Votation du 9 juin : l’IN socialiste sur l’assurance maladie

1
46

Eric Bertinat – Après la votation du 3 mars dernier sur l’initiative instituant une 13e rente AVS, la gauche nous revient avec une nouvelle initiative visant à alléger nos primes d’assurance maladie (IN d’allègement des primes – au maximum 10% du revenu imposable). La première, largement acceptée par le peuple, creusera les finances fédérales de quelques quatre milliards de francs. La seconde, elle-aussi, impactera non seulement les finances fédérales mais aussi cantonales d’une somme totale d’un même montant, quatre milliards de francs. Ce qui semble être insupportable pour la droite. Le débat n’est-il que financier, à entendre les partis bourgeois de plus en plus en délicatesse sur des thèmes qui concernent directement et concrêtement les petits et moyens revenus, une partie de la population de plus en plus importante?

A part ce point commun entre les deux initatives socialistes, le recours au financement public pour assurer ces prestations, il en existe un autre, celui de l’absence de soutien, d’intérêt même de la part de la droite à toute cette population qui travaille sans parvenir à épargner le moindre centime. C’est à peine si elle doit se satisfaire de payer ses factures chaque fin du mois. Selon le dernier sondage, seuls les ménages les plus fortunés s’opposeront à cet objet soumis à votation. Pas de quoi nous surprendre!

De la droite, parlons-en!
C’est elle qui coordonnera la campagne du non. Mais cela ne s’annonce pas si simple. La droite n’est pas bien dans ses souliers après la claque reçue sur l’AVS et la campagne calamiteuse de la conseillère fédérale Baume-Schneider contre son propre parti qui a laissé quelques séquelles à gauche comme à droite. A commencer par l’UDC, totalement désavouée par ses électeurs, qui a montré une fêlure entre élus et délégués, et sa base. Les sondages s’obstinent à donner ces mêmes électeurs UDC acquis à l’initiative socialiste. On se demande ce qu’il en aurait été des résultats des élections fédérales 2023 si les initiatives socialistes avaient été au programme un an plus tôt?

Côté libéral-radical, ce n’est pas mieux. D’autant plus que la section PLR vaudoise, la plus grande de Suisse romande, connaît depuis 2019 une limitation des primes à 10% du revenu des ménages. Et si cette solution a vu le jour, c’est grâce à un compromis négocié entre le PS et… le PLR. Pas facile donc d’expliquer aux Suisses qu’il faut dire non à un texte que la droite vaudoise a accepté en votation.

Les primes d’assurance maladie en chiffres
Selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), la charge des primes nettes (après déduction des subsides éventuels) se montait en moyenne à 6.6% du revenu disponible en l’an 2000. Dix ans plus tard, elle représente 14% ! Toujours selon l’OFSP, la proportion de la population ayant renoncé à des soins en raison des frais a été multipliée par trois en douze ans, passant de 6% à 18%. La prime moyenne pour le canton de Genève a connu une forte augmentation en 2024: de 44 fr. par mois pour un adulte, de 110 fr. par mois pour un couple avec un enfant. Ces hausses sont considérables dans un canton où les primes sont plus élevées que la moyenne suisse et le coût de la vie particulièrement cher. De nouvelles augmentations de primes sont prévues pour septembre 2024. Il va être difficile, voire impossible, de mener campagne contre la proposition socialiste.

___________________________________________________________________________________
Newsletter N° 209 – 3 mai 2024 | Source : Perspective catholique

Article précédentVotation du 9 juin : l’IN du Centre sur l’assurance maladie, interview de Thomas Bläsi, conseiller national UDC-Ge
Article suivantEnseignement de l’Église catholique
Eric Bertinat
Éric Bertinat est une figure active du catholicisme traditionaliste et de la politique genevoise. En 1988, il cofonde la revue Controverses, influente dans les milieux catholiques traditionalistes francophones. Il fonde également en 2010 l’association Perspective catholique, engagée sur des questions sociétales en lien avec la doctrine chrétienne. Journaliste et collaborateur régulier de plusieurs publications (Le Vigilant, Présent, Una Voce Helvetica, etc.), il entame aussi une longue carrière politique. Élu député au Grand Conseil de Genève en 1985 sous la bannière de Vigilance, il y revient en 2005 et occupe plusieurs postes clés jusqu'en 2013. Il est également membre du Conseil municipal de Genève dès 2011, y occupant diverses présidences de commissions jusqu'en 2021.Il en est élu président le 5 juin 2018 pour 2018-2019.

1 COMMENTAIRE

  1. En effet, même si le principe d’Etat providence prôné par cette initiative n’est pas très heureux, voter Oui reste le seul moyen pour que nos politiciens de Berne et la Confédération commencent enfin à se bouger pour proposer des solutions pour les familles nombreuses. Lorsque la Confédération devra reverser des millions aux cantons pour les primes maladies, peut être que ça leur donnera envie de faire les réformes qui s’imposent pour réduire le coût des primes maladies…

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici