Eric Bertinat – Durant tout le mois de mai, l’université de Genève s’est illustrée par sa gestion calamiteuse des manifestations estudiantines pro-palestiniennes. Une parfaite démonstration de l’entrisme politique dans l’instruction publique.
Dans le canton de Vaud, la question est réglée par la Loi sur l’enseignement obligatoire (LEO) : l’école obligatoire et post-obligatoire doit être neutre politiquement et toute propagande y est interdite. Une loi cantonale qui s’applique également au post-obligatoire. Ce qui n’interdit pas les débats dans les classes ni l’apprentissage du civisme et du système politique suisse.
A Genève, la Loi sur l’instruction publique (LIP) précise que 1. l’enseignement public garantit le respect des convictions politiques et religieuses des élèves et des parents. 2. A cet égard, toute forme de propagande politique et religieuse est interdite auprès des élèves. 3. Les enseignants ne doivent pas porter de signe extérieur ostensible révélant une appartenance à une religion ou à un mouvement politique ou religieux. Reste bien évidemment ouverte la question d’un personnel enseignant majoritairement de gauche.
Dans ce contexte, mélange d’un cadre légal minimum à respecter, laïc bien sûr mais soumis à des sensibilités politiques marquées, particulièrement sur les questions sociétales, l’intervention de la présidente du Syndicat des enseignants alémaniques (LCH), Dagmar Rösler, laisse perplexe. Elle réclame des directives claires «sur les crises et les guerres» qui, selon elle, sont absents ou imprécis dans les Plans d’études qui fixent des objectifs nationaux de formation définis par la Conférence des Département de l’Instruction Publique (CDIP).
Que veut-elle exactement et surtout pour quelles raisons ? Selon elle, l’école a le devoir de comprendre les événements politiques, mais, pour cela, elle a besoin d’un soutien politique. Elle prône un renforcement de l’éducation civique dans tous les domaines du système éducatif, avec un meilleur ancrage dans les programmes scolaires. L’éducation politique au sens large doit être enseignée dès l’école primaire et maternelle, indique Dagmar Rösler. Et d’appeler les politiciens à s’engager fermement pour permettre aux écoles d’aborder les sujets délicats avec les élèves et que l’école, y compris les enseignants, soit soutenue et protégée dans cette démarche. (cliquez ici !)
Vingt-quatre heures plus tôt, c’est le président du Conseil national, Eric Nussbaumer, qui s’exprimait dans les colonnes de la Schweiz am Wochenende (20 juillet 2024). Le socialiste de Bâle-Campagne demande que l’éducation politique soit renforcée à l’école et dans l’enseignement extrascolaire. Il pointe notamment l’enseignement (forcé) de la voie bilatérale que la Suisse a empruntée avec l’UE.
L’occasion de rappeler que dans les écoles vaudoises, dix semaines avant les élections nationales, les débats politiques sont suspendus pour empêcher les candidats de venir chercher des voix face à un public captif. Pour Frédéric Borloz, chef du Département de la formation, il y va du respect des élèves et de la confiance des parents dans l’institution.
Si ces deux interventions ne sont pas réellement surprenantes, elles n’en restent pas moins extrêmement dangereuses. Petit à petit, les autorités ont dépossédé les parents de leur autorité, voilà qu’à présent l’on veut former les esprits des auditoires scolaires au politiquement correct.
Ces cours d’instruction civique, qui sont ennuyants pour la plupart des écoliers, sont déjà la porte d’entrée de la gauche enseignante. Pour Madame Rösler, pour autant que l’on comprenne sa démarche, ces cours doivent aller plus loin en les ouvrant aux politiciens – tous les politiciens, qu’est-ce qu’un politicien ? -, en les ouvrant en fin de compte à la propagande. Ce qui plaira à Eric Nussbaumer : préparons la jeunesse à l’adhésion à l’Union européenne pour que le moment venu, elle vote juste. Et sur bien d’autres sujets. —
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Newsletter N° 230 – 24 juillet 2024 | Source : Perspective catholique