Il est vrai que tout un chacun est libre d’émettre une opinion.  Que ce discours paraisse sur un média laïc ou ouvertement anti-religieux, rien de plus normal : la liberté d’expression permet la caricature. Mais le voir relayé sur un site catholique étonne et interpelle. Quelle en est la raison? L’ignorance simple de ce que fut Charlie Kirk et de sa mission ? La crainte de soutenir une figure associée à Donald Trump ? La peur de défendre ce que le monde condamne ? Il ne nous appartient pas ici de déterminer les motifs derrière la publication de cet article. 

Il semble toutefois grave et sérieux qu’un catholique découvre Charlie Kirk au travers d’un tel prisme, d’autant plus sur un portail catholique. 

Voilà ce qui nous motive aujourd’hui à répondre à ce portrait. Non par esprit polémique, mais parce qu’il repose sur une méconnaissance réelle de qui était Charlie Kirk.

Qui était donc Charlie Kirk?

Charlie Kirk était une figure incontestable du courant conservateur aux USA. Il est le fondateur de l’organisation Turning Point USA, une organisation engagée “à identifier, éduquer, former et organiser les étudiants afin de promouvoir la liberté […] (qui) guide les citoyens dans le développement de leurs connaissances, compétences, valeurs et motivations afin qu’ils puissent s’engager de manière significative dans leurs communautés pour restaurer les valeurs traditionnelles américaines telles que le patriotisme, le respect de la vie, la liberté, la famille et la responsabilité fiscale” (1). 

Charlie Kirk a concentré une grande partie de son action sur les campus universitaires. Il s’est fait particulièrement connaître sur les réseaux sociaux grâce à son format « Prove me wrong ». Le principe en était simple : assis sur une chaise, micro en main, il invitait quiconque le souhaitait à venir débattre, poser des questions ou confronter ses idées aux siennes. Pour lui, susciter la discussion était une nécessité : “Quand les gens cessent de communiquer, les choses tournent vraiment mal. Quand les couples cessent de communiquer, ils divorcent. Quand les civilisations cessent de communiquer, la guerre civile éclate. Et quand vous cessez d’entretenir des relations humaines avec ceux avec qui vous êtes en désaccord, il devient beaucoup plus facile de vouloir commettre des actes de violence contre ce groupe(2).

Mais cette mission publique n’avait de sens que parce qu’elle s’enracinait dans une mission plus profonde, celle qui animait toute sa vie et donnait sens à son combat: la vérité de l’Évangile. Toutes ses actions découlaient réellement et concrètement de cette fidélité à l’Évangile.

Un apôtre moderne

Charlie le disait lui-même : “Je suis bien plus intéressé par ce que Dieu veut de moi que par ce que je veux de Dieu.” Sa foi n’était pas accessoire, mais réellement présente dans chacune de ses prises de parole. Dans une interview, alors qu’on lui demandait quelles étaient ses pensées avant d’entrer sur ces campus, il répondit : “Ma prière est très simple… Dieu, utilise-moi pour accomplir ta volonté.(3).

Nous pourrions citer un nombre innombrable d’exemples : Charlie Kirk parlait d’abord de Dieu et ensuite des valeurs qui en découlent.

C’est encore sa foi qui le rendait attentif et respectueux. Malgré le portrait revendicateur et agressif qu’on dresse souvent de lui, une recherche même superficielle suffit à montrer qu’il se distinguait en réalité par sa bienveillance.

Alors qu’il intervenait sur le Whatever Podcast et s’adressait à des jeunes femmes dont le revenu principal est la prostitution, l’une de ses interlocutrices le remerciait pour son respect tout au long de la discussion. Ce à quoi il répondit : “Je peux vous dire que ce n’est pas moi. Si c’était moi, je serais en train de crier et de hurler. C’est le Saint-Esprit. Je sais que ça peut sembler ridicule, voire cliché, mais Jésus agit réellement dans ma vie.”(4).

Il voulait simplement et sincèrement discuter, entendre la personne en face défendre ses idées et permettre un débat constructif et respectueux. Il déclara au début de l’un de ses événements “Prove me wrong” : “Si quelqu’un de gauche s’approche du micro, traitons-le avec respect, ne l’interrompons pas, ne le regardons pas de travers et ne le huons pas. Montrons à la gauche le respect que nous n’obtenons pas sur ces campus universitaires.(5).

Citons encore sa réponse lorsqu’on lui demanda s’il avait de la haine pour la communauté LGBT : “Comment pourrais-je haïr ce pour quoi j’ai du cœur ? Et il se peut que je ne sois pas d’accord avec certains choix de vie que certaines personnes font […] Si vous me demandez si j’ai de la haine dans mon cœur pour quelqu’un qui ne suit pas le mode de vie que, selon moi, Dieu a établi dans les Écritures, bien sûr que non.(6).

Il est tout à fait surprenant de voir Kirk qualifié de raciste dans cet article de cath.ch, alors que nous l’entendons élever la voix contre un conservateur qui soutenait que l’Amérique devait être une nation de Blancs : “Qu’est-ce que cela signifie d’être américain ? Est-ce une question de couleur de peau ou autre chose ? […] Votre idéologie n’est pas conservatrice. Elle est de droite, identitaire et n’a pas sa place dans le mouvement conservateur.”(7).

Il nous semble opportun de préciser ici que ces citations ne sont pas le fruit d’une recherche exhaustive. Une recherche même superficielle montrera rapidement à l’individu de bonne foi que Charlie Kirk était réellement bienveillant et poli avec ses interlocuteurs.

Van Jones, un animateur connu de CNN, réputé pour sa défense d’une idéologie de gauche et adversaire notable de Charlie Kirk, a pris la parole pour parler de lui. Van Jones a publié un message reçu de Kirk la veille de son assassinat :

Hé Van, je suis sérieux, j’adorerais t’avoir sur mon émission pour avoir une conversation respectueuse sur la criminalité et la question raciale. Je me comporterais en gentleman, comme je sais que tu le ferais aussi. Nous pouvons être en désaccord sur certains sujets, tout en restant d’accord sur la manière de le faire.”

Alors que Van Jones constate la haine de la gauche et les incitations à la violence, il déclare: Ce n’est PAS ainsi que Charlie Kirk a géré le désaccord. Pas du tout. Lorsque leur différend public a commencé à déraper, quelle a été la réaction de Kirk ? Il a encouragé davantage de dialogue, et non davantage de silence ou de censure. Il a encouragé davantage de civilité, et non davantage de virulence.”(8).

Il est également intéressant de noter que M. Gonzalez impute à l’administration Trump une forme de « chasse aux sorcières ». Rappelons, à ce titre, les propos de Charlie Kirk évoquant son émotion au moment de l’élection de Donald Trump : “Vous savez pourquoi j’ai pleuré le soir de l’élection? Je vais vous le dire […] Joe Biden a envoyé tout le gouvernement fédéral contre Turning Point USA et contre moi personnellement. Ils voulaient m’envoyer en prison fédérale, et disons-le, c’est ce que font les despotes, pas Donald Trump. Alors, quand Donald Trump a gagné, ce fut un soulagement : peut-être que je n’irai pas en prison fédérale, peut-être que je pourrai être auprès de mes enfants et que nous pourrons vivre dans une société libre.”(9). 

La puissance du pardon et du retour à Dieu

Le meurtre de Charlie Kirk a provoqué une vague d’émotion parmi les chrétiens du monde entier, car tous ont reconnu en lui un défenseur des valeurs chrétiennes. Alors que M. Gonzalez considère avec scepticisme le mémorial de Charlie Kirk, les chrétiens s’enthousiasment de voir une célébration si publique parler de Dieu et des principes qu’Il nous demande de pratiquer dans nos vies.

Comment ne pas s’émouvoir en voyant l’épouse de Kirk déclarer devant des milliers de personnes :“Mon mari Charlie voulait sauver les jeunes hommes, comme celui qui a pris sa vie. […] Cet homme, ce jeune homme, je lui pardonne. Je lui pardonne parce que c’est ce que le Christ a fait et ce que Charlie aurait fait. La réponse à la haine n’est pas la haine.”

C’est le pardon chrétien vécu concrètement et réellement, et c’est un admirable témoignage.

Comment ne pas se réjouir en entendant Erika Kirk dire encore : “Priez à nouveau, relisez la Bible, allez à l’église dimanche prochain et le dimanche suivant, et libérez-vous des tentations et des chaînes de ce monde. Être disciple du Christ n’est pas facile. Ce n’est pas censé l’être. Jésus a dit : « Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. »(10). 

Nous pouvons avoir un regard sceptique sur la théâtralisation américaine, qui parfois nous paraît excessive et à laquelle nous ne sommes pas habitués. Mais comme chrétiens, comme catholiques, nous devons saluer la mise à l’honneur de Dieu par le gouvernement américain (quels que soient les motifs) et l’appel univoque à un retour aux principes de l’Évangile. Tout catholique, tout chrétien y aspire, et c’est indéniablement par le sacrifice conscient de personnes comme Charlie Kirk que nous voyons des âmes égarées revenir à leur pasteur. De nombreux pasteurs et prêtres catholiques en témoignent : depuis l’assassinat de Charlie Kirk, de nombreuses personnes sont venues à l’église pour la première fois.

L’apostolat sans compromis : un rappel nécessaire

Le scepticisme et, disons-le, la critique mis en avant par cath.ch nient à quelque part la défense des valeurs chrétiennes. Le combat charitable et pourtant intransigeant pour la défense de la Vérité est aujourd’hui trop souvent perçu comme du radicalisme, et la fermeté dans ses convictions comme de l’intolérance.

Nous voudrions souligner ici que le Christ lui-même n’a pas “toléré” les marchands du temple. Il les a chassés, a renversé les tables et dispersé la monnaie des changeurs (Jean 2:13-17). Jésus a condamné sévèrement l’incrédulité des villes qui ont vu ses miracles mais n’ont pas cru en lui (Matthieu 11:20-24). Il critiqua vivement les pharisiens, les qualifiant de « guides aveugles » et de « fils de la géhenne » (Matthieu 23:1-36). On peut alors se demander quels qualificatifs lui seraient attribués s’il vivait et agissait au XXIᵉ siècle… Extrémiste ? Totalitaire ? Nationaliste ?

Nous souhaitons réitérer ici que tout un chacun est libre de former et d’exprimer sa propre opinion. Il semble toutefois déconcertant qu’un média catholique adopte ce discours caricatural. Il y a au fond une condamnation implicite de l’apostolat sans concession, de l’apostolat de Jésus lui-même.

À la suite de Charlie Kirk : foi, courage et fidélité à l’Évangile

En définitive, Charlie Kirk restera dans les mémoires comme un homme animé par une foi profonde, guidé par l’Évangile et courageux dans le débat public. Son engagement sur les campus, ses échanges ouverts et respectueux, et sa fidélité à ses convictions montrent qu’il ne se contentait pas de parler de la vérité : il la vivait pleinement.

La meilleure manière d’honorer aujourd’hui son combat est de le poursuivre à sa suite : parler de Dieu sans réserve et défendre Ses principes sans jamais céder aux compromis du monde. Comme Kirk lui-même l’affirmait :

Si vous croyez en quelque chose, vous devez avoir le courage de vous battre pour ces idées, et non pas les fuir ou essayer de les étouffer.(11).

Prions pour que Dieu nous accorde le courage de ne jamais abandonner ce combat. Prions le Saint-Esprit pour qu’Il nous inspire à prêcher Sa parole avec charité, compassion et bienveillance. Prions le Christ pour qu’Il nous aide à porter fidèlement la croix qui nous est confiée.

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