Dans le creux de l’été, Exit tente de rassurer la population «sur l’arrivée de la capsule Sarco et estime que cette dernière ne fera pas augmenter le tourisme du suicide vers la Suisse» (La Tribune de Genève du 8 août 2024). Précisons que nous ne parlons pas de l’ancien président de la République française…

Eric Bertinat – Dans ce même article, l’éthicien Markus Zimmermann est lui-aussi rassurant : «la capsule à suicide et les informations disponibles jusqu’à présent ont plutôt un effet dissuasif qu’attractif». L’euthanasie est réglementée de manière très libérale en Suisse. La situation juridique permet depuis des décennies à des organisations d’euthanasie étrangères d’accompagner dans notre pays des personnes qui n’ont parfois pas de domicile en Suisse.

Devant la capsule créé par le fondateur d’Exit International, Philip Nitschke, l’appareil qui provoque l’asphyxie par l’azote sera – paraît-il – bientôt inauguré en Suisse. Mais la procédure soulève de multiples questions, d’abord juridiques. La loi sur les dispositifs médicaux «peut inclure un appareil qui tue une personne», explique Kerstin Noëlle Vokinger, professeur de droit et de médecine à l’Université de Zurich. Sarco devrait alors être certifié avant son utilisation et surveillé par l’autorité de contrôle des produits thérapeutiques Swissmedic. S’il était dénoncé pour cette pratique et se retrouvait au tribunal, Philip Nitschke risquerait la prison pour avoir mis en circulation un produit médical sans autorisation et pour avoir aidé une personne à se suicider, pour des «motifs égoïstes» (20minutes, 4 juillet 2024).

En Suisse, le nombre de suicides assistés a plus que triplé en dix ans. Ainsi, en 2023, et rien qu’en Suisse romande, l’association Exit a accompagné 504 personnes à la mort. Des malades qui n’étaient pas forcément en phase terminale, car les critères d’admission s’élargissent. Une étude suisse (L’assistance au suicide en Suisse : la position des médecins, 12 décembre 2007) révèle que «Malgré des soins palliatifs et gériatriques de qualité, un médecin peut être confronté à un malade désireux de mettre fin à ses jours et qui lui demande son soutien. En Suisse, on remarque que les médecins sont actuellement souvent prêts à aider, le cas échéant, leurs patients dans cette démarche, même si des principes moraux, religieux et éthiques créent encore des réticences pour certains». Notons que cette position n’est pas partagée par le personnel soignant, majoritairement rétif à l’assistance au suicide, un aspect que n’aborde pas l’étude. Il ressort de cette enquête «que 62% des médecins ayant répondu à la question concernant l’autorisation de l’assistance au suicide dans les EMS y étaient favorables.

L’étude évoque l’aspect religieux de ces pratiques : «Nous avons constaté que l’influence religieuse est relativement faible. En effet, pour 300 praticiens seulement (18,1%), la position par rapport à l’assistance au suicide est liée, au moins en partie, à des motifs religieux».

En France, ainsi que le relate excellemment le docteur Philippe de Geoffroy dans le dernier Cahiers Saint-Raphaël (N° 155) «Le changement des mentalités a été forgé graduellement, la recherche du bien commun et la solidarité humaine ont été remplacée par l’individualisme et la dictature du moi je, la loi naturelle par celle de la conscience personnelle. Il y a pourtant des solutions reposant sur la compassion et l’empathie dans le respect du Tu ne tuera pas pour soulager les souffrances de fin de vie : ce sont ces solutions qui sont proposées par les soins palliatifs lorsque ces derniers sont pratiqués dans le respect de la morale. Tuer n’est pas un soin comme le dit Claire Fourcade, présidente de la Société française d’Accompagnement et de soins Palliatifs (SFAP)».

La clé de ce dossier, euthanasie et ou assistance au suicide et sa capsule, reste dans les mains des politiciens. Ceux-là même qui s’émeuvent chaque coupe d’arbres, «l’eugénisme végétal» selon Mireille Luiset (MCG), sont généralement les mêmes qui soutiennent l’avortement et l’euthanasie. On pourrait, raisonnablement, attendre des Verts une défense intégrale de la vie. Mais seuls les animaux et les végétaux ont leur amour, les humains attendront d’autres temps meilleurs. —

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Newsletter N° 233 – 21 août 2024 | Source : Perspective catholique