Eric Bertinat – Du nouveau sur la place médiatique ! Bientôt la quarantaine, journaliste et aventurier, Raphaël Pomey est un homme courageux. Il lance – enfin ! – un journal franchement conservateur, ouvert aux débats et capable d’exposer l’actualité sans céder à la convenance obligée.

Perspective catholique a plaisir à vous présenter ce rédacteur en chef un brin casse-cou et vous offrir avec son accord le dernier numéro du journal « Le Peuple » (cliquer ici). Et de vous inviter à vous abonner à ce nouveau media – voir en fin d’article – dont nous attendions l’arrivée depuis longtemps. 

Perspective catholique : Qu’a écrit le rédacteur en chef Raphaël Pomey sur sa carte de visite ?

Raphaël Pomey : Actuellement rien puisque je n’en ai pas ! Mais j’y apposerais fièrement le nom de mon village, Pomy, dans le Nord vaudois. C’est important pour moi de lancer un journal depuis l’arrière-pays, et non pas depuis une grande ville. Cela reflète mon envie de redonner de la dignité à un certain sens commun qui n’a pas encore disparu là où je vis.

Alors, comme ça, dans la léthargie médiatique romande, on lance un media «de droite»? Quelle mouche vous a piqué ?

C’est simplement l’aboutissement d’un parcours professionnel. J’ai commencé ce métier en 2006 et j’ai beaucoup appris auprès de personnes qui avaient souvent des sensibilités politiques très éloignées de la mienne. J’ai ensuite formé des jeunes chez lesquels je cherchais à susciter un goût de la liberté authentique. Je ne suis donc pas un Spartacus des médias qui renie son parcours dans les titres classiques. Depuis quelques années, néanmoins, j’ai le sentiment que des sujets d’articles hyper marginaux, voire franchement grotesques – « Comment les hommes peuvent avoir leurs règles », par exemple – sont devenus omniprésents, sans que personne ne réagisse dans la branche. Par peur de paraître « intolérant » aux yeux des confrères, certainement…

Pour remettre en question certaines évolutions que j’estime contraire au bien commun, j’ai eu le sentiment qu’il fallait créer un média de A à Z, quitte à prendre beaucoup de risques. 


Covid, conflit russo-ukrainien, la rengaine de l’urgence climatique et bientôt les élections nationales, des thèmes dont on sait le traitement qui leur est fait ou qui leur sera fait par la grosse presse. «Le Peuple» va-t-il apporter un regard réellement différent ?

Avec mon collègue Jérôme Burgener, nous ne cherchons pas le contre-pied permanent, qui n’est pas une attitude plus mature ou professionnelle que celle que nous critiquons. Mais nous voulons être libres de donner la parole à qui nous voulons, sans « mettre en garde » nos lecteurs contre les opinions « sulfureuses » de ceux qui ont pour seul tort de penser hors des lignes du politiquement correct et du « wokisme » ambiant. Ce n’est pas notre « idéologie » qui nous distinguera, mais notre liberté totale.


En phase de lancement, «Le Peuple» doit conquérir sa part de marché. Mais de quelle part parle-t-on ? A qui vous adressez-vous ?

Nous sommes un média grand public qui revendique son héritage chrétien et une certaine défiance vis-vis de l’Etat maternant. A ce titre, on peut penser que nous venons combler le manque d’un média « libéral-conservateur » en Suisse romande. Mais je n’adore pas les étiquettes. Certains auteurs qui m’ont beaucoup influencé, comme Chesterton, Péguy ou Olivier Rey, sont difficiles à mettre dans des cases, avec des dimensions clairement conservatrices, d’autres plus hostiles à la marchandisation du monde et des Hommes. 

En France, l’expression d’une réflexion conservatrice connait un réel succès auprès d’un large public. Le Pen, Zemmour, Ciotti, mais aussi CNews, Valeurs Actuelles, la parution prochaine d’un hebdomadaire Présent, tout cela décrispe un débat confisqué par la gauche depuis longtemps. En Suisse, rien de tel. Pire, nous subissons la pensée conformiste d’une radio-télévision d’Etat. Pensez-vous trouver votre place en Suisse romande ?

Il y a en tout cas assurément une place à prendre. Nous devons cependant éviter de tomber dans certains pièges de la « réinfosphère » de droite, au sein de laquelle sévissent souvent des gens qui veulent remettre de l’ordre dans un métier qu’ils ne comprennent pas et dont ils ne respectent pas les règles élémentaires. Ce qui nous exclut du débat public, en Suisse romande, c’est bien souvent un côté morose, perpétuellement agressif et sur la défensive. Nous voulons rompre avec cela. Nous voulons participer à la renaissance d’une culture du combat d’idées vif mais respectueux. 

Pour s’abonner : www.lepeuple.ch

___________________________________________________________________________________
Newsletter N° 80 – 4 juillet 2022 | Source : Perspective catholique