Fête de Saint Nicolas de Fribourg

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Nicolas Clerc – Chaque début de décembre rime avec Saint Nicolas, une fête populaire très répandue encore de nos jours en Europe, et surtout dans la ville de Fribourg. C’est une belle occasion pour revenir sur cette fête, ainsi que sur la place très importante que joue le catholicisme dans cette ville, qui a souvent été appelée « la Petite Rome ». Le 6 décembre, nous commémorons Saint Nicolas de Myre, un évêque très populaire au 4ème siècle, qui a traversé toute la persécution de Dioclétien, avant d’œuvrer pour la conquête missionnaire. Il assista au Concile de Nicée et mourut à Myre, en actuelle Turquie, en 325. Dans tout l’Orient, il a une grande réputation d’apôtre et son culte s’est fortement répandu en Occident puisque son corps a été transporté à Bari en 1037. On lui prête le miracle de la résurrection de trois enfants assassinés par un boucher, ce qui explique la popularité de cette fête chez les plus jeunes.

Origines du culte
Saint Nicolas de Myre est le saint patron de Fribourg depuis sa fondation par le duc Berthold IV de Zähringen vers 1157. C’est grâce à des chanoines du grand Saint-Bernard, après un voyage à travers les prieurés de Suisse, dont celui de Fribourg, que ce saint est apparu dans le canton. Les moines d’Hauterive ont cédé une relique de son bras à la cathédrale Saint-Nicolas en 1514 dans un reliquaire d’argent qui est exposé chaque 6 décembre.

La Petite Rome
Cette fête s’inscrit dans une ville où le catholicisme joue un rôle particulièrement important. Effectivement, Fribourg a longtemps été considérée comme une «citadelle catholique» puisque le puissant canton voisin de Berne est passé à la Réforme en 1520, entraînant avec lui le canton de Vaud, ce qui a isolé et menacé le canton de Fribourg qui a cependant choisi de conserver la foi catholique grâce à la population locale et aux autorités ecclésiastiques de l’époque. De nos jours encore, nous pouvons découvrir ce précieux héritage grâce à un nombre incalculable d’églises, de chapelles, ainsi que de nombreux couvents et monastères comme le couvent des Capucins, des Ursulines, des Carmes, des Dominicains, des Cordeliers ou encore l’abbaye d’Hauterive, de Montorge et de Maigrauge. N’oublions pas non plus le collège Saint Michel, fondé par Saint Pierre Canisius. Plus récemment, c’est à Fribourg que Monseigneur Lefebvre a fondé la fraternité St-Pie-X avec l’accord de Monseigneur Charrière, évêque de Fribourg à l’époque.

Perspective d’avenir
Bien que nous puissions évidemment nous réjouir de la tenue d’une cérémonie publique à connotation religieuse sans les jérémiades laïcardes habituelles auxquelles nous avons droit dans d’autres cantons ou à l’étranger, il ne faut pas non plus occulter le fait que le canton de Fribourg subit tout autant qu’ailleurs la déchristianisation. En effet, le discours annuel du Saint Nicolas depuis la terrasse de la cathédrale reflète la société actuelle ; absence totale de références chrétiennes, écriture inclusive, engagement idéologique. L’année dernière il se préoccupait de la guerre en Ukraine, du méchant Donald Trump ou encore de Paul Watson qui se rendait au Groenland menacé par le réchauffement climatique. Dans ce contexte, d’autres menaces planent sur le canton, comme par exemple la volonté de reconnaître officiellement l’islam, la tentative de certains politiciens de faire sortir les cours de catéchisme de l’école publique, l’ouverture d’un grand centre islamique à Tavel il y a quelques semaines, ou encore un pourcentage toujours plus bas de Catholiques dans la population comme nous montre un article de La Liberté, paru en janvier 2018, où nous apprenons que le pourcentage de Catholiques dans le canton est passé de 86,3% en 1960 à 62% en 2015. Profitons donc de ce 6 décembre pour demander à Saint Nicolas de Myre et à tous les autres saints du canton de prier pour nous et pour le plus beau canton de Suisse !

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NOTICE

Saint Nicolas de Myre, métropolite de Myre, est un des saints les plus populaires dans les Églises d’Orient et d’Occident. De sa vie, nous ne possédons que des données succinctes et incertaines. Né à Patara, en Lycie (aujourd’hui province d’Antalya, en Turquie), vers 270, il fut désigné comme métropolite de Myre alors qu’il était relativement jeune. Il aurait subi la persécution romaine de 303 à 315 ou de 321 à 323 et participé au Concile de Nicée de 325. On situe sa mort aux alentours de 340. Ayant gardé la trace des coups reçus pendant la persécution, il fut inscrit au rang des «martyrs sans effusion de sang», titre donné par l’Église des premiers siècles aux victimes qui, comme saint Jean l’Évangéliste, n’avaient pas succombé aux tortures des bourreaux.

On construisit sur le lieu un sanctuaire qui devint un centre de pèlerinage. Une plaque trouvée dans le cimetière fait mention de réparations entreprises dans l’église en 1042 sur l’ordre de Constantin Monomaque et de l’impératrice Zoé. En 1071, la péninsule fut envahie par les Turcs seldjoucites, créant un état d’insécurité qui inquiéta le monde chrétien. Quelques années plus tard (avril 1087), une expédition organisée par la cité de Bari, devançant celle préparée par Venise, enleva les reliques malgré l’opposition des moines grecs qui en avaient la garde. Du même coup, sa réputation allait gagner l’Occident.

Au XIe siècle, le culte établi au Grand-Saint-Bernard sert de tremplin vers l’Europe centrale et occidentale. De nombreux centre nicolaïens essaimèrent le culte : de Gênes vers Monaco où il fut pendant des siècles patron de la principauté : de Normandie vers les Flandres ; de l’Angleterre vers la Scandinavie et les pays baltes ; du Grand-Saint-Bernard vers la Savoie, la Franche-Comté, le canton de Vaud et surtout Fribourg où le culte existe de 1177 : une première église lui fut dédiée en 1182.

Au cours des siècles, de nombreuses coutumes populaires souvent influencées par le paganisme, se sont greffées sur le culte de saint Nicolas. Elles ont varié selon le milieu et les traditions. Le personnage dont la popularité s’est universalisée fut le Père Noël dans le monde latin, et Santa Klaus dans le monde germanique, déformation de saint Nicolas. Mais à côté de ces processions marquées par la bonne humeur et la civilité, il en fut d’autres qui ont porté la marque de mœurs barbares et bruyantes, dégénérant souvent en sarabandes nocturnes et mascarades diaboliques interdites par l’Église. —

Source : Encyclopédie «Catholicisme hier, aujourd’hui, demain». (Libraire Letouzet et Ané, Paris)

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Nicolas Moulin
Né en 1997, Nicolas Moulin est un jeune valaisan dont le parcours allie ingénierie et spiritualité catholique. Ingénieur aéronautique de formation, il passe son temps dans l'univers binaire des mathématiques pour faire vivre les siens. Entre le Bachelor et le Master, c'est vers le séminaire de la FSSPX que celui-ci se tourne pour former son âme catholique par l'étude et la méditation. Passionné par le Magistère et par une vision chrétienne de la société, il a rejoint l'équipe de Perspective Catholique avec laquelle il espère faire lire l'actualité avec un regard chrétien.

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