Abbé Alain René Arbez – Nous allons entrer dans le temps du carême. Dans ces temps difficiles, c’est une période d’approfondissement spirituel bienvenu pour vivre Pâques avec sérénité dans son sens le plus libérateur. En voyant comment les sportifs tiennent à s’entraîner pour s’améliorer, on saisit mieux combien l’étape du carême peut aussi être pour nous une remise en forme de la foi, par le recentrage de notre relation à Dieu.

Certes, l’impact du carême est certainement moins visible qu’autrefois dans notre société laïcisée et pluraliste. En effet, les médias nous parlent surtout du ramadan et de son abstention intermittente d’aliments, ils nous montrent aussi des reportages sur le jeûne rituel de moines bouddhistes en méditation, mais c’est plus rarement qu’on nous présente le sens du jeûne et de la pénitence dans la tradition biblique. Il y a pourtant deux points de repère éclairants : le yom kippour du judaïsme, avec sa pénitence et son souci de réconciliation, et le carême chrétien qui s’en inspire pour nous recentrer sur notre relation au Dieu de l’Alliance et notre rapport aux autres.

Rappelons que le mot « carême » (quadragesima) évoque ces 40 jours qui nous préparent à célébrer Pâques. Le mercredi des cendres, nous nous souvenons que notre vie sur terre n’est qu’un temps limité avec un début et une fin : « souviens-toi que tu es poussière ! Convertissez-vous et croyez à l’évangile !» Lors de la veillée pascale, nous célébrons dans la joyeuse lumière de l’espérance notre destinée s’accomplissant dans le Christ ressuscité en communion avec Dieu.

D’ailleurs, le chiffre quarante, dans la Bible, est toujours un symbole positif, un signe de victoire. Ainsi, Jésus a jeûné quarante jours au désert avant de se lancer dans sa mission de porte-parole du règne de Dieu. Mais avant lui, Moïse et Elie avaient jeûné eux aussi quarante jours sur la sainte montagne de la rencontre avec Dieu. Sorti d’Egypte, le peuple de Dieu a pérégriné quarante ans dans le désert avant de gagner la terre promise.

En cette année 2021, le carême nous invitera à nous approcher de la vraie liberté telle que Dieu nous l’offre. Cela ne se fait pas sans dessaisissement de nos égoïsmes, par la prière, le partage, le jeûne, comme Jésus l’a rappelé en continuité avec la tradition d’Israël. Ressentir notre fragilité devant Dieu, c’est être plus conscients de nos limites et de nos capacités, c’est purifier notre personnalité de ses faux semblants et des besoins factices qui l’encombrent trop souvent. En réduisant notre consommation, en laissant de côté nos divertissements futiles, en simplifiant notre mode de vie, nous serons plus aptes au partage qui fait le lien entre notre rapprochement de Dieu et notre relation aux autres. Vivre ce carême personnellement, c’est aussi le vivre en communauté, en Eglise, et pour nous laisser fortifier de l’intérieur, accueillons ce temps d’avant-Pâques dans la générosité et dans la joie, car Dieu nous aime et, sans relâche, il nous encourage à aimer !

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Lettre d’information N° 41 – 19 février 2021 | Source : Perspective catholique