Eric Bertinat – J’ai découvert cette année les écrits véritablement extraordinaires de Mgr Fulton Sheen (1895 – 1979). Plus exactement deux livres parmi son abondante production : «La vie du Christ» et «Du haut de la Croix». Dans ce dernier ouvrage, l’évêque du Nouveau-Monde rassemble ses conférences, enfin quelque unes, avec une intelligence et une clarté éblouissante. Nous y trouvons les «sept dernière paroles du Christ et les «sept paroles de Jésus et de Marie», qui nous invite à découvrir les «personnages de la Passion» mais aussi les paroles du Christ adressées aux humanistes, aux pécheurs, aux égoïstes, aux modernes, aux amateurs de sensationnel, aux penseurs. Il conclut ses conférences par les sept paroles du Christ «victoire sur le péché». Cet ouvrage a 60 ans ; il n’a pas pris une ride. J’ai été séduit, conquis, subjugué par ces écrits. Mais qui donc était Mgr Sheen? Je vous propose de découvrir cet Américain hors du commun en quatre articles que vous recevrez jour après jour.

Peter John Sheen est né le 8 mai 1895 dans l’Illinois, à El Paso. Il est le fils d’un fermier, Newt Sheen et de sa femme Delia. Aîné de quatre fils, il reçoit le prénom de Peter et est baptisé dans l’église St. Mary. Sa mère le confie à la Bienheureuse Vierge Marie, un patronage qu’il invoquera lors de sa première communion, une dévotion mariale qu’il pratiquera tout au long de sa vie et de son ministère.

Ses grands-parents maternels sont originaires de Croghan, un petit village en Irlande, tout comme son grand-père paternel. Ce dernier l’inscrit à l’école paroissiale sous le prénom de Fulton, un prénom qu’il conservera. Ainsi qu’il dit dans l’un de ses livres : «(…) la famille est plus sacrée que l’État. Mes parents firent de grands sacrifices, se privant de tout confort et luxe personnels afin que leurs fils puissent être bien habillés et bien soignés. Notre vie de famille était simple et l’ambiance de notre maison était chrétienne : l’ont rendait grâce à Dieu avant et après chaque repas, le chapelet était récité tous les soirs, les prêtres de la cathédrale visitaient la maison une fois par semaine».

Soucieux de l’éducation de leurs enfants, ses parents s’établissent à Peoria, toujours dans l’Illinois. Dès sa scolarité à St. Mary’s Cathedral School, Fulton se fait remarquer par son intelligence exceptionnelle. Sa vocation sacerdotale doit sans doute beaucoup à son milieu familial mais aussi à l’évêque de la cathédrale Sainte-Marie, Mgr John L. Spalding (1840-1916). Alors qu’il servait la messe en tant qu’enfant de chœur, il avait 8 ans, Fulton laisse tomber une burette à vin sur le sol et elle se brise. Après la messe, et devant ce jeune garçons épouvanté par sa maladresse, Mgr Spalding lui promit qu’il étudierait un jour à la prestigieuse université de Louvain en Belgique et qu’il sera évêque : – Un jour, tu seras comme moi.

Fulton poursuit ses études au lycée, le Spalding Institute à Peoria, puis au St. Viator College, où il excelle en tant qu’étudiant, écrivain et orateur. Refusant une importante bourse d’études, il choisit de devenir prêtre et entre au Saint Paul Seminary, dans le Minnesota. Il est ordonné le 20 septembre 1919 dans sa chère cathédrale de Peoria. Il promet de consacrer quotidiennement une Heure Sainte eucharistique, promesse qu’il tiendra fidèlement tout au long de sa vie.

En 1920, l’abbé Sheen rejoint The catholic university of america à Washington DC et obtient un baccalauréat en droit canonique. Il n’y reste qu’une année avant de partir poursuivre des études en philosophie à l’Université catholique de Louvain. Il recevra le Prix de philosophie Cardinal-Mercier, prix remis pour la première fois à un Américain. On imagine sans peine le jeune prêtre se souvenant de Mgr Spalding et de ses deux prédictions : la première est maintenant réalisée.

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Newsletter N° 174 – 26 décembre 2023 | Source : Perspective catholique