L’origine du chant grégorien

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Abbé Alain René Arbez – Le chant grégorien reste une expression majeure de la musique sacrée dans l’Église catholique, ainsi que l’indique la présentation officielle du missel romain. Une tradition ininterrompue qui manifeste la transcendance par la beauté de la mélodie.

Beaucoup redécouvrent de nos jours l’importance capitale du chant grégorien car bien que de naissance orientale, il a généré au cours des siècles toute la musique de l’Occident. Ce chant tire son nom du pape Grégoire le Grand (6ème et 7ème s.) en raison de ses réformes marquantes, mais il s’est constitué déjà dans les siècles antérieurs.

L’origine première du chant grégorien est la cantillation des psaumes dans le culte synagogal. Les premiers disciples de Jésus, tous de culture hébraïque, ont adopté les éléments essentiels de la liturgie juive pour élaborer les rituels de prière eucharistique mais aussi la musique accompagnant les cantiques et les hymnes. L’étude musicologique du chant grégorien démontre qu’il est le fruit d’aménagements successifs combinant harmonieusement les apports de Jérusalem et de Rome. L’élan originel est venu du judaïsme, car les premiers membres des communautés étaient souvent issus du réseau fertile des synagogues de Judée et de tout le Proche Orient. Les textes sacrés étant au départ les mêmes que ceux de la tradition juive, les mélodies ont hérité de la musique liturgique des assemblées judaïques. Un exemple : l’évangile de Luc mentionne l’offrande de l’encens pratiquée à Jérusalem, ainsi que le décrit le psaume 140 : «Que ma prière s’élève devant Toi, Seigneur, comme un encens, et mes mains pour l’offrande du soir!» Les offices chrétiens du soir ont repris ce rite dans la louange du Dieu d’Israël. A cette origine matricielle du chant grégorien va ensuite s’adjoindre l’apport de la liturgie romaine primitive. La symbiose va s’effectuer selon le principe « lex orandi, lex credendi », la règle de la prière est la règle de la foi. Si la mélodie orientale originelle se combine avec la mélodie monodique des communautés de Rome, la tonalité de l’ensemble n’en demeure pas moins empreinte de la présence spirituelle de l’Orient.

Ce sont d’ailleurs des missionnaires venus d’Orient qui évangélisent les Gaules : Irénée de Lyon est le disciple de Polycarpe de Smyrne, lui-même disciple de Jean. Et on connaît le rôle essentiel que joue le chant dans les liturgies orientales. La langue grecque y a prévalu quelque temps avant son remplacement par la langue latine.

La liturgie a été la base de la culture occidentale. St Augustin avoue lui-même le rôle de la musique dans sa conversion personnelle. Le chant grégorien retrouve aujourd’hui un regain d’intérêt chez les jeunes générations qui y puisent un ressourcement de l’âme. Cela ne doit en effet pas faire oublier sa finalité originelle, enracinée dans la Parole de Dieu et dans la louange de la Beauté. –

Abbé Alain-René Arbez
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