Alors que la légitimité des traitements dits « d’affirmation du genre » s’effrite à l’international, l’Allemagne s’apprête à publier des directives médicales entièrement « trans-affirmatives » pour les jeunes qui se déclarent du sexe opposé. En l’absence de directive nationale suisse, le document allemand pourrait servir de référence aux médecins suisses. L’Association pour une approche mesurée des questionnements de genre chez les jeunes (AMQG/AUFG) réagi.

En Allemagne, alors que les appels à la prudence s’amplifient, l’Association scientifique des sociétés médicales est sur le point de publier une ligne directrice médicale « trans-affirmative » destinée aux mineurs. La Suisse pourrait s’y référer.

Vendredi, le 128e Congrès médical allemand a adopté deux résolutions : 1) limiter les bloqueurs de puberté, les hormones transexuelles et les interventions chirurgicales pour les mineurs se déclarant de l’autre sexe à des essais cliniques contrôlés, avec suivi sur 10 ans ; 2) limiter la loi sur l’autodétermination aux personnes de plus de 18 ans. (en savoir plus).

L’avenir des « traitements de genre » des jeunes allemands est désormais remis en question, car les résolutions vont à l’encontre du projet de directive entièrement « trans-affirmative » publié fin mars 2024. Une de ses principales autrices, la Dre Pauli qui dirige le département d' »incongruence du genre » à la Clinique Psychiatrique Universitaire de Zurich, souhaite que le document fasse référence en Suisse. La NZZ (traduction française) du 22 mars a rapporté que les auteurs ont fait fi des controverses internationales, en élaborant une ligne directrice de faible qualité qui ne se fonde pas sur des données probantes mais uniquement sur un consensus entre les membres du groupe de travail. Ceux-ci étant pour la majorité des partisans de l’ « approche trans-affirmative » qui travaillent ensemble, l’AMQG/AUFG se permet de douter de leur impartialité sur le sujet. S’alliant à des associations de parents autrichiennes et allemandes, fin mars l’AMQG/AUFG a contesté le processus ainsi que le contenu de la directive auprès des sociétés médicales impliquées.

Le 25 avril, Die Welt a annoncé que 15 professeurs de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent d’universités allemandes ont dénoncé le projet comme étant « médicalement incorrect et trompeur ». Ces appels à la prudence ne sont pas les premiers : les services scientifiques du parlement allemand ont récemment publié un rapport mettant en garde contre les bloqueurs de puberté, tandis qu’une nouvelle étude systématique des preuves a démontré, à nouveau, le manque de données probantes concernant l’innocuité et les bénéfices des bloqueurs de puberté et des hormones transsexuelles. A suivre…

Après 4 ans de recherches, le très attendu Rapport Cass a été publié en Angleterre le 10 avril, secouant les services de santé nationaux (NHS), la presse internationale et l’opinion publique.

En 388 pages et plusieurs annexes, le rapport le plus fouillé jamais diligenté sur les traitements dits d' »affirmation du genre » rend un verdict clair: les traitements proposés aux mineurs reposent sur des « bases chancelantes ». Le NHS anglais s’est immédiatement aligné sur les recommandations du Rapport, et a notamment mis fin à la prescription de bloqueurs de puberté pour les mineurs, dans le public et le privé, et a lancé une consultation sur les hormones transexuelles, un audit des cliniques de genre pour adultes, et une enquête de suivi des 9000 jeunes passés par la clinique de genre pédiatrique du Tavistock, aujourd’hui dans la nature. Le Pays de Galles a suivi en interdisant les bloqueurs de puberté, et l’Ecosse a été plus loin, cessant également l’administration d’hormones transexuelles aux mineurs. Pour en savoir plus, cliquez ici.

Dans la foulée, le 27 avril, ESCAP, la Société européenne de psychiatrie de l’enfance et l’adolescence a émis une opinion sévère de quatre pages sur la question des traitements des jeunes qui se déclarent de l’autre sexe.

Invitant à la prudence, « l’ESCAP appelle les prestataires de soins de santé à ne pas promouvoir des traitements expérimentaux et inutilement invasifs dont les effets psychosociaux ne sont pas prouvés et, par conséquent, à adhérer au principe «primum-nil-nocere» (d’abord, ne pas nuire). »

L’Organisation Mondiale de la Santé se prononce sur la médicalisation des jeunes qui se déclarent de l’autre sexe : les résultats à long terme manquent de données probantes

Suite aux nombreuses lettres dénonçant un processus opaque et idéologique, le 15 janvier l’OMS a publié une Foire aux Questions FAQ au sujet de son futur Guide de soins transgenres, annonçant au point 5. qu’il ne concernera pas les mineurs, car « après examen, la base de données probante est limitée et variable en ce qui concerne les résultats à long terme des soins d’affirmation du genre pour les enfants et les adolescents ».

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Newsletter N° 213 – 15 mai 2024 | Source : Perspective catholique