BIO de Vincent Schaller – Vincent Schaller est né à Genève en 1972, originaire de Rebeuvelier (JU). Fiscaliste, il est entré au parti libéral en 1997 puis a passé dans les rangs de l’UDC en 2019 (voir ses explications dans notre interview). Il est conseiller municipal en Ville de Genève. Fiscaliste, célibataire et père de 1 garçon.

L’interview de Vincent Schaller

Perspective catholique – Vous dénoncez depuis longtemps la libre circulation. Au point de quitter votre ancien parti, le PLR, pour rejoindre les rangs de l’UDC. De manière plus générale, quel regard portez-vous sur la politique suisse ?

Vincent Schaller – Je trouve la combinaison de mots « politique suisse » un peu réductrice et même dépréciative. C’est comme si dans ce domaine la Suisse était sur un pied d’égalité avec les pays qui l’entourent. Il y aurait une « politique suisse » comme il y a une politique française ou une politique espagnole.
Non. Les institutions démocratiques suisses, dont les Chambres fédérales et le Conseil fédéral ne sont qu’une partie des rouages, servent à cultiver les valeurs de responsabilité individuelle et de solidarité nationale sous le regard attentif de chaque citoyen. En vérité, nos institutions laissent très peu de place pour les gesticulations partisanes.
Précisément, j’ai rejoint les rangs de l’UDC parce que le PLR accorde trop peu d’importance à la solidarité nationale. Ce faisant, le PLR perd de vue que la responsabilité individuelle et la solidarité nationale sont les deux facettes irremplaçables d’une même médaille.

PC – Si vous êtes élu, quelle commission fédérale choisirez-vous et pourquoi ?

VS – A priori, les commissions thématiques du Conseil national et du Conseil d’Etat sont toutes aussi passionnantes les unes que les autres. Parce que j’apprécie les trains électriques, je choisirais la Commission des transports et des télécommunications (CTT).

PC – L’UDC se bat contre une immigration «de masse». Il faut avouer que ses succès en la matière ne sont pas nombreux malgré la présence de deux UDC au Conseil fédéral : l’immigration reste massive. On pense aux deux dernières initiatives n’ayant jamais été appliquées par le Parlement fédéral. L’UDC lance à présent une nouvelle initiative qui prévoit des mesures par palier si la Suisse devait franchir la barre des 10 millions d’habitants avant 2050. N’avez-vous pas l’impression de mener en bateau vos électeurs ?

VS – Deux UDC au Conseil fédéral, c’est seulement deux sur sept conseillers fédéraux. Par ailleurs, à l’exception de l’UDC, le Parlement fédéral est de la gauche (PS, Verts) à la droite bourgeoise (Centre, PLR) très favorable à une immigration de masse. Chacun de ces partis y trouve son intérêt ou l’intérêt des milieux qu’il représente.
L’initiative UDC « Pas de Suisse à 10 millions d’habitants » permettra de rediriger l’attention des élus du Parlement fédéral sur l’intérêt du citoyen. La volonté populaire sera formalisée par un nouvel article dans la Constitution.
Ceux qui ne rêvent que d’ouverture des frontières jugeront cela irréaliste. Mais pas la population travailleuse, qui sait ce que cela signifie d’être écrasée dans les transports publics ou au ralenti sur les routes ou encore de crouler sous les factures pour soutenir un système qui implose.
La pénurie de logement et l’explosion des loyers, la stagnation des salaires et la baisse du pouvoir d’achat, l’effondrement de l’école publique… l’initiative de l’UDC colle parfaitement à l’actualité du canton de Genève.

PC – Le gouvernement suisse a mis à mal la neutralité dans le dossier ukrainien en appliquant avec beaucoup de zèle les sanctions contre la Russie décrétées par l’UE. Christoph Blocher exige de son côté une «neutralité perpétuelle». Partagez-vous cette position ?

VS – Oui. Notre Conseil fédéral interprète le principe de neutralité avec trop de souplesse, il est vrai parfois sous la pression des Etats-Unis ou de l’UE. Mais il faut se souvenir que la Socialiste Micheline Calmy-Rey et le PLR Pascal Couchepin ne subissaient aucune pression pour parler de « neutralité active » ou de neutralité « qui ne serait pas un but en soi ». Il existe même aujourd’hui quelques farfelus qui militent pour l’entrée de la Suisse dans l’OTAN:
Le moment est venu de rappeler les principes de la neutralité perpétuelle et armée dans la Constitution. Je remercie Christoph Blocher pour son initiative.
Cela étant dit, et contrairement à ce que veut laisser croire le Conseil fédéral, il faut bien admettre que la neutralité ne se décrète pas. La Suisse ne peut être neutre que dans le regard des autres Etats. C’est la condition sine qua non pour que la Suisse et Genève continuent à exercer un rôle historique dans le règlement des conflits internationaux.

PC – Que pensez-vous du déplacement en hélicoptère du président de la Confédération Alain Berset pour participer à la Street Parade de Zurich ?

VS – L’indécence de son déplacement en hélicoptère permet à Alain Berset de prouver qu’il appartient à la famille LGBTQ+.

PC – Êtes-vous opposé à toute idéologie totalitaire, qu’elle soit sanitaire, wokiste, trans, humaniste ou climatique ? Si oui, pour quelle(s) raison(s) ?

VS – La prospérité de la Suisse repose sur la responsabilité individuelle de chaque citoyen-soldat. L’engagement raisonné de nos compatriotes est indispensable au bon fonctionnement des institutions et notre seule garantie de liberté et de sécurité.
En toute logique, je souhaite au peuple suisse de pouvoir résister à toutes les formes d’hystérie. Je rappelle que l’UDC est le seul parti qui dénonce les diktats du genre et l’absurdité « woke » dans son programme politique.

PC – Les catholiques genevois, conservateurs, vont élire un personnel politique à Berne pour ces quatre prochaines années non sans rechercher les candidats qui partagent au minimum le respect de la loi naturelle ou les Dix commandements. L’UDC, dans son programme 2023-2027, affirme que «C’est dans les fondements chrétiens occidentaux que nous puisons la pensée raisonnable». Partagez-vous cette affirmation ?

VS – Je cite volontiers Ulrich Zwingli, théologien et Christoph Blocher, fils de pasteur, comme les deux principaux personnages de l’histoire suisse. Difficile de désigner une personnalité genevoise puisque notre canton n’a rejoint la Confédération qu’en 1815.
Il est évident que c’est dans les fondements chrétiens occidentaux que nous puisons la pensée raisonnable qui doit animer notre engagement politique.

PC – En Suisse comme ailleurs, l’avortement est un sujet politique controversé. En 2002, ce droit a été partiellement dépénalisé et le régime du délai (avorter librement durant les 12 premières semaines de grossesse) a été introduit. De nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui en faveur d’une suppression de l’article de loi sur l’avortement dans le Code pénal. Si vous êtes élu à Berne, soutiendrez-vous la décriminalisation de l’avortement ?

VS – Je ne suis pas favorable à la modification ou à la suppression de l’article du Code pénal sur l’interruption de grossesse punissable (art. 118 CP).

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Newsletter N° 152 – 26 août 2023 | Source : Perspective catholique