Véronique Julmy – Ces derniers mois, la liste des normes régissant ce qu’on nommait autrefois « la liberté de culte » s’est considérablement allongée : Interdiction d’assister à la messe, puis restriction du nombre de participants, port du masque obligatoire, interdiction du chant choral, interdiction du chant dans l’assemblée, inscriptions obligatoires, contrôle aux entrées. Une fois à l’intérieur de l’église : désinfection des mains en entrant et en sortant, obligation de remplir à nouveau un bulletin déclinant l’identité complète, désinfection de l’église entre chaque office, suppression d’un rang sur deux, distanciation sociale sur les bancs qui restent ouverts, suppression de l’eau bénite dans les bénitiers et suppression de l’aspersion, suppression de la quête durant les offices, baptêmes et mariages limités à 5 personnes, rencontres dans les cimetières limitées à 5 personnes, consignes de sécurité placardées à chaque entrée, consignes de sécurité présentées en détail lors de l’inscription à la messe… C’est dans ce contexte que Patrick Chuard du journal La Liberté s’en est pris samedi dernier à la manière dont le prêtre distribue la communion à la Basilique Notre-Dame de Fribourg, jugée non suffisamment sécuritaire et ce alors que ce dernier se désinfecte scrupuleusement les mains après chaque communion.
Le délateur a le vent en poupe
C’est l’occasion pour nous de réfléchir de manière spécifique à une thématique ancienne qui revient en force : celle de la délation. Je reçois un parent et ne porte pas le masque alors que nous sommes à deux dans le salon ET que nous ne vivons pas sous le même toit ? La fillette de la voisine va jouer chez son amie dans un foyer qui comprend déjà 5 personnes ? Un enfant de 12 ans ne porte pas son masque ? Enfin ! Après des années de frustrations, de pratique vaine d’espionnage inutile, le délateur peut hurler au loup, s’indigner publiquement, feindre d’être choqué.
Un nouvel intégrisme sanitaire
Nos lois actuelles constituent l’avènement des délateurs de tous bords, des légalistes et des nouveaux intégristes sanitaires. La pratique journalistique actuelle ne consiste plus à informer, mais bien à distribuer les bons et les mauvais points de la nouvelle respectabilité hydro-alcoolique. Nos lois sont devenues tellement restrictives qu’elles en deviennent inapplicables, de manière parfaite, dans notre quotidien. Cela ouvre bien des perspectives thématiques pour nos journalistes désœuvrés et en manque manifeste d’imagination. Après le respect des normes sanitaires par nos politiciens, dans les bistros, dans les bus et à présent, en église, on imagine déjà la portée des prochains articles de presse en quête d’inspiration. Dans ce contexte, nos médias auront désormais le loisir de déployer leur savoir-faire et leur professionnalisme dans la réalisation du catalogue des lieux dans lesquels ces nouvelles lois démontrent toute l’étendue de leur absurdité.
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Lettre d’information N° 40 – 30 janvier 2021 | Source : Perspective catholique