Eric Bertinat – Le Blick du 25 novembre dernier nous informe que «la Suède pleure un talent prometteur en athlétisme en la personne d’Emilia Brangefält qui vient de se suicider à l’âge de 21 ans. Depuis l’été dernier, Emilia ne s’entraînait plus : elle soufrait d’une fréquence cardiaque extrêmement élevée. En octobre, la Suédoise a passé plus d’heures au lit que sur ses pieds et a écrit : «Peut-être qu’un jour, je reviendrai. Ou peut-être pas.» C’est malheureusement cette dernière éventualité qui s’est produite.

Tout suicide – et particulièrement celui d’un adolescent – est choquant. La nouvelle que nous livre le quotidien est trop succincte pour en parler en détail. On imagine sans peine que la tachycardie devait être pour elle extrêmement difficile à supporter tout comme sa vie en général. Ses problèmes de santé l’empêchant de pratiquer sa passion, elle a estimé que l’existence n’avait plus de sens, elle s’est suicidée.

Emilia a capitulé devant l’existence pénible qui lui était promise

A Genève, les chiffres des tentatives de suicide ont doublé en deux ans dans l’une des unités de crise des HUG. Les appels à l’aide se multiplient. On recherche habituellement les causes de cet acte dans le bas niveau de formation, l’origine migratoire, le chômage ou l’invalidité, le problème de santé physique ou encore la solitude. Dans nos sociétés modernes pénétrées de matérialisme et d’athéisme, le suicide est sans référence explicite à Dieu. Il n’est évidemment indélicat de se questionner sur l’absence d’espérance, celle que saint Paul affirmait d’une phrase : Notre espérance, c’est le Christ!

Et pourtant, ne pêche-t-on pas contre l’espérance ? Plus habituellement par insouciance des biens de Dieu, cette société de découragés préfère les biens de ce monde dans une hiérarchie horizontale des valeurs. Cette attitude, cette paresse, cette tiédeur devant la religion revient à nous limiter à notre propre destin : «La vie est une affaire d’hommes, à régler entre hommes (Albert Camus, Mythe de Sisyphe). Dans le cas d’Emilia Brangefält, son destin avait ses limites : c’était le sport, le dépassement de soi-même, sans doute une popularité gratifiante et une maladie inadmissible. Les chrétiens ont la grâce d’avoir de belles raisons de vivre alors que l’existentialisme athée accentue la révolte contre l’espérance chrétienne.

Au fond, le chrétien est le seul à espérer en l’homme sérieusement parce qu’il espère en Dieu et en la prédication de l’Église. La triste histoire de cette jeune sportive suédoise nous rappelle que l’espoir, s’il refuse l’espérance, s’engage dans une impasse. Reste la peine de ses parents et de ses proches, pleinement respectable. Et la miséricorde de Dieu.

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Newsletter N° 165 – 30 novembre 2023 | Source : Perspective catholique