Cercle de Stratégie Politique Suisse – Depuis 1991 et la chute de l’URSS, les Occidentaux ont pris la Russie pour un pays fini. Une nations d’alcooliques et de loosers. Le 8 décembre 1991, la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie créent une fédération, la CIS (accords de Belavezha), qui prévoyait l’Organisation du Traité de Sécurité Collective (OTSC) et l’Union économique eurasiatique. L’objectif de ces deux organisations était de reprendre le processus d’intégration économique et politique au sein de l’espace post-soviétique. Mais les Ukrainiens ont vite oublié les contraintes de cet accord. Accord signé dans une datcha par le fameux Boris Eltsin, imbibé comme à son habitude de vodka.
Le 5 décembre 1994, la Russie et l’Ukraine signaient le Mémorandum de Budapest qui prévoyait la dénucléarisation de l’Ukraine. Ce document suivait le Protocole de Lisbonne de 1992. Le contenu de ce mémorandum fut confirmé plusieurs fois au cours des années. Ce sont des accords qui sont essentiels car au temps de l’URSS, l’Ukraine avait un grand nombre d’installations nucléaires sur son sol (on reviendra sur ce point).
En 1997, la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque, sont admise a rejoindre l’OTAN. Entre 2005-2009 sous la présidence Iouchtchencko (révolution Orange), resté en place jusqu’en 2010, il y a eu le conflit gazier russo-ukrainien suite au détournement du gaz russe par les Ukrainiens et au refus de ces derniers de payer leur dette vis à vis de la Russie. Très honorables nos amis ukrainiens…
À partir de 2007, l’Ukraine négocie avec l’Union européenne un accord dont les discussions se sont conclues en 2013. Cet accord devait permettre le détachement économique de l’Ukraine de la Russie et son rapprochement avec l’Union européenne et indirectement de continuer ses magouilles, dont Hunter Biden pourrait nous parler, alors qu’en même temps les Russes proposaient un contre accord qui comprenait l’effacement de la dette et le paiement d’aides pour une valeur de 60 milliards de dollars. Viktor Ianoukovytch, alors président, a refusé cet l’accord préférant l’accord russe qui était bien plus favorable à l’Ukraine, le revenu moyen en Ukraine est passé, grâce à l’accord, de 13,11$ par jour a 15.07$ jour !
En février 2014, les Ukrainiens se révoltent (Maidan) aidés/instigués et soutenus par l’Occident et des groupes neo-nazis (ce qui n’est pas une blague !). Cette révolution bidon, comme celles des printemps arabes ou du l’ex-Yougoslavie a entraîné un changement de gouvernement : exit Ianoukovytch (pro Russe) et arrivé Porochenko (pro européen) et bien évidement, signature du fameux accord avec l’Union européenne.
Toujours en février 2014, les russophones du Dombas qui refusent l’Union européenne et sont ostracisés par les Ukrainiens depuis des décennies entrent en sécession (guerre du Dombass). Ils voteront leur indépendance, mais ce qui valait pour le Kosovo musulman ne vaut pas pour les Russes chrétiens, leur référundum ne sera donc jamais reconnu par la communauté internationale. En 2014-2015, des accords mettront fin au conflit mais ils ne seront jamais respectés par l’Ukraine ; il suffit de voir et entendre les reportages d’Anne Laure Bonnel.
On nous parle de l’unité de l’Ukraine, confirmée en 1994, alors même que le monde a évolué. La jurisprudence Kosovo, datant de 1999, mais que la Russie a néanmoins respectée. Sauf pour ce qui est de la Crimée, véritable déchirure infligée par Kroutchev (d’origine ukrainienne) qui, en 1954, sur la base d’un simple décret, fit passer la Crimée de la Russie à l’Ukraine. La Russie ne reconnaîtra pourtant les Républiques séparatistes autoproclamées du Donbass qu’en 2022.
Depuis 2008 (après l’invasion de la Géorgie) et une déclaration malencontreuse pour ne pas dire fallacieuse et trompeuse de G.W Bush qui apportait son « ferme soutien » aux aspirations atlantistes de l’Ukraine, celle-ci n’a cessé vouloir intégrer l’Organisation, alors même qu’en 1990 lors de chute du rideau de fer, James Backer (Secrétaire d’Etat Américain) avait verbalement assuré Mikhaïl Gorbachev que l’OTAN n’avancerait pas vers l’est.
Le 21 février 2022 la Russie a reconnu les républiques séparatistes du Dombass
Juste avant l’invasion de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky a réclamé « des consultations en visant à garantir le territoire ukrainien et en disant que si elles n’avaient pas lieu, l’Ukraine aurait le droit de considérer que le Mémorandum de Budapest ne fonctionne plus et que toutes les décisions de 2014 sont en doute ». En d’autre termes il a proféré une menace à peine voilée contre la Russie d’installer des armes nucléaires américaines sur sol ukrainien.
Le lendemain de cette déclaration les troupes russes entraient en Ukraine
En parallèle à tout ça il ne faut pas oublier que William Perry en 1996, soit juste avant l’entrée de la Pologne, de la Hongrie et de la République Tchèque dans l’OTAN, Jack Mattlock en 1997, George Kennan en 1998, Stephen Cohen en 2015, Henri Kissinger toujours en 2015, John Mearsheimer lui aussi en 2015, Vladimir Pozner en 2018 et Jeffrey Sachs ont tous avertis du danger et des risques que supposaient une entrée de l’Ukraine dans l’OTAN et du fait qu’une telle idée n’était pas acceptable pour la Russie.
L’OTAN n’a pas changé
Ronald Regan avait lancé l’idée de la guerre des étoiles (un bouclier anti missiles balistiques). Ce programme fut mis au frais après la chute du mur mais fut ravivé par Bill Clinton en 1999, puis dynamisé en 2010 quant, au sommet de Lisbonne, l’OTAN a décidé d’installer un bouclier partiel en Europe. Ce à quoi la Russie a répondu par le développement d’un arsenal de missiles hypersoniques trop rapides pour être interceptés. En décembre 2021 la Russie a annoncé le tir d’une salve de ces missiles.
Le gaz et le fait que l’Amérique essaie de s’emparer du marché européen pour y refourguer par bateaux (méthaniers) son gaz de schiste cher et environnementalement très destructeur, pour continuer à asservir l’Europe et l’empêcher de penser par elle-même, ou pire encore de s’approcher de la Russie. L’OTAN, qui depuis 2014, avance vers l’Est en englobant tous les anciens pays du pacte de Varsovie et l’Union Européenne n’a de cesse de vouloir s’étendre et de vouloir signer des accords de coopération.
Le marché des armes
Les USA on beaucoup d’armes à vendre et l’Europe a de l’argent alors comment mieux réduire son déficit commercial qu’en vendant des armes aux pays de l’OTAN. L’Allemagne ne vient-elle pas d’annoncer un programme de réarmement de plus de 100 milliards d’euros ? Le pays avait été démilitarisé en 1945 et stérilisé par Mme Von der Leyen qui a réduit la Bundeswehr à une organisation de samaritains.
Le sentiment de fierté national porté par les Russes a également été oublié par nos amis de Bruxelles, partisans d’un monde sans frontières, sans nations qui sacrifie son histoire sur l’autel du wokisme, de la cancel culture et de la bien pensance. Quelle erreur que de prendre un pays aussi vaste, avec une histoire plus que millénaire et une expérience de la guerre, pour une nation de 2ème ordre, une bande de misérables dirigés par un fou.
Les États-Unis – en élargissant l’OTAN aux pays baltes et aux pays de l’est – et l’Union Européenne – en voulant accueillir autant de pays que possible – ont semé toutes les graines de ce qui se passe aujourd’hui, à savoir : faire croire à l’Ukraine qu’elle pouvait se détacher de la Russie, qu’elle avait des alliés solides, progressivement pousser la Russie dans les bras de la Chine et enfin créer en Europe une crise économique qui pourrait se révélert être des plus sérieuses.
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Newsletter N° 71 – 28 mars 2022 | Source : Perspective catholique