Le mariage : un contrat bientôt disponible en ligne 24h/24 ?

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Abbé Thibault de Maillard – Trois clics, la copie de votre carte d’identité, « OK », et ce serait fait ? Mariés ? Bien entendu pour votre confort et l’accessibilité à tou.t.s.tes.ts ?

La croyance populaire s’est pourtant plue à considérer le mariage comme quelque chose de sacré. « La famille, c’est sacré ». Le mariage était sur un piédestal. Aujourd’hui le mariage est un article de mode disponible « pour tous ». Rien ne s’opposerait, semble-t-il, à ce que ce contrat civil soit accessible en ligne. Mais dans ce cas peut-il prétendre encore au sacré ?

Le canton de Genève a connu une étape de ce passage du sacré au profane en 1822. Cette année-là, le gouvernement genevois, calviniste à l’époque, fête le nouvel an de manière un peu spéciale. Le 1er janvier, le canton de Genève retire en effet aux paroisses leurs registres de mariage. Il s’agissait, selon les mots du rapporteur de la commission chargée d’examiner le projet, de s’élever contre « l’absurde système de la métamorphose du contrat en sacrement, système qui ne mérite pas d’arrêter un instant les regards, conception bizarre que la raison repousse et que le tradition condamne. » (E. Ganter, L’Eglise catholique de Genève, p. 395)

Le mariage catholique est bien un sacrement. Jésus-Christ a fait du mariage quelque chose de sacré : c’est en son sein que la vie de l’enfant s’épanouit, et la vie c’est sacré. Dès lors il est normal que l’Eglise ait voulu posséder ses propres registres de mariage. Celui qui possède le registre est le témoin officiel de l’acte. L’Eglise veut se donner les moyens de conserver intact ce qu’elle considère comme intouchable. Sacré, selon le dictionnaire Hachette, signifie « qui appelle un respect absolu ». Et respecter, c’est « ne pas porter atteinte ».

La société moderne porte atteinte au mariage en transformant un contrat sacré en contrat profane ‘à la carte’. Pourquoi un jour ne serait-il pas possible de se marier directement en ligne, afin de favoriser « la libre accessibilité » et de décharger l’administration débordée par la Covid ? En le contorsionnant frénétiquement, la société moderne a dévalorisé le mariage. Le mariage des personnes de même sexe porte une nouvelle atteinte au caractère intouchable du mariage, justifié par la protection de l’enfant.

Les personnes ‘éclairées’ voulaient un mariage sans barrières. En détruisant les barrières, elles ont détruit le mariage. Le mariage est désormais un contrat facile. Trop facile. Ce qui est trop facile ne vaut rien.


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Lettre d’information N° 43 – 16 mars 2021 | Source : Perspective catholique

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Eric Bertinat
À la suite de la décision de Mgr Lefebvre de consacrer quatre évêques, Éric Bertinat cofonde, avec ses amis les abbés La Praz et Koller, la revue Controverses (1988-1995). En 2010, il fonde l’association Perspective catholique, engagée sur des questions sociétales en lien avec la doctrine chrétienne. Journaliste et collaborateur régulier de plusieurs publications (Le Vigilant, Présent, Una Voce Helvetica, etc.), il entame également une carrière politique dès 1984. Élu député au Grand Conseil de Genève en 1985 sous la bannière de Vigilance, il y revient en 2005 avec l’UDC et occupe plusieurs postes clés jusqu’en 2013. Il est aussi membre du Conseil municipal de Genève à partir de 2011, où il exerce diverses présidences de commissions jusqu’en 2021. Le 5 juin 2018, il est élu président de ce Conseil pour la période 2018-2019.

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