
Eric Bertinat – « La Suisse doit en faire davantage en matière de santé sexuelle » ordonnait voici une année la toute puissante organisation Santé sexuelle Suisse (SSCH), en collaboration avec «Sexual Right Initiative». Elle exige une contraception gratuite, une éducation sexuelle harmonisée et de meilleures statistiques sur les questions de genre. La Suisse devrait élaborer «une stratégie nationale de santé sexuelle et que celle-ci soit mise en œuvre dans tous les cantons ».
Un rapide coup d’œil dans l’impressionnante littérature de cette officine du mondialisme nous laisse pantois devant les forces en présence. L’on comprend mieux la frilosité des politiciens à s’opposer à un véritable arsenal : des Standards pour l’éducation sexuelle en Europe de l’OMS, en passant par la Déclaration des droits sexuels de l’IPPF, la Convention des droits de l’enfant de l’Organisation des Nations Unies (ONU), les cadres de référence de l’OMS pour l’éducation à la santé basée sur les compétences psychosociales dans le cadre de l’école, jusqu’au Plan d’études romand (PER) suffisent à calmer les oppositions à ces exigences pour la plupart révoltantes : la SSCH veut «sensibiliser» la jeunesse sur le consentement, les émotions et les sentiments, la masturbation, les IST, l’orientation sexuelle et l’identité de genre, mettant à disposition du département de l’instruction publique tout le matériel didactique nécessaire sans oublier l’école enfantine et les structures d’accueil de la petite enfance : « Mon corps est à moi ! de 4 à 6 ans ».
Il nous faudra revenir sur cette infection de la jeunesse que de nombreux parents dénoncent, à commencer par le collectifparents.ch et que le pouvoir politique soutient, pour certains avec quelque réticence qui ne suffiront pas à contrer cette démarche totalitaire qui ne supporte pas les opinions divergentes.
Mais avant d’analyser cette organisation para-étatique, il ne nous semble pas inutile de relire ces quelques lignes rédigées par Mgr Fulton Sheen, tirées d’un sermon (date exacte non connue mais prononcé dans les années 1950) et rapporté dans un magnifique ouvrage intitulé Du haut de la Croix – Les sept dernières paroles du Christ – Éditions Saint-Rémi. Le thème général de ces écrits est la passion de Notre-Seigneur et en particulier les sept paroles du Christ en Croix. Le passage ci-dessous n’étant qu’un fragment de son sermon et libellé ainsi dans la table des matières : Les Sept paroles de Jésus et de Marie (La première parole, la valeur de l’ignorance).
Note de la rédaction :
– Nous reviendrons sur la personnalité et l’œuvre de Mgr Fulton Sheen, né en 1895 à El Paso et décédé en 1979 à New York, connu pour ses dons d’orateur et sa remarquable présence dans les médias américains. Le pape Benoît XVI a signé, le 28 juin 2012, le décret reconnaissant ses vertus héroïques, ce qui permet de lui attribuer ainsi le titre de Vénérable.
– Nous vous recommandons la vidéo de Karl Zéro : L’éducation sexuelle selon l’OMS: danger. Entretien avec Ariane Bilheran. Cliquez ici !
– Nous vous proposons également de découvrir l’article paru dans la revue « Initiative de protection », numéro 46 de décembre 2023 et intitulé « Une paroisse bernois pour l’éveil sexuel dès le commencement ». Cliquez ici !
L’éducation sexuelle selon Mgr Sheen
Ne croyez pas que pour «connaître la vie» il faille «faire l’expérience du mal». Un docteur est-il plus savant parce qu’il est terrassé par la maladie ? Apprenez-vous la propreté en vivant dans les égouts ? Savons-nous ce qu’est l’instruction en faisant l’expérience de la stupidité ? Connaissons-nous la paix en combattant ? Connaissons-nous les joies de la vue en étant aveuglés ? Devenez-vous meilleur pianiste en faisant des fausses notes ? Point n’est besoin d’être ivre pour savoir ce qu’est l’ivresse.
La grande erreur de l’éducation moderne c’est de croire que l’ignorance est la cause de l’existence du mal dans le monde, et que par conséquent si nous entassons plus de faits dans l’esprit des jeunes, nous les rendrons meilleurs. Si c’était vrai, nous serions le peuple le plus vertueux de l’histoire du monde, parce que nous sommes le mieux instruit.
Les faits, pourtant, indiquent le contraire : jamais auparavant l’éducation ne fut autant poussée, jamais auparavant on n’arriva si peu à connaître la vérité. Nous oublions que l’ignorance vaut mieux que l’erreur, en confondant scientia et sapientia. Une grande partie de l’éducation moderne rend l’esprit sceptique quant à la sagesse de Dieu. Les jeunes ne sont pas nés sceptiques, mais ils peuvent le devenir par l’éducation faussée. Le monde moderne se meurt, empoisonné par le scepticisme.
L’erreur de l’éducation sexuelle est de croire que si les enfants connaissent les effets nuisibles de certains actes, ils s’abstiendront de ces mêmes actes. On prend comme exemple que si vous saviez qu’il y a un cas de fièvre typhoïde dans la maison, vous n’y entreriez pas. Mais ce que les éducateurs oublient, c’est que l’instinct sexuel n’est pas du tout comme l’attrait de la fièvre typhoïde. Personne ne sent le besoin de forcer la porte d’un malade atteint de cette fièvre, mais on ne peut en dire autant de la sexualité.Il existe un instinct sexuel, mais il n’y a pas d’instinct typhique.
La connaissance sexuelle ne rend pas nécessairement raisonnable ; elle peut faire désirer le mal, surtout lorsque nous apprenons que les conséquences nocives peuvent être évitées. L’hygiène sexuelle ne peut pas être confondue avec la moralité, ni le savon avec la vertu. Le mal ne provient pas de l’insuffisance de notre connaissance, mais de la perversité de nos actes.
C’est pourquoi dans nos écoles catholiques, nous exerçons et disciplinons la volonté aussi bien que nous formons l’intelligence, car nous savons que le caractère se révèle par ce que nous choisissons, et non par ce que nous savons. Chacun d’entre nous en sait assez pour être vertueux, même avant l’âge scolaire. Ce qu’il nous faut apprendre, c’est faire mieux.
Si nous oublions le fardeau de notre nature déchue et les nombreuses tendances au mal, dues au fait que nous nous y soumettons, nous nous trouvons bientôt enchaînés comme Samson, et toute l’éducation du monde est incapable de briser ces chaînes. L’éducation tend parfois à expliquer ces chaînes et nous les présente comme des sortilèges, mais seul l’effort de la volonté, en plus de la grâce de Dieu, peuvent nous libérer de leurs servitudes. Sans l’aide de ces deux sources d’énergie, jamais nous ne ferons un iota de plus que dans le passé.
Par conséquent, entraînez vos enfants et vous-même dans la vraie sagesse qui est la connaissance de Dieu et dans l’ignorance de ce qui est mal. On n’est pas attiré par ce qu’on ignore être ignorant du mal, c’est ne pas le désirer. Aucune joie n’est comparable à l’innocence.
(…) Les gens qui vivent dans la crasse, se rendent rarement compte de ce qu’est la crasse. Ceux qui vivent dans le péché comprennent à peine l’horreur du péché. Ce qu’il y a d’effrayant surtout dans le péché, c’est ce que plus on s’y plonge, moins on le reconnaît. On en arrive à si bien s’identifier à lui, qu’on ne sait plus ni dans quel abîme on a sombré, ni de quelle hauteur on est tombé.
___________________________
En exergue à ce magnifique recueil de sermons, Mgr Sheen présente cette belle prière :
Compatissante Reine des Sept Douleurs
Dans les cœurs où le Christ votre Fils est Roi,
Je vous offre ces Sept Paroles.
Daignez les accepter car leur essence même
Est tombée d’une croix et de la bouche de Dieu.
___________________________________________________________________________________
Newsletter N° 167 – 8 décembre 2023 | Source : Perspective catholique