Abbé Thibault de Maillard – Ouvrir ou fermer les frontières : une difficile question politique. Les ouvrir, c’est favoriser les enrichissements mutuels ; les fermer, c’est protéger les richesses intérieures. Le mariage homo est une frontière.
Ouvrir le mariage homo, c’est enrichir une union entre deux hommes de l’adoption d’un enfant. Le refuser, c’est protéger la spécificité du mariage, fécond par nature. L’émotion ne suffit pas pour décider de l’ouverture des postes de douane : le débat d’idées doit aussi intervenir.
Car une société ne vit jamais sans fondements doctrinaux. Si ce ne sont pas ceux du catholicisme, ce seront ceux du protestantisme, de l’Islam ou des Droits de l’homme. Une idéologie va avec le mariage homo, et exclut par conséquent les autres.
Le mariage homo est le fruit de l’idéologie des Droits de l’homme. L’idéologie du droit à veut donner tous les droits, pour favoriser l’égalité et la liberté individuelle. Les homos doivent être égaux aux parents, et libres d’adopter. Cette libération est censée favoriser la fraternité : finies les tensions si chacun est reconnu tel qu’il est.
Derrière ces intentions formulées bouche en coeur, se cache pourtant une facture un peu salée. Outre le fait qu’en avançant dans la logique des Droits de l’homme, on sacralise les « Droits » comme religion d’Etat – mais la politique le veut ainsi, ce projet libertaire comporte des dégâts collatéraux qui lui font renier ses propres principes.
Certes les homos seraient libres d’adopter. Mais l’enfant n’a pas donné son avis. Et ceux qui formuleraient l’objection de conscience devraient-ils être internés ? La liberté des uns forme la chaîne d’esclavage des autres.
On veut favoriser l’égalité, mais il serait injuste de donner les mêmes droits à des couples qui ne rendent pas tous les mêmes services à la société.
Un homme et une femme rendent le service de procréer et de donner une affection masculine et féminine à un enfant. Deux lesbiennes ne procréent pas ensemble. Elles ne donnent pas d’affection masculine à l’enfant. Peut-on enfin parler de fraternité et d’amour quand on a exclu l’un des parents du milieu éducatif de l’enfant ?
Léon XIII dénonce « ces maux dont on ne peut se dissimuler ni le nombre, ni la gravité, et qui sont nés, en grande partie, de ces libertés tant vantées, et où l’on avait cru voir enfermées des germes de salut et de gloire » (Encyclique Libertas, 20 juin 1888).
Choisir le mariage homo, c’est choisir les Droits de l’homme. Choisir les Droits de l’homme, c’est ouvrir les frontières. Par-delà le projet amour et paix, il faut répondre à la question : « qui paye ? »
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Lettre d’information N° 55 – 16 septembre 2021 | Source : Perspective catholique