Eric Bertinat – Le premier s’intitule Le pacte des idoles. Ainsi qu’il est sous-titré, il s’agit d’une approche girardienne du «politiquement correct». Raphaël Baeriswyl est en effet un fin connaisseur de René Girard. Il fonde son analyse du «politiquement correct» sur deux idées centrales de l’œuvre de l’anthropologue français. L’emballement mimétique cher à René Girard ainsi que cette observation essentielle :«toute époque est prompte à condamner les erreurs des époques précédentes. (…) Les fils répètent les crimes de leurs pères précisément parce qu’ils se croient moralement supérieurs à eux». Et l’auteur de «démontrer que cette (dernière) affirmation est littéralement exacte, expliquer comment on parvient à cette compréhension et pourquoi cette compréhension littérale est la seule possible et la seule vraie». Le «politiquement correct» est désosssé.

Son deuxième ouvrage, L’amnésie de l’ogre reflète un même soucis – comprendre – et illustre en situation réelle les théories exposées dans son premier ouvrage. Raphaël Baeriswyl revient sur l’affaire dite «Matzneff», cet écrivain notoirement connu par sa pédophilie et qui, pourtant, a bénéficié de toute la mansuétude du système polico-médiatique. De ce sinistre dossier, notre auteur, toujours dans son approche girardienne, observe que la «fureur du politiquement correct est à la mesure du crime qu’il essaie de dissimuler». Il prend l’exemple de la Commission d’experts chargée par le Département fédéral de la Justice et police, dès 1971, de rédiger une mise à jour du Code pénal. Elle se révèle rapidement comme étant particulièrement progressiste et visant la substance même de la morale. Ces modifications, qui paraissent aujourd’hui réellement toxiques, concernent les infractions contre la vie et l’intégrité physique et celles contre l’intégrité sexuelle. Pour mémoire, il y a eu référendum et le projet fédéral fut accepté en 1992.

Le grand mérite de cet écrit est d’entrer dans les détails d’un débat qui aura duré plus de vingt ans. Un débat tronqué, reflétant la permissivité de l’époque. Ainsi, la brochure de votation présentait de nombreuses lacunes et pas des moindres puisque concernant l’abaissement de la prescription en matière de pédophilie. Comme le dit notre ami, «la question des actes d’ordre sexuel avec les enfants, allait alors clairement s’inverser au cours des deux décennies qui suivirent et donner totalement tort à la Commission d’experts. Cet éclairage permet de mieux comprendre – mais de ne pas excuser ! – cette époque et la gène du système lorsqu’éclate l’affaire Metzneff et son besoin urgent de s’en distancer. Et de retomber sur le «politiquement correct» disséqué dans Le Pacte des idoles. La boucle est bouclée : il n’y a plus qu’à venir écouter Raphäel Baeriswyl nous parler de ces fameuses idoles, ce qu’il fera infiniment mieux que moi et avec plus de talent ! Et pour cause.

Ouvrages cités
Le Pacte des idoles – Edition AD Solem (2019)
L’amnésie de l’ogre – www.revelateur.ch

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Newsletter N° 101 – 5 novembre 2022 | Source : Perspective catholique