André Charlier – Lettres aux Capitaines – «Je ne vous dis pas qu’il faut mépriser votre siècle, puisque vous en êtes. Je vous dis qu’il faut mépriser ce qui est méprisable. Ne vous laissez pas entamer. Soyez vigoureusement vous-même sans vous tracasser de ce que pense le monde. Imbéciles, crie Bernanos à ses contemporains, dans un livre que je viens de lire, vous vous fichez éperdument de la vie intérieure, mais c’est tout de même en elle et par elle que se sont transmises jusqu’à nous les valeurs indispensables sans quoi la liberté ne serait qu’un mot. Aussi, je vous dis achevez tranquillement votre révolution intérieure, cette conquête de vous-même dans la vérité totale, sans laquelle vous vous avanceriez dans la vie comme des aveugles. On vous a appris à expliquer des textes latins : c’est un exercice d’un profond enseignement, j’allais dire d’une profonde morale. On vous a appris que pour saisir le sens, il fallait se tenir auprès du texte et en épouser la forme. Mettez-vous dans la même attitude en face du monde, j’entends : le monde vrai, celui de la terre et du ciel et des hommes vrais, non pas celui des bars et des dancings. Dites-vous qu’il y a un trésor de vérité inépuisable dont vous ne serez jamais rassasiés. Et lisez le texte sacré de l’Evangile avec le même sérieux que les hommes d’aujourd’hui lisent le journal, vous y découvrirez beaucoup mieux que dans le journal la dernière nouvelle du jour, celle qui vous concerne directement et sans laquelle votre vie n’aurait aucun sens; vous y lirez la parole que vous aviez besoin d’entendre à l’heure même. Enfin, prenez la vie au pied de la lette, comme une grandiose aventure où il dépend de nous que les événements les plus minces soient chargés de sens, car cette fois c’est vous qui écrivez le texte, et n’oubliez pas que c’est un texte sacré.» —
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Newsletter N° 236 – 16 septembre 2024 | Source : Perspective catholique
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