Mariage pour tous – Dans la dernière ligne droite

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Eric Bertinat – La (non) campagne qui interdit aux Suisses de réfléchir sur le «mariage pour tous» arrive à son terme (26 septembre). Ce n’est pourtant pas une broutille que celle de modifier notre code civil pour permettre à des couples homosexuels d’obtenir un accès privilégié à la procréation médicale assistée (PMA) et à l’adoption. Un privilège que n’ont pas les couples hétérosexuels : le recours à la PMA n’est autorisée que pour remédier à la stérilité d’un couple – évidemment hétéro – et si les autres traitements ont échoué, sont vains ou si le risque de transmission d’une maladie grave et incurable aux descendants ne peut être écarté d’une autre manière. Quant à l’adoption, elle est réservée à ces mêmes couples hétérosexuels à condition d’être marié. On voit, si il en est besoin, l’importance que revêt cette votation pour l’avenir de notre société. Avec le « mariage pour tous », c’est une conception du couple, de sa complémentarité objective homme-femme, et par conséquence de l’enfant, soumise aux lois naturelles que l’on balaie pour plaire à quelque poussière idéologique du moment. « Le “mariage homosexuel” est en contradiction avec toutes les cultures de l’humanité qui se sont succédées jusqu’à présent » tonne Benoît XVI dans un tout récent texte qui, pour l’instant, n’a été publié qu’en italien.

Parmi les arguments brandis par les lobbies homosexuels, celui de «faire comme nos voisins», de «ne pas s’isoler» ne peut convaincre que les suiveurs perpétuellement empêtrés dans l’imitation stérile. Qualitativement d’abord. Si notre démocratie directe ne sert qu’à suivre les décisions politiques d’une partie des pays du continent et de manière générale les décisions autoritaires de l’Union européenne, il n’y a plus qu’à ranger notre souveraineté aux oubliettes. On veut bien croire que cela ne dérangera pas les milieux pro-homosexuels qui se recrutent aussi bien dans les rangs socialistes que libéraux prêts à se jeter dans les bras du mondialisme et de toutes ses courroies de transmission.

D’autre part, cet argument est bien faible quantitativement. Les USA de Biden, le Canada de Trudeau, l’ouest de l’Europe sous la coupe de ces mêmes socialo-libéraux ne pèsent pas bien lourd face au reste du monde. De la baie de Tokyo à la Place rouge, des pays de l’est européen du groupe de Visegrád au continent africain, allez expliquer à ces populations qu’une femme et une femme vont faire un bébé, que pour y arriver, il faut qu’elles se «marient»! La bonne blague !

Avec de pareils arguments, les lobbies homosexuels ont enthousiasmé notre élite politique qui a montré une nouvelle fois son libéralisme, son ouverture vers nul part mais aussi son aliénations à toutes les idées progressistes qui parcourent notre époque. Des idées et surtout des valeurs que l’on ne partage aucunement : «Nous sommes délibérément conservateurs en ce sens que nous voulons sauver ce qu’il y a d’immuable dans l’homme : sa nature créée et l’élection surnaturel par laquelle il participe à la solitude de l’être incréé» (Gustave Thibon).

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Lettre d’information N° 55 – 13 septembre 2021 | Source : Perspective catholique

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Eric Bertinat
À la suite de la décision de Mgr Lefebvre de consacrer quatre évêques, Éric Bertinat cofonde, avec ses amis les abbés La Praz et Koller, la revue Controverses (1988-1995). En 2010, il fonde l’association Perspective catholique, engagée sur des questions sociétales en lien avec la doctrine chrétienne. Journaliste et collaborateur régulier de plusieurs publications (Le Vigilant, Présent, Una Voce Helvetica, etc.), il entame également une carrière politique dès 1984. Élu député au Grand Conseil de Genève en 1985 sous la bannière de Vigilance, il y revient en 2005 avec l’UDC et occupe plusieurs postes clés jusqu’en 2013. Il est aussi membre du Conseil municipal de Genève à partir de 2011, où il exerce diverses présidences de commissions jusqu’en 2021. Le 5 juin 2018, il est élu président de ce Conseil pour la période 2018-2019.

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