Eric Bertinat – Suite à la destitution de Mgr Joseph E. Stickland, évêque de Tyler (Texas), le cardinal Sarah a affirmé que la crise de l’Église est entrée dans une nouvelle phase : la crise du Magistère (Diane Montagna dans le Catholic Herald). Ce sont des mots très durs dans la bouche d’un cardinal mondialement connu et reconnu pour son sens de la mesure et son amour de l’Église. Admettre une crise du Magistère, c’est admettre aujourd’hui, en 2023, que l’enseignement officiel de la Sainte Église Catholique sur la foi et les mœurs dispensé par le pape François et les évêques est déviant, qu’il n’est plus catholique. Que le véritable sens de la révélation qu’ils ont reçu en dépôt afin de le garder saintement et l’exposer fidèlement n’est plus gardé saintement et n’est plus exposé fidèlement par le clergé.

Cette crise plonge ses racines dans le combat que livra le libéralisme catholique aux conservateurs au lendemain de la révolution française. Malheureusement, il a gagné en influence au fil des années dans l’Église et jusqu’au plus haut niveau de sa hiérarchie. Une force d’abord clandestine comme le précisa saint Pie X peu avant sa mort le 17 mai 1914. Jean Madiran nous le rappelle dans ses « Chroniques sous Benoît XVI » (1). Dans une allocution aux nouveaux cardinaux, le saint Pape explique que le modernisme n’a ni disparu ni reculé ; il appelle à « résister aux perfides assauts auxquels l’Église est en butte de la part non seulement de ses ennemis mais spécialement de ses propres enfants« . (…) »Nous sommes en un temps où l’on accueille et adopte avec facilité certaines idées de conciliation de la foi avec l’esprit moderne, idées qui conduisent plus loin qu’on ne le pense, non seulement à l’affaiblissement mais à la perte totale de la foi ».

Le Pape flingue l’évêque du Texas

Le pape François franchit un pas supplémentaire aujourd’hui dans ce combat séculaire, il écarte Son Excellence Joseph E. Strickland. Il ose ce qu’il convient d’appeler une purge, la mise à l’écart de contradicteurs, de personnalités génantes tel l’évêque en exercice, probablement le plus critique à l’égard du pontificat actuel. Mgr Strickland avait pris l’habitude d’exprimer son malaise, commun à celui de nombreux pasteurs et fidèles à travers le monde, face à l’orientation prise par ce pontificat en matière de doctrine, de morale et de liturgie.

Dans une lettre adressée à son diocèse fin septembre, l’évêque texan avait ouvertement critiqué le Synode sur la synodalité, y voyant une tentative de certains de détourner l’attention du catholicisme du salut éternel des âmes dans le Christ.

Par ailleurs, Mgr Strickland avait décidé de ne pas appliquer Traditionis Custodes de manière restrictive dans son diocèse, continuant à célébrer dans la forme extraordinaire de l’unique rite romain.

L’évêque laisse les séminaires de Tyler pleins de vocations, des comptes en ordre, aucune violation du Code Canon. Il est difficile de ne pas lier sa destitution aux critiques du pontificat et du Synode que le Texan, parmi les rares, a préféré aborder franchement, comme François lui-même l’avait demandé à plusieurs reprises, en s’insurgeant contre les commérages.

Nous voilà donc en pleine crise

Connaissant l’intelligence et la prudence du cardinal Sarah, l’on devine sans peine que l’Eglise catholique entre dans de grandes turbulences et que des voix continueront de s’élever pour contester les discours et autres décisions non conformes à l’enseignement de l’Église tenus par François et ses ministres sur l’avortement, sur l’admission à la communion d’hommes politiques favorables à l’avortement, sur la bénédiction des couples de même sexe, sur le gender, sur la nouvelle synodalité. 

Après le synode sur l’Amazonie qui, selon la planification préalable, aurait dû approuver beaucoup plus d’innovations que celles qui ont été décidées, ou le récent synode sur la synodalité, ou encore la nomination très contestée de Mgr Victor Fernández à la Doctrine de la Foi, voici un acte hautement symbolique qui ressemble beaucoup à une déclaration de guerre dans l’Église.

Nous portons à votre connaissance ci-dessous deux textes d’importance pour bien compredre la tragédie de l’Église catholique qui se joue sous nos yeux avec la destitution de Mgr Joseph E. Stickland.

Ainsi que le dit Mgr Schneider dans sa Déclaration : Ce qui est arrivé aux évêques lors de la crise arienne au IVe siècle, qui ont été destitués et exilés uniquement parce qu’ils prêchaient sans crainte la foi catholique traditionnelle, se reproduit de nos jours.

– Déclaration de Mgr Schneider suite à la déposition de Mgr Strickland par le Saint-Siège, publiée par nos amis de Renaissance catholique
(cliquez ici !).
– Traduction de Jeanne Schmits de la réaction de Mgr Strickland à sa destitution 

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(1) Tome II – page 83

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Newsletter N° 162 – 15 novembre 2023 | Source : Perspective catholique