Abbé Alain René Arbez La sphère commerciale nous propose chaque année – à grand renfort de publicité – des « calendriers de l’avent » qui n’ont strictement aucun rapport avec l’avent, en tant que période liée à la Nativité. C’est un support-prétexte jouant sur la frénésie de fin d’année pour vendre des produits que l’on découvrira semaine après semaine : des confiseries, des parfums, des gadgets divers : le spirituel a cédé la place à la consommation.

Peu de gens comprennent encore à quoi correspond le temps de l’avent. Pourtant ce sont les fêtes chrétiennes qui continuent de rythmer le temps sans que le public sache de quoi il est question dans une société sécularisée. L’imprégnation judéo-chrétienne antérieure continue de s’exercer incognito dans les habitudes de vie et beaucoup continuent de respirer des valeurs spirituelles vitales sans même en être conscients, comme M. Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir.

On peut penser que l’humilité de la présence chrétienne dans la vie sociale est finalement plus significative à travers cette décroissance des repères spirituels. Il reste que les signes ne devraient pas perdre leur lisibilité pour rester sources d’inspiration religieuse et éthique pour tous.

Si les semaines de l’avent préparent les croyants à célébrer Noël, cela devrait surtout aider à s’interroger sur l’avènement de ce que le langage biblique appelle le Royaume de Dieu : il faut se rappeler que – depuis 2000 ans – la fête centrale du christianisme est Pâques, à la fois mémoire de la libération du peuple de Dieu et de la résurrection de Jésus vainqueur de la mort.

En réalité, comme l’a mis en valeur Sainte Edith Stein, Pâques et Noël sont deux fêtes indissociables dans la compréhension de la foi biblique. C’est un fait : résurrection et incarnation sont liées dans le mystère du salut.

Le thème central de l’avent est la lumière. Une invitation à rester attentifs et vigilants, car le règne de Dieu advient au cœur du temps et des obscurités du monde. Avec l’accomplissement des prophéties d’Israël, la venue du Messie se conjugue avec l’attente de son retour en gloire. Les grands témoins inspirés qui habitent le temps de l’avent sont le prophète Isaïe, Jean-Baptiste et Marie. Leur apport spirituel rappelle le lien indéfectible entre premier et nouveau testaments.

Durant ce temps de l’avent, nous allons revivre une attente fondamentale, celle de la venue du monde nouveau. L’attente, nous en faisons chaque jour de multiples expériences. Dans le verbe « attendre », il y a le mot « tendre » vers ; ce qui signifie élan, mouvement et dynamisme. Nous allons à la rencontre de Celui qui vient, mais Dieu attend aussi une attitude de notre part. L’attente est réciproque. Que pour nous le temps de l’avent ne se réduise pas à la voix de Jean Baptiste qui « crie dans le désert » mais qu’il nous ramène avec espérance sur les chemins du Seigneur !


Lettre d’information N° 31 – 31 novembre 2020 | Source : Perspective catholique