Anne Isabeth – Alors que la nouvelle mouture du projet de loi de bioéthique vient d’introduire la détresse psychosociale dans les motifs autorisant une interruption médicale de grossesse – et de ce fait possible jusqu’à la veille de l’accouchement –, dix-huit juristes s’en alarment dans une tribune écrite par l’avocat Hubert Veauvy et publiée sur FigaroVox le 12 août dernier. Parmi les signataires : Aude Mirkovic, maître de conférences en droit privé et porte-parole de l’association Juristes pour l’enfance, Grégor Puppinck, docteur en droit et directeur de l’European Center for Law and Justice, tous deux bien connus de nos lecteurs. Ceux-ci mettent en garde le législateur contre les dérives qui ne manqueront pas de découler d’un motif aussi imprécis que la détresse psychosociale. Dans l’état actuel de la loi, l’IMG n’est autorisée qu’en cas de handicap sévère de l’enfant ou de péril grave pour la santé de la femme. Rien ne justifie ni ne légitime le meurtre d’un enfant innocent, et la loi, telle qu’elle existe aujourd’hui, est inique, mais l’adoption de ce nouveau critère élargirait démesurément le champ d’application d’une interruption médicale de grossesse. Comme le soulignent ces juristes avec raison : « Pas à pas, du fait des pressions existantes, l’avortement risquerait de devenir, même dans le cas d’une grossesse très avancée, la solution unique pour répondre à une situation de précarité. L’on peut craindre, à terme, que cet amendement ne soit qu’une étape pour demander comme conséquence d’un “droit à l’avortement” incessamment brandi, la suppression de tout délai. »


Lettre d’information N° 21 – 31 août 2020 | Source : Présent (28 août 2020)