Jean-Pierre Saw – En ce mois de janvier 2025, nous nous réveillons tous avec le sentiment sourd que quelque chose ne tourne plus rond. Les foyers de crises, latentes et ouvertes, se multiplient, et annoncent de grands craquements. A l’instar d’Ignacio Cassis, qui constate dans les journaux de Tamedia que «le monde ne va pas bien», petit tour d’horizon.
Sur le front du Donbass, un effondrement ukrainien se précise, tandis que les offensives sur territoire russe s’intensifient avec l’aide des parrains occidentaux. Pourtant, l’Allemagne et la France s’enlisent dans une crise politique et économique, l’Italie cherche par tous les moyens à réduire sa dette et l’Autriche tente toujours de constituer un gouvernement. Plus à l’Est, la Roumanie vient d’annuler des élections sous prétexte d’ingérences extérieures, alors que la Hongrie et la Slovaquie montrent des velléités d’autonomie qui fâchent Bruxelles. Pendant ce temps, Madame von der Leyen avance son agenda, faisant fi des plaintes qui la poursuivent.
Au Moyen-Orient
Israël sort provisoirement gagnante des différents épisodes qui se sont joués ces 15 derniers mois. Le pays affiche néanmoins un solde migratoire négatif, son économie tourne au ralenti et la mobilisation des Forces de défense n’a que provisoirement réuni le pays. Alors que Gaza s’est transformé en un immense camp de réfugiés sur leur propre territoire en ruines, l’Europe reste muette. Le Liban survit sans président et le voisin syrien ne rassure pas avec le sien. La Turquie semble tirer son épingle du jeu, alors que l’Iran, en proie à des contestations internes, ressort largement affaibli des défaites de ses alliés.
En Afrique
Incapable d’assurer une présence cohérente sur le continent africain, l’Europe se bouche les oreilles face à la bombe démographique qui s’amorce. En parallèle, la décolonisation se parachève avec l’éradication de toute présence militaire française, tandis que les gouvernements jouent de leurs différents courtisans : Chine, Inde, Turquie sur le plan économique, Russie et Turquie encore pour la coopération militaire. S’ignorant les uns les autres, les pays du Maghreb soufrent de crises internes.
Tandis que le Japon s’enfonce dans des problèmes qui rappellent les nôtres, le reste de l’Asie travaille, se tait, et attend son heure. Seule l’interlude burlesque de la Corée du sud trouble la discrétion qui caractérise le continent. L’Europe contemple impuissante la Chine qui se prépare à la guerre totale annoncée par les Etats-Unis, et qui grignote de la puissance dans les mers et les océans.
Les Etats-Unis
Plus divisés que jamais, les USA attendent le retour de Trump et sa mise à jour de tous les logiciels nationaux, à l’instar de l’Argentine. Prendra-t-il pour prétexte l’incurie des autres membres de l’Alliance atlantique pour s’en retirer ? Ou cherchera-t-il à s’imposer comme le nouveau chef d’orchestre ? Établira-t-il la paix avec la Russie ou attisera-t-il la guerre d’influence entre G7 et BRICS ? Deux axes stratégiques se dessinent en tout cas : la reconstruction interne et la rivalité avec la Chine. Quelle place restera-t-il alors pour les alliés traditionnels empêtrés dans leurs marasmes ?
Et surtout : quid de la Suisse dans cette cacophonie ?
Le pays fait l’objet d’attaques larvées : L’OTAN prétexte la coopération pour phagocyter notre armée en quête d’une menace réelle, tandis que l’Union veut nous imposer son droit et ses juges tout en accédant librement à notre marché du travail. La bonne nouvelle, c’est qu’une nouvelle figure d’ancien ambassadeur vient se rajouter à celles qui incitent déjà à la vigilance : après Beat Widmer, Georges Martin et Jean-Daniel Ruch, Didier Pfister vient de tirer l’alarme dans le Blick en rappelant à notre Ministre des Affaire étrangères qu’il est dangereux de jouer avec la notion de neutralité.
C’est un défenseur de plus de notre spécificité dans le concert des nations. L’année s’annonce chaude ! —
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Newsletter N° 247 – 8 janvier 2025 | Source : Perspective catholique